Congédiement demandé à Détroit: ça sent la fin pour Steve Yzerman

Congédiement demandé à Détroit: ça sent la fin pour Steve Yzerman

Par David Garel le 2025-10-09

Martin St-Louis n’a pas seulement gagné un match à Détroit. Il a mis en lumière l’imposture Steve Yzerman. Depuis son retour comme directeur général des Red Wings en 2019, Yzerman est en train de détruire sa propre légende.

Sept saisons. Zéro participation aux séries. Trois entraîneurs congédiés. Des vétérans signés à gros prix qui n’ont jamais livré. Et un département de recrutement amateur qui a échoué, année après année, à nourrir l’équipe de vrais joueurs d’impact.

La situation est devenue impossible à défendre. Les rumeurs de congédiement fusent de partout à Détroit. Tout le monde comprend que c’est Steve Yzerman qui devrait être sur le banc des accusés.

Ce match contre Montréal, l'ouverture de la saison à la maison pour les Wings, avait tout d’un désastre. Le Canadien, dirigé par Martin St-Louis, a humilié les Red Wings.

Une domination totale. Et une revanche personnelle pour St-Louis, l’homme que Yzerman avait humilié en 2014 lors de la sélection olympique de Sotchi.

En 2014, Martin St-Louis connaissait une excellente saison avec le Lightning de Tampa Bay. Il était l’un des meilleurs pointeurs canadiens et plusieurs experts s’attendaient à ce qu’il fasse partie de l’équipe olympique dirigée par Mike Babcock et sélectionnée par Steve Yzerman.

Mais contre toute attente, St-Louis avait été laissé de côté lors de la première sélection. Ce qui avait choqué, ce n’était pas seulement l’exclusion, mais le fait que c’était Steve Yzerman, son propre directeur général à Tampa, qui l’avait ignoré.

St-Louis avait été remplacé in extremis après une blessure à Steven Stamkos, mais le mal était fait. Il n’avait pas été jugé digne d’y être dès le départ, et il avait compris que ce n’était pas une décision purement sportive.

Yzerman avait jugé sa personnalité incompatible avec l’esprit d’équipe recherché. Pour St-Louis, ce fut une humiliation publique, un rejet personnel, une claque au visage. Et ça avait laissé une cicatrice profonde, qui n’a jamais disparu.

Belle revanche. Cette défaite expose le cœur du problème à Détroit. Le noyau des Red Wings n’a pas été construit de manière cohérente. Ce n’est pas un groupe en progression. Une honte depuis sept ans.

Et si on remonte à la source, l’erreur stratégique la plus grave d’Yzerman a été de ne pas amener avec lui à Détroit le recruteur Al Murray, lorsqu’il a quitté Tampa Bay.

En août 2010, Murray avait été discrètement embauché comme recruteur en chef du Lightning. Sans tambour ni trompette. Mais c’est lui, pas Yzerman, qui a repêché les joueurs qui ont mené Tampa à la Coupe Stanley : Nikita Kucherov (58e), Ondrej Palat (208e), Cédric Paquette (101e), Andrei Vasilevskiy (19e), Brayden Point (79e), Mitchell Stephens (33e), Anthony Cirelli (72e), Mathieu Joseph (120e) et Ross Colton (118e).

Au lieu de le suivre à Détroit, Al Murray est resté à Tampa. Et Yzerman a confié le recrutement amateur à Kris Draper. Résultat : entre 2017 et 2023, les Red Wings ont effectué 61 sélections au repêchage, dont plusieurs dans le top 10.

Et pourtant, seuls trois joueurs se sont imposés comme réguliers dans la LNH : Moritz Seider, Lucas Raymond et Joe Veleno (le plombier maintenant à Montréal).

Marco Kasper et Simon Edvinsson tentent toujours de percer, mais pour une équipe qui a repêché aussi souvent, le rendement est dramatiquement bas.

La conséquence, c’est que la reconstruction promise n’est jamais arrivée. Chaque saison, Yzerman réagit dans la panique. Il signe un vétéran. Il congédie un entraîneur. Il échange des morceaux. Il tente de donner l’impression qu’il a un plan, mais il n’en a pas.

Et pendant ce temps, les résultats ne viennent pas. Les séries s’éloignent toujours dès le premier match de la saison.. Les partisans s’impatientent. Et les médias locaux commencent à utiliser un mot tabou dans le dossier Yzerman : fraude.

Le contraste avec Martin St-Louis est saisissant. Le coach du Canadien, lui, construit une culture. Il donne des responsabilités aux jeunes. Il gagne des matchs avec un effectif qui, sur papier, devrait être inférieur à celui des Wings.

Mais ses joueurs jouent pour lui. Ils progressent. Ils performent. 

Et dans les coulisses, tout le monde sait ce que cette victoire représentait pour Martin St-Louis. Ce n’était pas une soirée comme les autres. Ce n’était pas juste deux points au classement. C’était un message. À Steve Yzerman.

À ceux qui l’avaient enterré trop vite. À ceux qui, en 2014, l’avaient regardé comme un perturbateur, comme une distraction, comme un joueur dont la personnalité dérangeait. Samedi soir, sans un mot, St-Louis leur a répondu.

Aujourd’hui, le Canadien montre des signes clairs de progression. Et les Red Wings, eux, s’enfoncent dans le néant.

La reconstruction a échoué. Le recrutement a échoué. Le développement a échoué. Et le leadership de Steve Yzerman est maintenant remis en question.

Le match contre Montréal n’était peut-être que le premier de la saison pour les Wings, mais il pourrait bien être celui qui aura marqué la fin d’un cycle.

Celui où la maison s’est écroulée. Celui où tout le monde a compris que la légende d’Yzerman comme DG ne reposait que sur les épaules d’Al Murray.

Et que depuis qu’il est seul, Yzerman échoue. Encore. Et encore.

Sa dernière année? Ça sent le congédiement en plein nez. On entend même des "Fire Steve" dans l'aréna...