Congédiement de François Legault: le Québec a parlé

Congédiement de François Legault: le Québec a parlé

Par David Garel le 2025-05-14

Le Québec assiste à un revirement de situation absolument spectaculaire. Un coup de théâtre. Un twist final dont même les scénaristes de Netflix n’auraient pas osé rêver.

Alors que tout le monde parlait de congédier Martin St-Louis à Noël, alors que Jean-Charles Lajoie l’avait carrément poussé vers la sortie et annoncé officiellement sa démission en avant Noël, alors que ses conférences de presse devenaient des séances de malaise publique, voilà que le vent a tourné. Le seul congédiement imminent au Québec, c’est celui du premier ministre. François Legault.

Oui, vous avez bien lu.

Et c’est là que le parallèle devient savoureux.

Dans le jargon politique, on parle de perte de confiance. De chute dans les sondages. De désaveu populaire. Mais appelons un chat, un chat : les Québécois sont en train de congédier François Legault.

Si la politique avait une zamboni, il serait déjà en train de patiner vers la sortie, tête basse, sous les huées du peuple.

Le sondage Léger paru cette semaine est sans appel : seulement 20 % d’appuis pour la CAQ. Troisième position derrière les péquistes (33 %)  et les libéraux (21 %).

Deux Québécois sur trois veulent un changement. Ils veulent du sang neuf. Du renouveau. Le « coach » Legault a perdu son vestiaire. Il est fini.

Et pendant ce temps-là, Martin St-Louis, lui, nage dans l’adoration.

Rappelons-nous du contexte. Il n’y a pas si longtemps, St-Louis était vu comme un imposteur. Un coach Bantam parachuté dans le poste le plus exigeant du hockey professionnel, celui d’entraîneur-chef du Canadien de Montréal.

La critique médiatique, à commencer par TVA Sports, le peignait comme un membre du « country club » de Jeff Gorton et Kent Hughes. Un ami parmi les amis. Pas un professionnel. Pas un technicien. Pas un homme de système.

On l’accusait de favoritisme. D’amateurisme. Il était, disait-on, un coach de garage dans une ligue de millionnaires.

Jean-Charles Lajoie avait même affirmé en ondes qu'il avait un scoop: Martin St-Louis allait « remettre sa démission avant Noël ».

Un jugement sans pitié. Une sentence publique. On le disait dépassé. Brouillon. On pointait du doigt son inexpérience, son refus de nommer un capitaine en début de saison, son attachement à certains vétérans, son incompétence tactique.

Et puis, boom. Le CH s’est mis à gagner. À trouver des manières de revenir de l’arrière. À jouer comme une équipe. Une vraie. Et soudainement, ceux qui criaient à la démission sont devenus muets comme des carpes.

Martin St-Louis a transformé un groupe de jeunes en une machine de résilience. Il a résisté à toutes les tempêtes médiatiques. Il a absorbé la pression comme un paratonnerre.

Et quand on lui parlait des fameuses chances de séries données par les algorithmes, ce fameux 2 %, il n’a pas répondu en chiffres. Il a répondu avec du cœur. Du feu. De l’âme. « Aujourd’hui, c’est 100 % », a-t-il lancé, le soir de la qualification, avec un sourire large comme le fleuve.

Pendant que François Legault s’enfonçait dans les scandales, les cafouillages, les ratés de la SAAQ, les dépenses excessives, les nominations partisanes, les excuses floues et les silences radio, Martin St-Louis, lui, prenait la parole.

Pour parler de sa mère décédée. De la discipline. De la foi en ses gars. Il est devenu une figure inspirante. Un leader. Un capitaine sans C.

François Legault a eu sept ans pour convaincre les Québécois. Sept ans de pouvoir. Sept ans de majorité. Et aujourd’hui, il récolte l’indifférence, le cynisme, le rejet.

Il est perçu comme un politicien usé. Déconnecté. Prisonnier d’un entourage qui se répète. Les électeurs veulent passer à autre chose. Ils veulent voir du nouveau monde sur la patinoire politique.

François Legault n’est pas tombé de son piédestal… il a glissé, trébuché, s’est relevé, puis s’est effondré sous le poids de ses propres bourdes.

La saga SAAQclic, véritable gouffre numérique à 1,1 milliard de dollars, avec en prime trois enquêtes en cours et la démission d’un ministre, est devenue le symbole d’un État dirigé à l’aveuglette.

Le troisième lien, enterré puis déterré puis réenterré, est l’illustration parfaite d’un gouvernement qui gouverne à coup de sondages plutôt qu’à coup de vision.

Les coupures en santé, la crise à Maisonneuve-Rosemont, la gestion nébuleuse du passage des Kings à Québec à coups de 5,6 millions de dollars en subventions… tout ça transpire l’improvisation, l’opacité et, surtout, le mépris de la population.

Quand un gouvernement ment sur des chiffres qu’il cache depuis des mois, on ne parle plus d’usure du pouvoir : on parle d’indécence.

Martin St-Louis, lui, en est à sa troisième saison. Il a traversé la tempête. Et aujourd’hui, il est respecté. Aimé. Et surtout : il a un vestiaire qui le suit jusqu’au bout.

Il y a quelque chose de profondément ironique à voir François Legault s’accrocher à son siège, pendant que St-Louis vient d’obtenir deux années d’option sur son contrat à 5 M$ par année jusqu'en 2027.

Dans le langage sportif, ça veut dire : « Le boss est content. On continue ensemble. »

Dans le langage politique, ça veut dire : « Le PM est sur le respirateur artificiel. Et l’équipe médicale prépare déjà la relève. »

Ce parallèle est plus qu’un simple jeu de mots. Il illustre une vérité fondamentale : au Québec, les deux postes les plus épiés, les plus scrutés, les plus impitoyablement commentés, sont celui d’entraîneur du Canadien et celui de premier ministre. C’est l’ADN du peuple québécois. On aime le hockey. On aime la politique. On aime encore plus juger ceux qui les incarnent.

Mais la différence entre les deux, c’est que Martin St-Louis, lui, n’a jamais triché.

Il n’a jamais promis des baisses d’impôts qu’il n’a pas livrées. Il n’a jamais renié ses engagements envers les plus vulnérables. Il n’a jamais tourné le dos à ses électeurs.

Il a pris une équipe jeune, désorganisée, et il en a fait une formation crédible.

Il a appris sur le tas. Il a grandi devant nos yeux. Et aujourd’hui, il est là, droit comme un chêne, prêt à affronter les puissants Capitals de Washington au premier tour des séries.

Et François Legault? Il regarde les sondages comme un gardien qui vient de se faire enfiler cinq buts en première période. Il blâme le système. Les journalistes. Le temps.

Mais la vérité, c’est que le public ne veut plus de lui. Il a perdu la confiance du peuple. Il n’inspire plus. Il divise. Il fatigue.

Dans un monde juste, François Legault quittera bientôt son poste. Il ne s’accrochera pas jusqu’à 2026. Il comprendra que le vestiaire politique ne répond plus. Que les électeurs en ont assez de ses excuses et de ses demi-mesures.

Dans un monde juste, Martin St-Louis, lui, poursuivra son œuvre. Et qui sait? Peut-être qu’il sera encore là en 2030. Peut-être qu’il dépassera même le règne de sept ans de Legault. (huit ans en 2026)

Parce qu’au final, ce que les gens veulent, ce n’est pas des promesses. C’est du progrès.

Ce n’est pas des slogans. C’est de la cohérence.

Ce n’est pas un homme au sommet qui regarde de haut. C’est un homme au centre, qui regarde ses joueurs dans les yeux.

Et à ce petit jeu-là, Martin St-Louis a gagné. Par sa patience. Sa vision. Son courage. Son cœur.

François Legault, lui, a perdu. Par arrogance. Par fatigue. Par aveuglement.

Le vestiaire politique du Québec a parlé.

Et il dit : au suivant.