Congédiement déguisé d'une journaliste: Radio-Canada a manqué de classe

Congédiement déguisé d'une journaliste: Radio-Canada a manqué de classe

Par Marc-André Dubois le 2024-08-28

La nouvelle de la retraite de Diane Sauvé a laissé un goût amer dans les couloirs de Radio-Canada.

Malgré ses 38 années de dévouement, la vétérane du service des sports n'a jamais avoué qu'elle avait été contrainte de quitter son poste.

Elle fait partie des huit journalistes sportifs qui ont accepté le plan de départ volontaire mis en place par la Société Radio-Canada (SRC), dans un contexte où l'avenir de la couverture sportive au sein du diffuseur public est plus incertain que jamais.

« J’ai une pensée pour mes anciens collègues, car ça ne doit vraiment pas être facile pour eux. Quand on sort des Olympiques, on est déjà toujours un peu déprimé de revenir dans notre routine à Montréal, après avoir connu autant d’émotions pendant deux semaines." (crédit: Le Devoir)

"C’est vraiment dur. Cette fois-ci, ça doit l’être encore plus, avec toute cette incertitude »

Diane Sauvé, dont la passion pour le sport et le journalisme ne faiblissait pas, a partagé ses sentiments sur les réseaux sociaux, exprimant sa tristesse de quitter une institution en pleine crise.

« J'ai l'impression de quitter la maison alors qu'elle est en flammes », a-t-elle écrit, laissant transparaître la douleur d'une décision imposée plus que choisie.

Ses mots résonnent comme un cri du cœur pour une journaliste qui croyait fermement en l'importance de la couverture sportive, particulièrement pour les disciplines moins médiatisées.

Au fil des années, Diane Sauvé s'est imposée comme une figure incontournable du journalisme sportif à Radio-Canada, marquant de son empreinte le paysage médiatique québécois.

Que ce soit en couvrant les Jeux olympiques ou en rapportant les exploits des athlètes canadiens, elle a su offrir une perspective unique, axée sur l'humain et le social, bien différente de celle des réseaux privés.

Malgré les restructurations à venir, Diane Sauvé reste convaincue de la nécessité de préserver une couverture sportive de qualité à Radio-Canada.

« Si ce n'est pas nous qui parlons de sports comme le patinage de vitesse ou le patinage artistique, qui le fera ? » a-t-elle insisté lors de ses derniers entretiens, affichant une détermination intacte à défendre la place des sports à la télévision publique.

« Le sport a tout à fait sa place dans une société d’État. Et je trouve que Radio-Canada a réussi à trouver la couleur qui lui est propre."

"La manière dont on couvre le sport ne ressemble pas à celle des autres diffuseurs. J’ai fait des reportages que je n’ai jamais vus ailleurs, et je ne dis pas ça pour me vanter."

"C’est normal que Radio-Canada aborde le sport avec un angle plus social que le privé »,

Pour beaucoup de ses collègues, la perte de Diane Sauvé représente plus qu'un départ à la retraite. C'est la fin d'une époque, celle d'un journalisme passionné et engagé, où la rigueur et l'intégrité primaient.

Son départ, bien que discret, laisse un vide immense et suscite des inquiétudes sur l'avenir du service des sports, déjà fragilisé par les compressions budgétaires.

À travers ses années de service, Diane Sauvé a non seulement brisé des barrières en tant que femme dans un milieu traditionnellement masculin, mais elle a également prouvé que le journalisme sportif pouvait être bien plus qu'une simple retransmission d'événements.

Son approche, profondément humaine et sociale, a permis à de nombreux téléspectateurs de découvrir des aspects insoupçonnés des sports, et d'apprécier la diversité du monde athlétique.

Aujourd'hui, alors qu'elle tire sa révérence, Diane Sauvé laisse derrière elle un héritage riche et inspirant. Son départ force ses anciens collègues à se questionner sur l'avenir de leur profession, et à se demander si Radio-Canada saura encore jouer ce rôle crucial de vitrine pour tous les sports, pas seulement ceux qui dominent les palmarès d'audience.

« J’espère que c’est une simple réorganisation, et que les sports à Radio-Canada vont en ressortir plus fort. Car on ne doit pas abandonner. Si ce n’est pas Radio-Canada, qui va parler de patinage de vitesse ou de patinage artistique dans les médias ?"

"C’est important de suivre les athlètes qui pratiquent ces sports, et de ne pas juste les couvrir une fois aux quatre ans, quand arrivent les Olympiques. On connaît tout de la vie des joueurs de hockey. Il me semble que les autres sportifs ont aussi droit à un peu de visibilité ».

Elle rêve en couleurs...

Un sentiment de désolation s'est installé parmi les employés, alors que tout le monde sait que les jours de ce service autrefois prestigieux sont comptés.

Pour les journalistes et les membres du personnel encore en poste, l'avenir semble de plus en plus incertain, une incertitude qui pèse lourdement sur les épaules de chacun.

Diane Sauvé a reçu préavis de licenciement et on l'a déguisé en retraite. Cet événement marque le début de la fin pour une institution qui a longtemps été un pilier du journalisme sportif au Canada.

L'annonce a plongé les couloirs de Radio-Canada dans un silence lourd de sens, où l'incertitude est devenue la norme.

Face à cette situation, le syndicat des employés de Radio-Canada Sports a rapidement réagi, affirmant sur les réseaux sociaux que la lutte pour la survie de ce service n'était pas terminée.

Malgré ces déclarations, le moral des troupes reste au plus bas, et beaucoup craignent que les efforts pour sauver Radio-Canada Sports ne soient vains.

Depuis des décennies, Radio-Canada Sports a été une référence incontournable pour la couverture des grands événements sportifs, tant nationaux qu'internationaux.

Pourtant, ces dernières années, le service a dû faire face à une série de défis de plus en plus difficiles à surmonter.

La concurrence des géants du numérique, la baisse des revenus publicitaires et l'augmentation des coûts de production ont fragilisé cette institution.

Ces pressions financières ont entraîné des départs en série, qui ont profondément marqué l'organisation.

Parmi ceux qui ont choisi de quitter le navire, plusieurs figures emblématiques du journalisme sportif, dont Diane Sauvé, Guy D’Aoust et Jean St-Onge, ont pris leur retraite après les Jeux Olympiques de Paris.

Ces départs, bien que présentés comme des choix volontaires, sont bel et bien des retraites forcées.

La disparition progressive de ces talents laisse un vide immense, tant au niveau de l'expertise que de la qualité de la couverture sportive à Radio-Canada.

Pour certains, ces départs massifs sonnent le glas d'une époque dorée du journalisme sportif à Radio-Canada.

« On vit une période très difficile », confie un employé sous couvert d'anonymat.

« On a l'impression que tout s'écroule autour de nous, et personne ne sait ce qui va se passer  »

Cette crise trouve ses racines dans un contexte budgétaire particulièrement tendu. En décembre 2023, Radio-Canada avait annoncé la suppression de 800 emplois en raison d'un déficit prévu de 125 millions de dollars pour l'exercice financier 2024-2025.

Bien que Radio-Canada ait été exemptée des réductions de dépenses imposées aux autres agences fédérales, les pressions financières n'ont pas pour autant disparu.

Elles continuent de peser lourdement sur l'ensemble de l'organisation, et plus particulièrement sur le département des sports.

Un département des sports qui va disparaître...qui est déjà disparu...