À Toronto, on vient de signer un geste de panique.
Certains parlent d'une véritable gifle. D'autres parlent d'un acte de lâcheté. Trois jours avant Noël, les Maple Leafs ont décidé de congédier l’entraîneur-adjoint Marc Savard.
Comme un vulgaire moins que rien. Comme si c’était lui le problème. Comme si un avantage numérique moribond à 13,1 %, le pire de la LNH, suffisait à justifier de virer un homme aussi respecté, aussi dévoué, en pleine tempête organisationnelle.
Craig Berube, lui, reste en poste. Pour combien de temps encore? Ça, seul le DG Brad Treliving le sait. Mais le message est clair : on vient de sauver les fesses de Berube pour une semaine ou deux, le temps de repousser l’inévitable.
Une autre défaite gênante, une autre sortie molle de Matthews ou Nylander, et la guillotine reprendra son travail.
Ce congédiement sans classe, sans chaleur, en dit long sur l’état de désespoir glacial qui habite cette organisation.
Parce que congédier un entraîneur-adjoint le 22 décembre, c’est une décision qu’un coach avec une once d’humanité, appelons-le Martin St-Louis, n’aurait jamais prise.
Jamais St-Louis n’aurait congédié Stéphane Robidas ou Trevor Letowski à la veille de Noël. Pas par esprit de contradiction, mais par principe, par loyauté. Parce qu’il sait que la cohésion passe aussi par le respect des hommes.
Et si la décision vient de plus haut, c’est encore pire. Si c’est Brad Treliving qui a tranché, c’est que le DG commence à sentir la pression brûlante des médias, des partisans, et du vestiaire, qui vit une fracture ouverte.
Auston Matthews contredit ses coéquipiers en point de presse, affirme que le problème n’est « pas mental », alors que dans le même vestiaire, plusieurs insistent au contraire sur la fragilité mentale du groupe. Ce n’est plus une équipe. C’est un champ de ruines.
Savard, proche de Berube, avait été embauché en même temps que lui, après avoir déjà travaillé à ses côtés à St. Louis. Il aurait dû être protégé. Mais à Toronto, on ne protège plus personne. On sacrifie. On coupe. On camoufle.
Et pendant ce temps, les Maple Leafs glissent encore et encore dans le classement. 15e dans l’Est. Six points derrière une place en séries. Deux petits points d’avance sur les misérables Blue Jackets. C’est un crash lent, douloureux et humiliant.
Toronto a pris la voie facile. Comme toujours. Ce n’est pas Berube qui saute en premier. C’est le gars en bas de la hiérarchie.
Mais à ce rythme, le coach-chef suivra tôt ou tard. Et si ce n’est pas lui, ce sera Matthews qui exigera une transaction, ou le vestiaire qui explosera sous la pression.
La fin approche, lentement, mais sûrement.
Et virer Marc Savard à l’approche de Noël n’a fait que confirmer une chose : à Toronto, le respect ne fait plus partie du plan.
