Congédiement attendu pour Jeff Gorton: le DG des Sabres fait jaser

Congédiement attendu pour Jeff Gorton: le DG des Sabres fait jaser

Par David Garel le 2024-12-08

Buffalo n’est plus simplement une ville marquée par ses interminables hivers et ses histoires de perdants.

Ces derniers jours, une véritable tempête s’est abattue sur la ville la plus déprimante des États-Unis, mais cette fois, elle n’a rien à voir avec la neige : c’est Kevyn Adams, directeur général des Sabres, qui se retrouve pris dans l’œil du cyclone.

Alors que l’équipe enchaîne les défaites et que la pression monte, une déclaration maladroite a mis Adams dans une situation critique, au point que des partisans en colère réclament ouvertement son congédiement.

"Fire Kevyn!"

Samedi dernier, dans l’atmosphère glaciale du KeyBank Center, les chants de « Fire Kevyn! » se sont élevés au-dessus de la glace, reflétant le désespoir et la colère des partisans.

Avec une sixième défaite consécutive, cette fois contre une modeste équipe de l’Utah, la patience des fans a atteint ses limites.

Et comme pour enfoncer le clou, plusieurs spectateurs se sont présentés au match armés de palmiers gonflables, une réponse cinglante aux propos tenus par Adams la veille.

Lors d’une conférence de presse devenue tristement célèbre, le DG des Sabres a tenté de justifier les insuccès de l’organisation, expliquant qu’« à Buffalo, il y a des taxes et pas de palmiers ».

Une déclaration qui a immédiatement fait bondir les médias locaux et nationaux. L’animateur Christopher Parker, de la station WGR 550, a tout simplement été cinglant.

« Il est censé convaincre les joueurs de venir ici, mais il leur donne des raisons de fuir. Ce gars ne croit même pas en sa propre capacité à faire le boulot. Pourquoi un joueur voudrait-il travailler pour lui ? »

À Buffalo, les comparaisons avec les Bills, l’équipe locale de la NFL, sont inévitables. Tandis que les Bills, grâce à leur quart-arrière vedette Josh Allen, enchaînent les succès et attirent des talents de haut niveau, les Sabres stagnent dans la médiocrité depuis plus d’une décennie.

L’animateur Parker a souligné cette différence criante :

« Les Bills ont transformé Buffalo en destination. Les Sabres, eux, enchaînent les erreurs, comme échanger Jack Eichel et Sam Reinhart, deux des meilleurs pointeurs de la ligue, pour presque rien. »

Adams, lui, semble dépassé. Alors que le DG des Bills, Brandon Beane, défendait fièrement Buffalo face aux critiques, Adams a opté pour une attitude défensive et fataliste.

Il a reconnu que de nombreux joueurs incluent Buffalo sur leur liste de destinations interdites, mais au lieu de chercher à renverser cette perception, il s’est retranché derrière des excuses :

« Ce n’est pas une ville de destination en ce moment. »

Cette sortie maladroite n’a fait qu’aggraver une situation déjà précaire. Sous la direction d’Adams, les Sabres, en année cinq de sa gestion, continuent d’être une énigme.

Malgré des jeunes prometteurs comme Owen Power et Tage Thompson, l’équipe semble toujours à un ou deux joueurs clés d’une place en séries. Les partisans, eux, n’ont plus la patience d’attendre.

La franchise détient le triste record de la plus longue disette de séries éliminatoires de l’histoire de la LNH, soit 13 saisons consécutives.

Alors que des équipes comme les Devils, souvent comparées aux Sabres en termes de reconstruction , récoltent maintenant les fruits de leur travail, Buffalo reste embourbée dans une spirale de promesses non tenues et de mauvais résultats.

Face à cette débâcle, les rumeurs de remplacement fusent. Plusieurs médias de Buffalo, y compris le très influent Buffalo News, commencent à spéculer sur les candidats potentiels pour succéder à Adams.

Un nom revient avec insistance : Jeff Gorton, l’actuel vice-président des Canadiens de Montréal.

Gorton, reconnu pour sa capacité à reconstruire des équipes, a une réputation enviable dans la LNH, notamment grâce à son travail à New York et à Montréal.

Son association avec Kent Hughes chez les Canadiens pourrait rendre son départ improbable, mais l’idée d’un renouveau à Buffalo sous sa gouverne séduit de plus en plus de fans et d’analystes.

Le propriétaire des Sabres, Terry Pegula, n’a pas pris la parole publiquement depuis 2020, mais il est clair que la pression monte.

Avec une grogne populaire atteignant des sommets et des performances sur la glace qui laissent à désirer, Adams pourrait bien avoir reçu un ultimatum tacite : redresser la barre ou faire ses valises.

Dans une ville où les attentes pour les Sabres restent élevées malgré des années de déception, la patience des partisans est à bout.

Les palmiers gonflables et les chants moqueurs ne sont qu’un avant-goût de ce qui pourrait être un tremblement de terre organisationnel.

Les déclarations d’Adams ont eu un effet domino dans le vestiaire. Selon des sources proches de l’organisation, certains joueurs auraient été troublés par son manque de tact et son incapacité à projeter une image positive de Buffalo.

« Comment pouvez-vous espérer qu’on croit en ce projet si ceux qui le dirigent semblent aussi démotivés que nous ? », aurait confié un joueur sous le couvert de l’anonymat.

Cette perte de confiance pourrait être fatale pour un groupe déjà fragilisé par des saisons de frustration. Les vétérans, censés jouer un rôle clé dans la progression des jeunes, peinent à maintenir le cap dans un environnement marqué par les incertitudes.

Les échos des vestiaires indiquent également une certaine impatience chez des joueurs vedettes comme Rasmus Dahlin et Dylan Cozens, qui commencent à douter de la vision à long terme du club.

Terry Pegula, le propriétaire des Sabres, reste un personnage énigmatique dans cette crise. Connu pour sa gestion distante et parfois chaotique, il est de plus en plus critiqué pour son incapacité à stabiliser l’organisation.

L’embauche de Kevyn Adams, alors que ce dernier n’avait presque aucune expérience en tant que DG, est désormais perçue comme une erreur majeure.

Pour Pegula, cette crise représente un point de bascule. Il doit maintenant choisir entre maintenir Adams en poste et risquer de perdre définitivement la confiance des partisans, ou opter pour un remaniement complet de la direction.

La pression des médias locaux est implacable, avec des éditorialistes de The Buffalo News et des animateurs de WGR 550 réclamant ouvertement une refonte totale de l’organisation.

Dans ce contexte, le nom de Jeff Gorton suscite une véritable fascination à Buffalo. Son succès dans la reconstruction des Rangers de New York et son rôle actuel de "big boss non-officiel" avec les Canadiens de Montréal en font une cible de choix pour les Sabres.

Certains partisans vont même jusqu’à lancer des appels à Pegula pour qu’il propose un contrat exorbitant à Gorton, espérant qu’il puisse recréer la magie qui a revitalisé d’autres organisations.

Mais ce rêve semble difficilement réalisable. Gorton est solidement ancré à Montréal, où il travaille en tandem avec Kent Hughes pour ramener la Coupe à Montréal.

Toutefois, l’attrait d’un nouveau défi dans une organisation désespérée comme celle des Sabres pourrait être un facteur de persuasion, si Pegula décide d’y mettre les moyens.

Si Gorton est hors de portée, d’autres candidats pourraient émerger. Plusieurs anciens directeurs généraux expérimentés, comme Chuck Fletcher ou Peter Chiarelli, circulent dans les cercles de rumeurs.

Cependant, ces noms n’emballent pas les partisans, qui veulent un changement radical plutôt qu’une solution recyclée.

À Buffalo, l’heure est grave. Une chose est certaine : le statu quo n’est plus une option. Chaque décision prise dans les semaines à venir aura un impact déterminant sur l’avenir des Sabres, une franchise qui, malgré des années de médiocrité, conserve un potentiel énorme.

Pour l’instant, cependant, les palmiers gonflables dans les gradins restent le symbole d’un désarroi profond et d’un besoin urgent de changement.

Si les Sabres veulent un avenir brillant, ils devront peut-être d’abord faire face à une révolution interne.

Jeff Gorton continue de dire qu'il ne quittera pas Montréal avant d'avoir remporté la Coupe Stanley.

Mais si le propriétaire Terry Pegula met l'argent sur la table, Gorton va être tenté. Il est clair que ça l'énerve de travailler dans l'ombre de Kent Hughes.

Si Gorton parlait français, ce serait lui le DG du Canadien de Montréal.