Noah Dobson n’a pas nommé Patrick Roy.
Pas une seule fois. En conférence de presse, après avoir signé un contrat de huit ans avec le Canadien de Montréal, il a parlé de Martin St-Louis, de Nick Suzuki, de Lane Hutson, de l’excitation de jouer au Centre Bell. Mais Roy? Oublié. Évaporé. Comme s’il n’avait jamais existé.
Et ce silence n’est pas un simple oubli. C’est un message. Un signal clair lancé par un joueur qui a passé les derniers mois à se heurter à un entraîneur qui ne voulait plus de lui.
Un entraîneur qui, en coulisses, a tout fait pour se débarrasser d’un défenseur qu’il considérait comme un poison pour sa culture d’équipe.
Patrick Roy n’en pouvait plus de Noah Dobson.
Dès son arrivée derrière le banc des Islanders, Roy s’est mis à scruter le comportement de ses joueurs. Il a rapidement identifié Dobson comme un problème.
Pas sur la glace, du moins pas uniquement. C’est en dehors de la patinoire que les tensions ont pris racine. Roy n’a jamais toléré le train de vie de son défenseur vedette : soirées mondaines, publications fréquentes sur Instagram, présence remarquée dans les événements huppés de New York avec , et surtout, l’omniprésence de sa conjointe sur ses réseaux.
La fiancée de Noah Dobson qui deviendra sa femme mardi, Alexa Serowik, n’est pas une inconnue du grand public.
Influenceuse sportive bien établie, elle cumule les casquettes de journaliste pour NASCAR, animatrice sur Prime Video et correspondante occasionnelle pour ABC News.
Très suivie sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, elle partage avec ses abonnés les coulisses de son travail dans le sport professionnel et les moments forts de sa vie personnelle.
Diplômée de Boston College en 2020, elle est issue d’une famille bien connue à Boston, et forme avec Dobson un véritable couple « power » à la croisée du hockey et du glamour médiatique.
Leur arrivée à Montréal risque de faire jaser autant dans les loges du Centre Bell que sur les fils Instagram des partisans. Les deux tourtereaux se marieront le 1er juillet, en pleine ouverture du marché des agents libres.
Aux yeux de Roy, Dobson était distrait. Branché sur une fréquence qui n’était pas celle d’un joueur dédié à son équipe. Patrick, lui, vient d’une époque où l’engagement total était une religion
Il ne supportait pas qu’un joueur se mette autant en scène. Il jugeait que cette vie sociale excessive nuisait à la concentration, à la constance, et surtout, à la rigueur défensive que Roy exige de ses défenseurs.
Le clash était inévitable.
Roy voulait un joueur discret, efficace, concentré. Dobson était tout le contraire. Charismatique, présent sur les plateformes sociales, attirant l’attention, et parfois coupable de revirements coûteux sur la glace, notamment en zone neutre.
Roy le rappelait publiquement à l’ordre, mais rien ne changeait. Les discussions privées tournaient souvent à l’affrontement. Le ton montait. Roy lui reprochait de ne pas assumer son rôle de leader, de se laisser distraire, de ne pas jouer avec assez d’urgence.
Dobson, de son côté, ne comprenait pas pourquoi on le traitait comme un adolescent. Il croyait avoir mérité un respect que Roy refusait de lui accorder.
Et il n’a jamais digéré d’avoir été sorti du jeu de puissance à certains moments critiques en fin de saison, alors qu’il avait pourtant terminé la saison précédente avec 70 points.
Le point de rupture? Il est venu en coulisses.
Patrick Roy aurait dit à Mathieu Darche, sans détour :
« Je ne veux plus de Dobson. »
Il l’a regardé droit dans les yeux et a répété : « Ce gars-là n’est pas mon style. Il pense plus à son image qu’à sa relance. Il vit sur les réseaux, pas sur la glace. »
Darche, lui, était en pleine négociation avec Kent Hughes pour vendre Dobson au plus offrant. Montréal a flairé l’opportunité.
Et Dobson a vu l’ouverture. Il savait que Patrick Roy n’avait plus aucun pouvoir sur son avenir. Il savait aussi que s’associer publiquement à Martin St-Louis, l’entraîneur préféré des jeunes vedettes, le coach du développement, le mentor apprécié dans tous les vestiaires de la ligue, c’était la meilleure manière de régler ses comptes sans lever le ton.
Quand il dit :
« Martin St-Louis a une réputation incroyable dans la ligue. On m’a dit que les gars l’adorent. C’est un coach qui fait l’unanimité », Dobson savait très bien ce qu’il faisait. Il faisait mal.
Il faisait exprès. Il savait que Patrick Roy entendrait ces mots. Il savait que la comparaison ferait son chemin.
Et elle en dit long.
Car au fond, cette histoire dépasse Dobson. Elle s’inscrit dans une guerre entre deux visions du hockey. Patrick Roy, l’homme du passé? L’intensité, la passion dévorante, l’exigence quasi militaire.
Martin St-Louis, le leader moderne, axé sur la communication, l’écoute, la compréhension des milléniaux et de leur monde numérique. Les deux hommes sont aux antipodes. Et Dobson a choisi son camp.
Il ne voulait plus de Roy. Et Roy ne voulait plus de lui. On parle ici d’un divorce professionnel violent, silencieux, mais sans équivoque.
Il faut relire entre les lignes.
Lors de sa première rencontre avec les journalistes montréalais, Dobson a multiplié les clins d’œil à son nouveau club.
Il a vanté la direction, les jeunes, l’avenir. Il a évoqué Lane Hutson, Kaiden Guhle, même Cole Caufield. Mais pas un mot sur les Islanders. Rien. Pas une mention de son passage là-bas, même pas un remerciement de façade.
C’est rarissime. D’habitude, même les départs tendus sont adoucis par un minimum de diplomatie. On remercie les partisans, les coéquipiers, les entraîneurs. Ici? Le vide. Un silence cinglant, révélateur, chirurgical.
Et Patrick Roy le savait.
Il savait, au fond, qu’en se débarrassant de Dobson, il rendait l’équipe moins dynamique, moins jeune, moins créative.
Mais pour lui, c’était un prix à payer. Roy voulait reprendre le contrôle de son vestiaire. Il ne voulait plus voir son défenseur vedette s’afficher en Floride avec des influenceurs pendant la pause du Match des étoiles.
Il ne voulait plus lire les commentaires sur TikTok sous les publications de la copine de Dobson. Pour lui, tout ça nuisait au hockey. Et c’est le hockey qui devait passer en premier.
Aujourd’hui, Noah Dobson est libre.
Il est à Montréal, dans un marché qu’il respecte, chez un entraîneur qu’il admire, entouré de jeunes qu’il connaît bien.
Il a signé pour huit saisons. Il a envoyé un message clair : je veux bâtir quelque chose ici. Je veux montrer que je peux être un leader. Que je ne suis pas qu’un Instagram en patins.
Mais surtout, il veut se venger. Se venger de Patrick Roy. De ce regard méprisant qu’il a reçu trop souvent. De ces critiques incessantes sur son comportement.
De ce banc qu’on lui a collé au moindre revirement. De ces soupirs exaspérés qu’il entendait derrière lui chaque fois qu’il rentrait au banc.
Et c’est là que le parallèle avec Martin St-Louis prend toute sa force.
Noah Dobson s’est allié, consciemment ou non, à un entraîneur qui représente tout ce que Roy méprise. St-Louis tolère l’individualité, célèbre la créativité, fait confiance à ses joueurs. Roy, lui, attend la perfection et rejette toute forme de distraction.
C’est désormais plus qu’un affrontement entre deux hommes. C’est une collision de philosophies.
Et la présence de Dobson à Montréal vient cimenter cette opposition. Elle dit tout. Elle dit que la nouvelle génération a choisi son camp.
Elle dit que la rigueur de Roy ne passe plus. Que le hockey d’aujourd’hui se joue aussi sur les réseaux. Que les joueurs veulent être eux-mêmes. Et qu’un entraîneur qui refuse de les accepter comme ils sont, les perdra.
La guerre est finie. Mais elle a laissé des cicatrices.
Noah Dobson n’oubliera jamais ce que Patrick Roy lui a fait vivre. Et Roy ne pardonnera jamais à Dobson d’avoir défié son autorité.
Ce conflit ne fera peut-être plus les manchettes. Mais il se poursuit dans les regards, les choix de mots, les silences.
Et chaque fois que Dobson marquera un but, chaque fois qu’il récoltera une mention d’aide en avantage numérique, il y aura quelque part, dans un salon ou une loge, un homme qui grincera des dents.
Patrick Roy n’a peut-être pas perdu une guerre. Mais il a perdu son défenseur le plus talentueux.
Et dans ce duel sans pitié, cette guerre d’égo à peine dissimulée, Noah Dobson vient de frapper fort.
Il s’est trouvé un allié, un refuge, un projet.
Et surtout, une raison de se dépasser.
Pour faire payer Patrick Roy.