Confronté par les faits, Martin St-Louis n’a pas esquivé. Il a répondu. Et c’est précisément là que le malaise commence.
À la toute fin de son point de presse, la question tombe, directe, sans détour.
Pourquoi cette permutation sur la première unité? Pourquoi enlever un joueur qui carburait, au profit d’un ajustement qui, visiblement, n’a pas livré la marchandise?
La réponse de Martin St-Louis est claire, sèche, assumée :
« C’est simplement la façon dont l’autre équipe tue les pénalités. Ce n’est pas une rétrogradation, ce n’est pas une promotion. C’est la manière dont on voulait les attaquer. »
Voilà. Rideau.
Sauf que les faits, eux, racontent une autre histoire.
Ivan Demidov, lui, a encore répondu sur la glace.
Un but spectaculaire où il a complètement déculotté Jeremy Swayman, après un gros revirement de Zadorov en zone neutre, puis une passe en avantage numérique dès qu’on lui a finalement redonné les clés.
Résultat : un but, une aide, une influence immédiate, et tout ça en seulement 14 minutes de jeu.
Pas besoin de 20 minutes pour comprendre l’impact : dès que Demidov touche au jeu de puissance avec les bons joueurs autour de lui, le Canadien devient dangereux.
Le contraste est brutal. Moins de temps, mais plus d’effet. Et ça pose une question simple : pourquoi retenir un joueur capable de changer un match aussi vite?
Parce qu’au moment crucial du match, en troisième période, alors que le Canadien mène 3-2 et obtient un cinq contre trois de 40 secondes, Martin St-Louis prend un temps d’arrêt… et remet exactement la formule qu’il avait volontairement brisée plus tôt.
Ivan Demidov est enfin entouré des meilleurs. La rondelle circule. La menace est immédiate. Résultat : deux buts, un momentum renversé, un match plié.
La preuve est là, sous les yeux de tout le monde.
Alors la question devient impossible à éviter : si cette combinaison est celle qui fait la différence quand le match est en jeu, pourquoi l’écarter en début de rencontre?
Pourquoi tester une idée au détriment d’une certitude?
Martin St-Louis explique qu’il s’adapte à l’adversaire.
Qu’il attaque selon la structure de l’autre équipe.
Mais quand tu possèdes un joueur capable de dicter le jeu en supériorité numérique, est-ce vraiment à lui de s’ajuster? Ou est-ce à l’adversaire de survivre?
Parce qu’on l’a vu.
Quand Ivan Demidov touche la rondelle avec du temps, avec de l’espace, avec des joueurs capables de finir, tout devient dangereux.
Tout devient imprévisible pour l'adversaire. Tout devient incontrôlable pour l’autre banc.
Et c’est là que le débat dépasse une simple décision tactique.
Est-ce qu’on prépare trop le match en fonction de l’adversaire… au point d’oublier ce que ton propre alignement fait de mieux?
Est-ce qu’on tient la laisse trop serrée sous prétexte qu’un joueur est jeune, alors que chaque présence prouve exactement le contraire?
Martin St-Louis a répondu. Mais sa réponse n’a pas fermé le dossier.
Parce qu’au moment où il a fallu gagner le match, il est revenu à l’évidence.
Et cette évidence-là, elle ne disparaîtra pas avec une justification stratégique.
Elle va revenir. Encore. Et encore.
Misère...
