Congédiement à venir: Carey Price sur toutes les lèvres

Congédiement à venir: Carey Price sur toutes les lèvres

Par Marc-André Dubois le 2025-07-17

En surface, tout semble stable. Éric Raymond sourit. Il parle de profondeur devant le filet. Il vante ses gardiens avec des phrases toutes faites, des compliments banals, des platitudes qui font plaisir à entendre dans les médias.

Il cite le mot « compétition » comme s’il sentait une tempête qu’il sent venir. Car sous la surface, c’est une autre réalité qui s’agite. Une vérité froide, menaçante, inévitable : le compte à rebours a commencé.

Éric Raymond est un entraîneur qui ne contrôle plus rien. Il le sent. Il le sait. Tout autour de lui se fissure. Et le spectre de Carey Price, plus vivant que jamais dans la mémoire collective du CH, plane comme une malédiction au-dessus de sa tête.

Quand Raymond a été embauché à l’été 2021, le mandat était clair : maintenir l’héritage. L’héritage Price. Le problème ?

Il n’a jamais eu Price. Ce dernier est aussitôt entré dans le programme d’aide de la LNH, brisé, mentalement et physiquement.

Ce départ a laissé Raymond seul, face à un Montembeault réclamé au ballottage et une rotation improbable de gardiens de bas-étage: Jake Allen, Andrew Hammond, Michael McNiven, Cayden Primeau. Depuis, il tente de survivre. De composer. De bricoler.

Mais personne ne s’est jamais demandé si Raymond était le bon homme pour le bon poste. Et aujourd’hui, les résultats parlent.

Dans un épisode du balado Stanley25, Maxime Truman n’a pas seulement émis une opinion : il a allumé un incendie. Il a osé nommer ce que plusieurs chuchotent dans les couloirs du Centre Bell.

« Raymond est dépassé. »

Et la preuve ? Elle se trouve dans les statistiques, les trajectoires, les visages. Samuel Montembeault, le soi-disant numéro un, parvient à peine de franchir la barre symbolique des .900.

Dobes, l’étoile montante, a brillé à Laval… avant de s’effondrer à Montréal. Primeau ? Même scénario. Invincible en bas, méconnaissable en haut. Et maintenant, l’ultime perle, Jacob Fowler, est gardé à distance. Pourquoi ? Par peur. Peur qu’il se fasse broyer, lui aussi, dans la machine Raymond.

Dans tout ce naufrage, un nom revient. Un nom qui fait figure d’alternative crédible, moderne, respectée : Marco Marciano.

À Laval, Marciano a pris ces mêmes gardiens et les a fait exploser. Il parle leur langage. Il comprend la génération Z. Il adapte les méthodes. Il connecte.

Alors qu’à Montréal, sous Raymond, tout se fige, tout se complique, tout s’effondre.

Truman a été cinglant :

« Marciano, ça correspond plus aux méthodes de la nouvelle génération. Raymond est resté coincé dans les vieilles méthodes. »

Et c’est peut-être la phrase la plus importante de tout ce balado. Car elle résume l’impasse : un entraîneur obsolète à la tête d’une génération qu’il ne comprend plus.

Et pendant que Raymond patine, un autre homme regarde de loin. Carey Price.

Oui, Price est encore sous contrat. Oui, il a encore des millions à toucher : un autre bonus de 5,5 M$ le 1er septembre et un dernier 2 M$ en 2025-26. Il ne peut pas devenir coach maintenant, car cela équivaudrait à dire adieu à ces sommes astronomiques.

Mais ne vous méprenez pas : il est déjà dans l’organigramme mental du club.

Kent Hughes l’a avoué. Il lui a proposé un rôle. Dans le développement. Dans le coaching. Et Price, fidèle à lui-même, a temporisé :

« Peut-être éventuellement, mais pour l’instant, j’ai des enfants en bas âge. »

La vérité? Dès que les millions auront été versés, dès que le contrat sera officiellement terminé, la transition sera naturelle.

Price ne veut pas rester sur la touche. Il veut contribuer. Et il ne prendra pas n’importe quel rôle. Il prendra LE rôle. Celui de Raymond.

Alors pourquoi Raymond est-il encore là ?

Parce qu’il est difficile de faire un grand ménage en plein été alors que celui qu'on veut, c'est Carey Price. Parce que l’organisation veut éviter la panique. Parce qu’un congédiement brutal pourrait créer un précédent. Et parce qu’il y a toujours un mince espoir que le vent tourne.

Mais la vérité, c’est que l’heure tourne. Et que le gardien du futur, Jacob Fowler, ne pourra pas attendre éternellement.

Déjà, les murmures se transforment en soupirs. Puis les soupirs en grogne. Les fans voient clair. Les statistiques sont sans pitié. Et les jeunes, eux, n’ont plus le luxe de se faire ralentir par un coach déphasé.

Samuel Montembeault est peut-être celui qui souffre le plus de la situation. Il est coincé entre deux générations, deux méthodes, deux visions.

Il a progressé, oui. Mais il plafonne. Il résiste, mais il ne décolle pas. Il est solide, mais jamais transcendant. Et surtout, il semble livré à lui-même.

Quand Carey Price parle de « croire au processus » ou de « cultiver une attitude gagnante », il ne nomme personne. Mais on sent le sous-entendu. On sent qu’il sait.

Montembeault, malgré toute sa bonne volonté, ne pourra pas porter seul le poids d’un encadrement fragile. Et sa stagnation est une alerte rouge.

La saison 2025-2026 sera décisif. Pour Raymond. Pour Hughes. Pour le CH.

Si rien ne bouge, les conséquences pourraient être dramatiques. Le prochain camp d’entraînement sera celui de toutes les tensions. Chaque erreur de Dobes sera amplifiée avec Kaapo Kahkonen qui souffle dans son cou. Chaque soupir de Fowler. Chaque regard vers le banc.

Tous pointeront dans la même direction : vers l’homme dont la voix ne porte plus, dont les méthodes ne collent plus, et dont la présence freine la nouvelle ère.

Éric Raymond.

Ce n’est pas une question de si. C’est une question de quand.

L’histoire du hockey est remplie de coachs loyaux, travaillants, dévoués… mais dépassés. Raymond, malheureusement, semble en faire partie. Le poste qu’il occupe n’est plus adapté à l’homme qu’il est devenu. Et ce constat est douloureux, mais nécessaire.

Parce qu’on ne peut pas rebâtir une dynastie sur des fondations fissurées.

Parce qu’un gardien, aussi talentueux soit-il, a besoin d’un guide, pas d’un fardeau.

Parce qu’un entraîneur, pour être respecté, doit aussi être pertinent.

Et surtout, parce que l’avenir des Fowler, Dobes, et Montembeault vaut plus que l’orgueil d’un entraîneur qui a manqué le virage de son époque.

Alors que les projecteurs se braquent sur les prochaines décisions de l’état-major, une vérité émerge : Kent Hughes n’aura plus le choix. Il devra trancher. Mettre fin à l’ère Raymond. Officiellement. Définitivement.

Et peut-être, amorcer l’ère Price. Une ère où le leadership naturel d’une légende saura inspirer, guider et protéger ceux qui, devant le filet, portent les espoirs de tout un peuple.

Car au-delà des statistiques, au-delà des performances, il y a une conviction que partage toute la province : on ne confie pas l’avenir de notre filet à un homme dont le passé freine le présent.

C’est l’heure du changement. Et cette fois, il doit venir du filet.