Congédiement à RDS: cauchemar pour Yanick Bouchard

Congédiement à RDS: cauchemar pour Yanick Bouchard

Par David Garel le 2025-05-02

La chute de Yanick Bouchard prend des allures de cauchemar sans fin.

Après avoir été relevé de ses fonctions par le 98.5 FM dans un geste ferme et sans équivoque, voilà que RDS suit le pas et suspend à son tour le chroniqueur de son émission-phare Le 5 à 7.

Et cette fois, le silence est assourdissant : aucun communiqué, aucune déclaration officielle, aucun mot de soutien. Rien. Que le vide. L’effacement progressif d’un homme devenu indéfendable.

C’est donc confirmé, sans être reconnu officiellement : Yanick Bouchard est désormais mis de côté sur deux des plus puissantes plateformes médiatiques du Québec: Cogeco et Bell.

Deux stations qui font figure de géantes au Québec, deux employeurs majeurs, deux institutions différentes… mais un seul verdict : celui d’un rejet brutal et public.

Et pour cause. Son message Instagram envoyé à la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, en pleine période de deuil, restera comme l’un des actes les plus ignobles jamais posés par un animateur de radio et de télé au Québec.

L’expression « Deux vulves aux funérailles », envoyée pendant les funérailles de la mère de la ministre, a déclenché un tollé national, provoquant colère, incrédulité et surtout un sentiment d’humiliation collective. L’insulte ne visait pas qu’une élue, elle visait toutes les femmes du Québec.

Le message officiel de Cogeco était d’une rare fermeté.

« Les propos en question sont inacceptables. Nous les dénonçons fermement. M. Bouchard est présentement relevé de ses fonctions. »

Cette déclaration a mis fin brutalement à la carrière radio de Bouchard… mais personne n’osait imaginer qu’il serait aussi rayé de la carte à RDS, son autre refuge médiatique. 

Et pourtant, c’est exactement ce qui semble se produire. Le 5 à 7 a été diffusé sans Bouchard à l’antenne, sans la moindre explication. Pas un mot à l’antenne. Pas de « congé », pas d’absence « prévue ». Juste un effacement. Une disparition organisée.

Ce silence est encore plus inquiétant que les mots. Il laisse présager un double congédiement en coulisses, ou à tout le moins une suspension prolongée.

Mais RDS, contrairement à Cogeco, n’a même pas eu le courage d’assumer publiquement cette décision. Le réseau est sans pitié, oui, mais aussi hypocrite. Il veut se montrer irréprochable sans prendre de position publique, espérant que la tempête passe d’elle-même. Mauvais calcul.

Parce que le Québec ne pardonnera pas. Pas cette fois. Il ne s’agit pas ici d’un écart d’opinion, ni d’un commentaire controversé sur un enjeu politique.

Il s’agit d’une insulte directe, ciblée, déshumanisante, envers une femme qui venait de perdre sa mère. Et il s’agit aussi d’un mensonge grossier de Bouchard, qui a tenté de sauver la face en affirmant qu’un ami avait pris son téléphone. Un alibi que personne n’a cru, pas même ses employeurs.

On se souvient qu’en octobre dernier, Jérémie Filosa avait été suspendu du 98.5 FM après avoir affirmé ne plus croire que les Américains avaient marché sur la Lune.

Une opinion personnelle, sans conséquences humaines. Il a été écarté, rééduqué, puis réintégré. On l'a traité comme un moins que rien, alors qu'en fait, il n'avait rien fait de mal.

En février, Louis Lacroix avait provoqué un tollé avec une publication Facebook controversée sur la communauté noire pendant le Super Bowl, mais il a lui aussi retrouvé son micro.

Yanick Bouchard, lui, a franchi une ligne que même ces deux collègues n’avaient pas osé approcher. Il n’a pas seulement fait une erreur de jugement. Il a touché à l’intime, à la douleur, et il l’a fait avec une vulgarité qui dépasse toute justification. C’est une faute morale, une insulte au bon sens, une agression verbale d’une rare violence.

Le Québec, dans sa colère, ne veut plus entendre parler de lui. Les appels au boycott, les commentaires sur les réseaux sociaux, les éditoriaux qui s’enchaînent : tout converge vers une seule conclusion.

Il n’y a pas de retour possible. Peu importe la version que Bouchard tentera de plaider dans les jours à venir, le mal est fait. Il est irrémédiable.

Ce qui se joue ici, c’est plus qu’un congédiement. C’est un message que les médias doivent envoyer haut et fort. On ne peut pas se réclamer du respect, de la diversité, de l’éthique journalistique, et laisser passer un commentaire aussi répugnant envers une femme en deuil. Et le silence de RDS, pour l’instant, est une honte.

Cogeco a réagi. RDS tergiverse. Mais chaque heure où Yanick Bouchard n’est pas officiellement congédié est une gifle pour toutes celles et ceux qui ont été heurtés par ses propos. Chaque jour où on hésite à le nommer, à expliquer son absence, est une façon de protéger l’indéfendable.

Le public québécois a une mémoire. Il n’oubliera pas que le 5 à 7 n’a pas dit un mot. Il n’oubliera pas que RDS tente de gérer la crise dans l’ombre. Et surtout, il n’oubliera pas que la cible de cette insulte gratuite était une femme qui venait d’enterrer sa mère.

Cette histoire ne s’effacera pas dans l’oubli. Elle restera comme une tache indélébile dans l’histoire des médias québécois. 

Et elle marquera pour toujours la fin de la carrière publique d’un homme qui, par arrogance ou insensibilité, a piétiné les frontières de l’humain.

Le double congédiement est peut-être encore à confirmer officiellement. Mais dans le cœur du Québec, le verdict est tombé. Définitif.

Dans sa déclaration publique, la ministre Caroline Proulx a confirmé avoir reçu des excuses formelles de la part de Cogeco, ce qui témoigne du sérieux avec lequel la direction a traité cette affaire.

Mais fait révélateur : elle ne mentionne même pas le nom de Yanick Bouchard, ni celui de RDS. Pas une fois. Pas un mot. Rien. Il est devenu inexistant. Rayé. Indésirable.

Et ce silence en dit long. Bouchard a beau s’être excusé en ondes, son nom ne mérite même plus d’être prononcé par celle qu’il a humiliée.

Et surtout, il a osé mentir au public, tentant de se laver les mains avec une excuse invraisemblable : 

« Un collègue a pris mon cellulaire pour écrire à un ami commun. » Une défense honteuse, risible, indéfendable. Le Québec ne croit pas à cette version. Cogeco ne la croit pas. Et manifestement, Caroline Proulx non plus.

Il faut le dire clairement : si la ministre n’avait pas publié ce message percutant sur ses réseaux sociaux visant l'animateur, Yanick Bouchard aurait continué sa vie comme si de rien n’était, fier de sa blague horrible.

Ce n’est qu’en étant « callé » publiquement par une ministre endeuillée, à un moment d’une douleur humaine extrême, qu’il a été contraint de faire marche arrière.

Le message, depuis supprimé, résonne encore comme une gifle :

« Alors que j’enterrais ma mère hier, Yanick Bouchard a publié un message d’une rare indécence sur mon compte Instagram. Je le dénonce fermement. Ses propos sont inacceptables et doivent avoir des conséquences. Des excuses publiques s’imposent. »

Ce qui reste, c’est un homme en chute libre, prisonnier de ses propres fautes et de son incapacité à les assumer avec décence. Son absence de courage à dire la vérité lui aura coûté le peu de dignité qu’il lui restait.

RDS, de son côté, devrait avoir honte de ne pas avoir émis un communiqué comme Cogeco, ni un message d'excuse à Caroline Proulx.

La classe... ça ne s'achète pas...