Il n’y a rien de plus cruel que le hockey professionnel. Rien de plus froid que la vérité que seul un vestiaire peut transmettre.
Et Owen Beck, l’un des espoirs les plus prometteurs du Canadien de Montréal il y a à peine deux ans, est aujourd’hui la victime la plus éclatante d’un système devenu impitoyable.
On l’a vu, on l’a senti, on l’a su.
Beck traînait les pieds à Brossard aujourd'hui. Littéralement. Ses patins glissaient sans éclat, son langage corporel était défait, et son regard, absent. Il savait. Il savait qu’il n’y avait plus de place pour lui. Et il savait que personne ne viendrait le sauver.
L'un des pires joueurs de la premières journées du camp des recrues. Mais surtout, le plus paresseux... et le plus nonchalant...
Comme s'il avait abandonné de tout son corpts et son âme.
Owen Beck n’est pas un mauvais joueur. Il ne l’a jamais été. Mais dans une organisation où les rangs sont désormais figés par des vétérans solidement installés, des contrats déjà trop lourds à écouler, et des jeunes prodiges qui brûlent tout sur leur passage, Beck ne brille plus. Il survit.
En janvier 2023, Beck avait pourtant tout d’un vol au repêchage. Intelligence, responsabilité défensive, tir précis, polyvalence. Il avait même été rappelé en urgence par le CH pour un match de la LNH, une rareté pour un joueur junior.
Mais aujourd’hui, il est invisible. Coincé dans les exercices, toujours le deuxième à embarquer, jamais celui qu’on regarde. Il patine, oui. Mais avec l’air de celui qui patine... dans sa cage....
Le directeur général Kent Hughes ne l’a jamais dit publiquement, mais ses gestes parlent : Beck est aujourd’hui le sixième centre de l’organisation. Devant lui : Nick Suzuki, Kirby Dach, Jake Evans, Joe Veleno, Olivier Kapanen, et même Alex Newhook qui est un ailier… mais qui pourrait pivoter une ligne au besoin.
Et Veleno, lui, est là pour de bon, du moins pour cette année. Natif de la région, bon en entrevue, aimé dans le vestiaire, fiable sur 200 pieds. Il est, sans l’ombre d’un doute, un mur infranchissable pour Beck.
Dans les faits, Beck ne fait plus partie des plans à court terme. Même à Laval, il risque de jouer sur la troisième ligne. Pas parce qu’il est incompétent, mais parce qu’il est… inutile dans la structure actuelle.
Le discours officiel est clair : Beck va commencer la saison à Laval.
Mais ce discours est une façade. Beck n’a plus de marge de progression réelle dans la Ligue américaine. Il a déjà prouvé qu’il pouvait y survivre, mais il n’a jamais été flamboyant. Il n’a jamais dominé. Et maintenant qu’il est devancé dans l’organigramme par des jeunes plus brillants ou des vétérans plus utiles, sa seule option réelle est l’échange.
Le Canadien a tenté d’inclure Beck dans plusieurs discussions. On se souviendra de l’offre rapportée par Cole Shelton, de CBS Sports, qui impliquait Beck, Jayden Struble et un choix de deuxième ronde contre Ryan O’Reilly. Les Predators ont refusé. Non pas parce que Beck ne valait rien, mais parce qu’il ne valait plus assez.
Même Mathieu Darche ne voulait pas d’Owen Beck à Long Island, lui qui a préféré Emil Heineman avec les choix 16 et 17. Le message est sans pitié et cinglant : son étoile est fanée.
Et dans ce contexte étouffant, il ne faut pas se faire d’illusions : Owen Beck a très probablement été proposé aux Bruins de Boston dans les discussions entourant Pavel Zacha.
Son profil défensif, sa jeunesse et son statut de centre "couteau suisse" correspondaient exactement au type d’actif que Kent Hughes a mis sur la table avec Joshua Roy, Jayden Strube et Oliver Kapanen.
Rappelons que Roy, Struble et Kapanen ont été offerts aux Bruins pour Zacha. Mais selon nos infos, un autre "package" comprenait Owen Beck.
Le simple fait que le joueur de centre ait déjà été refusé par les Islanders dans l’échange de Noah Dobson, puis mentionné à Pittsburgh dans un scénario pour Crosby, confirme la tendance : il fait partie du groupe d’espoirs disponibles, sacrifiables, que le CH offre sans détour pour aller chercher un centre établi.
C’est là qu’on voit toute la logique de Kent Hughes : il a compris que la fenêtre de compétition s’ouvre en 2026. Pas en 2025. Pas maintenant.
Alors il n’a aucun intérêt à forcer l’intégration de recrues plombiers en 2025-2026. Il préfère les stocker à Laval, les garder affamées, les forcer à mériter chaque rappel... ou les placer sur le marché des transactions...
Beck? Pas de place. Roy? Trop discret. Oliver Kapanen? Trop défensif unidimensionnel.
La seule recrue qui a percé cette barrière, c’est Ivan Demidov. Parce qu’il est exceptionnel.
Les autres? Laval.
C’est dur à dire, mais Owen Beck a peut-être joué son dernier camp à Montréal. Il ne déçoit pas, mais il n’excite pas non plus. Et dans un vestiaire comme celui-là, ça ne suffit plus.
C’est exactement ça. Pas de coupable, pas d’accident. Juste la hiérarchie implacable d’une équipe qui monte.
Il faut être honnête. Le Canadien est en train de sacrifier une classe entière de jeunes joueurs.
Beck? Sur la corde raide. Roy? Future transaction. Oliver Kapanen? Entre le 4e trio, les gradins et une transaction.
Ces noms étaient pourtant vus comme les piliers de l’avenir. Mais l’avenir, c’est maintenant ailleurs : Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Demidov, Dach, Hutson, Guhle, Dobson. Voilà le noyau.
En attendant Michael Hage et Jacob Fowler.
Les autres doivent se battre… ou disparaître.
Owen Beck n’est pas un « bust ». Il sera un joueur NHL, quelque part. Peut-être à Nashville. Peut-être à Pittsburgh. Peut-être à Seattle. Peut-être à Boston.
Mais il ne sera jamais un joueur spectaculaire.
Il sera ce centre fiable, défensif, responsable, bon en désavantage numérique. Il sera ce gars qu’on apprécie quand il ne joue pas dans notre équipe.
Mais ce genre de joueur, on ne peut pas le garder éternellement dans un système qui mise sur la vitesse, la créativité et le talent brut.
Et ce genre de joueur, on ne le repêche pas au deuxième tour pour le laisser moisir.
Il faut trancher.
Owen Beck mérite mieux. Et le Canadien mérite de libérer la place qu’il occupe inutilement.
Parce qu’à Montréal, la patience est morte.
Et les joueurs comme Beck n’ont plus le temps d’attendre.