Congédiement à Long Island: le rêve de Patrick Roy s'effondre

Congédiement à Long Island: le rêve de Patrick Roy s'effondre

Par David Garel le 2025-04-22

C’est le genre de rebondissement qui transforme un rêve en cauchemar.

Ce lundi matin, alors que les Islanders de New York annonçaient officiellement que le contrat de Lou Lamoriello ne serait pas renouvelé, plusieurs observateurs ont cru que Patrick Roy pouvait enfin respirer.

Que son plus grand rival au sein de l'organisation prenait la porte, et que le terrain était libre pour lui, peut-être même pour réaliser son vieux rêve : devenir directeur général d’une équipe de la LNH.

Mais ce ne sera pas le cas.

Le président John Collins a mis fin aux illusions dans une déclaration tranchante :

« Roy, et le personnel des opérations hockey, rencontreront le nouveau directeur général lorsqu’il sera nommé. Nous verrons comment les choses évolueront à ce moment-là. »

En d’autres mots : Patrick Roy est non seulement exclu de la course au poste de DG, mais il est aussi évalué. Scruté. Jugé. Et son avenir est entre les mains d’un patron qu’il ne connaît pas encore.

Cette sortie de Collins n’est pas anodine. Elle vient briser le rêve de Roy au moment même où il croyait peut-être pouvoir le toucher du doigt.

Car c’est un secret de Polichinelle : Patrick Roy veut devenir directeur général dans la LNH. Il l’a toujours voulu. Lorsqu’il avait rencontré Jeff Gorton et le Canadien de Montréal en 2022, il avait clairement signifié son intérêt pour ce poste. 

Long Island, pour lui, représentait peut-être l’ultime tremplin. Mais le tremplin vient de se transformer en trou profond.

Le congédiement de Lou Lamoriello aurait pu ressembler à une victoire pour Patrick Roy. Après tout, c’est un secret bien gardé que les deux hommes ne s’entendaient pas. Ils étaient aux antipodes, autant dans leur style que dans leur vision du hockey.

Lamoriello, chef autoritaire et rigide, imposait des règles étriquées et un contrôle sans compromis sur toutes les sphères de l’équipe, allant jusqu’à dicter l'apparence physique de ses joueurs et l'inderditction d'avoir une barbe.

Roy, lui, rêve d'autonomie, de liberté, de changement.

Le point de rupture a été atteint au printemps, quand Roy a publiquement laissé de côté Anthony Duclair, un joueur qu’il avait lui-même réclamé et protégé depuis leurs jours dans le junior.

Plusieurs ont cru que cette mise à l'écart avait été imposée par Lamoriello. Roy, contraint de s'excuser publiquement, a perdu la face. L'épisode a dévoilé les tensions internes et le peu d'espace que Roy possédait réellement au sein de l'organisation.

C’est pourquoi plusieurs, lundi, ont interprété le départ de Lamoriello comme un triomphe pour Roy. Enfin seul maître à bord, pensaient-ils. Mais John Collins a éteint cet espoir aussi vite qu’il s’était allumé.

Non seulement Roy ne sera pas promu DG, mais il devra justifier son emploi d'entraîneur auprès d’un nouveau patron, choisi par Collins.

Et dans la LNH, quand un nouveau DG arrive, il apporte souvent son propre personnel. Son propre entraîneur. Son propre plan.

Roy est donc en sursis. Pire encore : son contrat n'a plus qu'une année à écouler. Son rêve est en train de se transformer en chute libre.

Le scénario est cruel. Et il l'est d'autant plus que Patrick Roy, aujourd’hui, montre tous les signes d’un homme au bout du rouleau.

Ses proches le disent : il est fatigué. Son teint est rouge, ses traits sont tirés, ses réactions de plus en plus impulsives. Le poids de l'organisation pèse sur ses épaules. Et malgré tout, il s'accroche.

Parce qu’il aime ce sport. Parce qu’il croit en sa mission. Et surtout parce qu’il croyait qu’il était sur le point de tout changer.

Il n’a jamais caché que ce qu’il voulait, c’était bâtir. Superviser. Devenir l’architecte d’un projet à long terme. Pas être un pion dans la machine d’un autre.

C’est pourquoi le départ de Lamoriello, loin de lui ouvrir des portes, les referme brutalement.

Car John Collins n’a jamais dit que Roy serait impliqué dans la sélection du prochain DG. Il n'a jamais dit qu'il était consulté. Il n'a jamais affirmé qu'il était sûr de conserver son poste. Il a seulement dit que Roy rencontrerait le futur DG. Et qu’ils discuteraient.

En d'autres mots, Patrick Roy sera jugé par un homme qu'il ne connaît pas, qui ne l'a pas choisi, et qui aura probablement une vision bien à lui.

Le timing est terrible. Parce que les résultats de Roy depuis son entrée dans la LNH cette saison sont mitigés. Oui, il a réussi un certain redressement. Oui, il a rallié certains joueurs. Mais l'équipe a raté les séries. Et son style à la fois intense, instable, et imprévisible n’est pas au goût de tous.

Tout le monde se souvient de la catastrophe liée au jeune gardien Tristan Lennox, qui s’est vu jeter dans la gueule du loup en troisième période d'un match déjà perdu contre les Rangers, devant ses amis et sa famille, alors qu'il revenait d'une grave blessure au genou. Deux tirs, un but, puis on le retire. Une humiliation.

Pour un entraîneur qui veut inspirer la prochaine génération, ce genre d'épisode est une tâche profonde.

Alors non, Patrick Roy n’est pas en position de force.

Il est sur une corde raide. Et il le sait.

Ce qui rend ce moment encore plus amer, c’est que dans les derniers mois, Patrick Roy avait recommencé à y croire.

Il avait rêvé à voix haute. Il avait recommencé à penser qu’il pourrait, un jour, construire une équipe à son image. Il pensait avoir éliminé l’obstacle principal – Lamoriello.

Mais la vérité, c’est que le véritable obstacle, c’est le système. Le système de la LNH, qui favorise les réseaux, les patrons, les DG nommés entre copains, les entraîneurs interchangeables.

Patrick Roy n’a jamais été un homme interchangeable.

Et c’est peut-être ce qui lui coûtera son poste.

Aujourd’hui, Roy doit encaisser. Ce qu’il croyait être une victoire éclatante s’avère n’être qu’une illusion. Le rêve s’est écroulé lors de l'entrevue du président des Islanders, John Collins.

Il n’aura pas les clés de l’organisation.

Et s’il veut garder les clés du vestiaire, il devra, encore une fois, convaincre.

Le roi n'est plus si sûr de son trône.