Consternation à Montréal: Kent Hughes a trouvé son deuxième centre

Consternation à Montréal: Kent Hughes a trouvé son deuxième centre

Par Nicolas Pérusse le 2025-07-19

Le Canadien cherche son deuxième centre. Et pendant que tout le monde scrute le marché, analyse les options, fait des projections… la réponse est peut-être déjà dans le vestiaire.

Ivan Demidov.

À Brossard, les questions reviennent toujours en boucle. Qui va piloter le deuxième trio du CH ? Kirby Dach est encore en convalescence, Zach Bolduc reste un projet, et personne ne veut échanger un centre top 6 dans la LNH. Kent Hughes travaille fort, mais les portes sont fermées. À l’interne, pourtant, une option s’impose d’elle-même : Demidov.

Ce n’est pas qu’un fantasme de partisan. À sa conférence de presse du 1er juillet, Hughes a lui-même reconnu que l’idée de tester Demidov au centre était envisagée. Et Eric Engels, sur le podcast de Tony Marinaro, a clairement dit : « Quand je regarde Ivan Demidov jouer, je vois un joueur de centre. »

Engels ne parle pas dans le vide. Il explique que Demidov a tout pour occuper ce rôle : il rend ses coéquipiers meilleurs, il a une vision exceptionnelle, et il couvre la glace sur 200 pieds. C’est exactement ce qu’on demande à un centre dans la LNH d’aujourd’hui. Et ce n’est pas une idée qui sort de nulle part : lors des rencontres pré-repêchage, certains dans l’organisation voyaient déjà en lui un potentiel centre numéro un.

Et plus on le regarde jouer, plus ça saute aux yeux.

Demidov contrôle le tempo, trouve des ouvertures, garde la rondelle sous pression, et trouve des lignes de passe que peu de joueurs voient. Il transforme une présence banale en chance de marquer. Il ne joue pas comme un ailier stationnaire. Il joue comme un centre. Et ce, malgré le fait que le SKA Saint-Pétersbourg ait toujours refusé de lui donner cette opportunité.

Les raisons, tout le monde les connait. Au delà du mépris envers son joueur recrue, Roman Rotenberg, son ex-entraîneur, jugeait que c’était trop de responsabilités pour un jeune. Mais Demidov, lui, réclamait ce rôle. Encore et encore. Il voulait être au cœur du jeu.

Et quand on lui a demandé récemment ce qu’il pensait de cette position, il a répondu simplement, dans une entrevue relayée par Marco D’Amico de RG.org :

« Je devrais essayer. J’ai joué au centre quelques fois dans le junior, et je me sentais bien. Mais le SKA ne m’a jamais utilisé à cette position. Ce sont probablement les mises au jeu qui seraient la clé, je ne les gagne pas toujours. »

Pas de prétention. Juste un joueur lucide, qui sait ce qu’il veut, et qui est prêt à travailler pour y arriver.

Et c’est exactement ce qu’il fait.

Demidov a choisi de passer son été à Montréal. Il s’entraîne quotidiennement à Brossard, participe à des événements pour les partisans, joue dans la ligue 3 vs 3 Living Sisu LSHL.

Il ne prend pas ses vacances. Il veut s’adapter vite, bien, et montrer qu’il est prêt. Il n’attend pas qu’on lui donne sa place. Il se prépare à la prendre.

Ses mises en jeu sont une faiblesse, mais c’est une faiblesse qui se corrige. Et il le sait. Plusieurs grands centres ont connu des débuts moyens dans cette facette du jeu, et s’en sont très bien sortis. L’important, c’est la volonté. Et lui, il l’a.

Son agent, Dan Milstein, le connaît mieux que personne. Il a confié que son client se sentait beaucoup plus à l’aise au centre, et qu’il aimait diriger l’action. Évidemment, un agent parle en faveur de son joueur. Mais ce n’est pas un coup de pub. C’est une ligne cohérente, depuis des années, dans tous les propos de Demidov.

Certains évoquent la comparaison avec Drouin. Mais la comparaison est boiteuse. Drouin n’avait pas joué au centre depuis des années quand on l’a repositionné à Montréal. Demidov, lui, a joué au centre dans le junior russe, tout juste avant d’arriver en KHL. Il n’a jamais caché que c’était sa position naturelle. Et surtout, il n’a jamais dit non. Il a dit qu’il devait essayer. Et qu’il verrait ensuite.

Il a aussi l’attitude.

Pas de boudage, pas de caprices. Il se fond dans le moule. Il travaille. Il écoute. Il ne prend pas sa place pour acquise, mais il fait tout pour la mériter. Et c’est ça qu’on veut voir. Pas un ailier déguisé en centre, mais un joueur complet qui demande qu’on le laisse montrer ce qu’il peut faire.

Il faut aussi le dire clairement : si ça ne fonctionne pas, aucun problème. Il retournera à l’aile. Il ne perdra rien. Mais si ça fonctionne, même partiellement, Montréal pourrait bien avoir résolu son plus gros problème sans faire un seul échange.

Et ça change tout.

Le CH rêve depuis des années d’un deuxième centre de haut niveau. On a essayé Drouin. On a espéré avec Dvorak. On a vu Dach légèrement progresser, puis se blesser. Et là, soudainement, un Russe de 19 ans débarque avec des outils de centre moderne, une mentalité irréprochable et une soif d’apprendre.

On peut attendre. On peut lui donner du temps. Mais on doit aussi garder en tête qu’il a tout ce qu’il faut.

Et si Dach se blesse encore?

Et si Bolduc n’est pas prêt?

Et si, dès novembre, Demidov montre qu’il peut en donner plus?

Il faudra oser. Il faudra tester. Il faudra l’écouter. Parce que le Canadien n’a peut-être plus besoin de chercher ailleurs. Son deuxième centre est peut-être déjà là.

Et son temps est bientôt venu.

Si Demidov ne s’adapte pas immédiatement, il retournera à l’aile. Aucun mal fait. Mais s’il s’adapte, même partiellement, on tient peut-être la pièce manquante de l’énigme. Celle qu’on essaie de repêcher depuis une décennie. Celle qu’on croyait devoir échanger à prix fort. Celle qui a glissé au 5e rang, et qui pourrait changer le cours de la franchise.

Demidov ne réclame rien. Il attend, il écoute, il travaille. Il se laisse coacher. Il est le joueur parfait pour tester cette hypothèse.

Et si ça marche… si ça marche, le CH ne sera plus à la recherche de son deuxième centre. Il en aura deux. Suzuki et Demidov. Et le reste suivra.

Le Canadien a le luxe de ne pas regarder ailleurs. Parce que le centre qu’il cherche est déjà ici.

Et son heure approche.