Congédiement de Claude Legault: honte publique à Radio-Canada

Congédiement de Claude Legault: honte publique à Radio-Canada

Par David Garel le 2025-05-27

Claude Legault congédié du Bye Bye. Rien que ces quatre mots résonnent comme un coup de tonnerre dans le paysage médiatique québécois.

L’un des comédiens les plus aimés, respectés et attachants du Québec se voit remercié froidement, sans tambour ni trompette, à la suite du fiasco monumental du Bye Bye 2024.

Et il n’est pas seul à faire les frais de cette valse brutale : Guylaine Tremblay, doyenne du jeu sincère et empathique, ainsi que la populaire Sarah-Jeanne Labrosse, s’effacent également sans explication satisfaisante. Trois piliers artistiques écartés comme des figurants de fond dépassés.

Pourquoi? La vérité est aussi crue qu’inacceptable : ils paient pour les erreurs d’un seul homme. Simon-Olivier Fecteau.

Le réalisateur, écrivain, stratège du Bye Bye pendant neuf ans a signé sa pire édition en carrière, un échec critique quasi unanime.

Et plutôt que d’assumer pleinement l’échec structurel de sa direction, Radio-Canada a choisi de faire table rase de l’équipe qui, paradoxalement, avait le mieux performé.

Claude Legault, c’est le Québec. C’est 19-2, c’est Minuit le soir, c’est un acteur aimé du public autant dans le drame que dans la comédie.

Mais surtout, c’est un fan de hockey, un gars de vérité. L’un des rares à pouvoir jouer Dave Morissette ou un ministre de bas-étage (François Legault) avec autant de nuance que de mordant.

Que Radio-Canada le sacrifie aujourd’hui pour un virage soi-disant “éclaté”, c’est une trahison envers la culture populaire québécoise elle-même.

Et que dire de Guylaine Tremblay, visage de tant de familles québécoises, réconfort vivant du petit écran. Son talent à déjouer les caricatures en incarnant ses différents personnages en a fait une favorite de la province.

Quant à Sarah-Jeanne Labrosse, elle représentait la nouvelle génération d’humoristes visuels et caméléons, capable de créer des sketchs surréalistes avec une intuition de jeu rare.

Pourquoi les éjecter? Parce qu’ils étaient trop associés à l’ére Fecteau? Parce que Claude Legault était devenu une “pantoufle confortable” selon certains créatifs en mal de nouveautés?

Le choix de les écarter est d’autant plus choquant quand on observe la nouvelle distribution. Antoine Bertrand. Anne Dorval. Stephane Rousseau. Des noms connus, aimés, mais « sûrs », recyclés. Le show-business québécois reste campé dans sa zone de confort pendant qu’il fait semblant de réinventer la roue.

Pierre-Yves Roy-Desmarais est le seul survivant du naufrage.

Et ce n’est pas un hasard. Il est aujourd’hui l’humoriste le plus populaire et le plus payant du Québec. Son humour absurde, son énergie contagieuse, ses chansons virales — tout ce qu’il touche se transforme en or.

Radio-Canada, qui prétend être un diffuseur public, n’est pas insensible à la loi du marché : même quand les contribuables paient la facture, c’est encore le cash qui parle.

Il fallait un visage familier pour préserver une illusion de continuité. Pierre-Yves Roy-Desmarais, c’est l’assurance de conserver un minimum de capital sympathie auprès du public. Et dans ce contexte de reconstruction précipitée, sa présence est devenue une nécessité économique plus qu’un choix artistique.

Et pendant ce temps, le public voit très clair dans le jeu. Ce Bye Bye 2024, marqué par un sketch raté sur Martin St-Louis, une caricature malaisante d’Elisabeth Rancourt à TVA Sports, un sketch honteux sur Dave Morissette et un acharnement inutile envers Guillaume Lemay-Thivierge, a provoqué un désastre de réputation.

Des critiques acerbes, des commentaires viraux de mécontentement et même une baisse notable des cotes d’écoute ont sonné l’alarme.

Mais plutôt que de faire face, Simon-Olivier Fecteau a quitté le navire en prétendant qu’il voulait « d’autres projets ». La vérité? Il a été congédié. Point final. Et les artistes qu’il a trainés dans sa chute paient pour son échec.

Il y avait eu des signes, mais personne ne les a lus à temps. Un Bye Bye 2024 brouillon, surécrit, trop long, pas drôle.

Un sketch malaisant sur Guillaume Lemay-Thivierge, où l’acharnement a remplacé la satire. Et surtout, une incapacité à se renouveler : trop de reprises de sketchs des années précédentes, une obsession pour les mêmes cibles faciles, et une réalisation qui manquait cruellement de nerf.

Fecteau s’est défendu partout en disant qu’il n’était pas responsable de la réaction des gens. Mais au final, il a tout cautionné. Et quand le public a crié à l’échec, Fecteau s’est réfugié derrière des justifications floues, en parlant de fatigue, de santé, de stress.

Mais ça n’efface pas un échec télévisuel monumental. Et surtout pas la bourde monumentale qui a suivi.

Après ce Bye Bye catastrophique, Fecteau a publié un statut Facebook défendant maladroitement Elon Musk, qu’il accusait les médias de diaboliser injustement.

Le tollé a été immédiat. Le réalisateur a dû effacer sa publication, puis en écrire une seconde, plus ambiguë, avant de tout supprimer.

Ce moment-là a confirmé à Radio-Canada ce que plusieurs soupçonnaient déjà : Simon-Olivier Fecteau était devenu un fardeau.

Pas à cause de son opinion — mais parce qu’il n’était plus capable de gérer la tempête. Il s’est mis à patiner, à se justifier partout, à admettre son épuisement et à répéter qu’il ne voulait plus porter seul le poids du show. Ce n’était plus un capitaine, c’était un homme à bout de souffle.

L’affaire Lemay-Thivierge et Meubles RD restera comme l’une des plus grandes hypocrisies médiatiques de l’année 2024.

Et au cœur de la controverse : une publicité parfaitement inoffensive dans laquelle Guillaume Lemay-Thivierge jouait le rôle d’un vendeur coloré chez Meubles RD.

Une pub humoristique, bien réalisée, sans vulgarité, sans attaque. Une pub qui n’avait rien de politique. Pourtant, Radio-Canada a choisi de la censurer, refusant sa diffusion pendant la soirée du Bye Bye.

Pourquoi ? Officiellement, pour éviter la « controverse ». En réalité, tout le monde sait que la décision a été prise à cause de la réputation fragile de Lemay-Thivierge, toujours associé — à tort ou à raison — à des opinions divergentes sur la vaccination, à une blague malheureuse sur un arbre et à un gala où il avait osé parler de l’hypocrisie de l’élite médiatique.

Or, pendant que Radio-Canada censurait sa présence dans une pub commanditée, Simon-Olivier Fecteau et son équipe prenaient trois minutes de temps d’antenne pour le ridiculiser à grands coups de caricature.

Lemay-Thivierge n’avait pas le droit d’apparaître 30 secondes dans un message publicitaire payé, mais il était assez « payant» pour se faire lapider en sketch à heure de grande écoute.

Cette injustice flagrante — ridiculiser un homme déjà fragilisé tout en lui refusant le droit de répliquer — a profondément choqué le public. Pire encore, dans ses entrevues après-coup, Fecteau a prétendu ne pas avoir été mis au courant du retrait de la publicité avant la diffusion.

Mais il a lui-même avoué qu’il trouvait la pub « très drôle » et qu’il l’aurait mise dans le Bye Bye s’il en avait eu le pouvoir.

Le problème, c’est qu’il ne l’avait pas. Car Radio-Canada, de son côté, avait déjà tranché : Guillaume Lemay-Thivierge était persona non grata. Pas comme victime de sketch, non — seulement comme travailleur.

Résultat ? Une société d’État a préféré humilier un artiste plutôt que de lui tendre la main. Une publicité refusée. Une parodie assassine. Un silence complice. Et un malaise qui résonne encore aujourd’hui.

Mais il faut le redire : Claude Legault n’a pas écrit les sketchs, n’a pas réalisé quoi que ce soit, n’a pas dessiné la ligne éditoriale de l’émission.

Il était un comédien, dévoué, solide, précis. Et pour avoir eu le malheur d’être associé à une direction d’écriture qui a fait naufrage, il est sacrifié. Idem pour Sarah-Jeanne Labrosse. Idem pour Guylaine Tremblay. C’est d’une injustice flagrante.

Pendant ce temps, Radio-Canada tente de nous vendre une nouvelle équipe « éclatée », avec quatre réalisateurs, une écriture décentralisée et un ton plus « léger ».

N'ayons pas peur des mots. La nouvelle mouture du Bye Bye 2025 est une opération de camouflage.

On a viré les anciens pour installer un nouveau système, éclaté, compartimenté, éclipsant toute responsabilité individuelle.

À la place d’un capitaine, quatre réalisateurs : Jean-François Chagnon, Alec Pronovost, Pascal L’Heureux et Isabelle Garneau. Quatre noms pour diluer la pression.

Le scénario est entre les mains de Suzie Bouchard (Gâtées pourries) et Julien Corriveau (Les Appendices), deux talents issus d’un humour plus jeune, plus décalé, mais aussi plus niché. On veut rajeunir le public.

Et devant la caméra, une brochette de visages à la mode : Anne Dorval, Antoine Bertrand, Stéphane Rousseau, Virginie Fortin, Patrick Emmanuel Abellard, Sinem Kara, Katherine Levac.

Ce n’est plus un Bye Bye, c’est un reboot. Une page tournée à coups de "meeting marketing", où l’on veut surtout éviter « les attaques méchantes » — une phrase qui en dit long sur les conséquences de l’édition 2024.

Mais c’est une illusion de changement. Car au fond, le malaise persiste : on ne répare pas une voiture brisée en changeant les passagers, mais en remplaçant le moteur.

Claude Legault ne méritait pas cette sortie de piste. Il méritait un hommage. Il méritait une reconnaissance publique des années performances justes, incarnées, émouvantes. Et aujourd’hui, c’est tout le Québec qui est en colère.

Parce qu’en bout de ligne, cette valse de renvois masque une autre réalité : le Bye Bye 2024 a été un échec de direction, de conception, de vision. Et Radio-Canada, au lieu de l’admettre franchement, a fait le choix de punir les comédiens pour le sauver.

Ce n’est pas Claude Legault qui a décidé de ridiculiser le hockey féminin

Ce n’est pas Guylaine Tremblay qui a commandé un sketch boiteux sur Martin St-Louis. Ce sont les auteurs et le réalisateur. Et ils sont partis, eux aussi.

Mais les comédiens, eux, n’ont même pas eu droit à un remerciement digne. Aucune mention. Aucune explication publique. Une simple phrase dans un article : « Ils ne reviennent pas cette année. »

Un renvoi froid. Administratif. Inhumain.

C’est tout simplement inacceptable.

Et le public ne l’oubliera pas.