Consternation à Montréal: Martin St-Louis sur un siège éjectable

Consternation à Montréal: Martin St-Louis sur un siège éjectable

Par Nicolas Pérusse le 2025-07-21

Personne ne veut le dire à voix haute, mais tout le monde le pense tout bas.

Martin St-Louis va peut-être vivre sa dernière saison derrière le banc du Canadien de Montréal.

Et si c’était le plan depuis le tout début?

Depuis son embauche, Martin St-Louis a été présenté comme une bouffée d’air frais, un communicateur hors pair, un pédagogue pour les jeunes, un modèle inspirant. Mais jamais on ne l’a décrit comme un stratège d’élite. Un architecte défensif. Un maître tacticien.

Et si c’était volontaire?

Dans la nouvelle LNH, une tendance se dessine depuis quelques années: pendant une reconstruction, les DG engagent un coach formateur, souvent sans grande expérience, pour inspirer, enseigner, motiver. Et quand l’équipe devient prête à gagner? On appuie sur le bouton rouge. On remplace ce coach par un entraîneur d’expérience, un vieux routier, un « closer ».

Le plan est cynique. Mais redoutablement efficace.

La Floride l’a fait avec Bob Boughner, remplacé par Joel Quenneville (qui n'a même pas coaché un match avec les Panthers à cause du scandale l'impliquant à Chicgo).

Vancouver l’a fait avec Travis Green, remplacé alors que la reconstruction tirait à sa fin. Même Colorado a traversé un cycle semblable avant d’atterrir sur Jared Bednar, un coach de transition devenu champion… mais c’est l’exception qui confirme la règle.

À Montréal, Kent Hughes et Jeff Gorton ne sont pas des romantiques. Ce sont des gestionnaires stratégiques. Ils ont vu les modèles, étudié les plans, analysé les cycles.

Et si Martin St-Louis faisait partie de leur stratégie à long terme… en tant que pièce jetable?

L’idée choque. Elle dérange. Parce qu’on aime Martin. Parce qu’il a donné un sens à cette équipe à un moment où elle en manquait cruellement. Parce qu’il a redonné de la fierté à des joueurs perdus. Parce qu’il a survécu à tout : la méfiance, les critiques, les rumeurs de démission, même les accusations d’improvisation totale dans son système.

Mais au moment où le CH entre enfin dans sa phase finale, avec Dobson, Demidov, Hutson, Reinbacher, Bolduc et compagnie, est-ce vraiment lui qu’on veut derrière le banc en 2026 ou 2027, quand l’équipe visera la Coupe?

Les signaux sont clairs.

Depuis deux ans, la structure défensive du CH a été l’objet de critiques constantes. Système homme-à-homme inefficace, mauvaise couverture dans l’enclave, gestion suspecte des trios. Même les vétérans comme David Savard semblent parfois déboussolés. Et ça, dans un marché comme Montréal, ça ne passe pas longtemps.

Et la question se pose : combien de temps encore Kent Hughes tolérera un style improvisé quand les objectifs demandent structure et résultats?

Parce qu’on le sait : dans la LNH moderne, la patience n’est pas éternelle. Les DG n’attendent pas que le coach s’écroule. Ils anticipent.

Et ce serait naïf de croire que Hughes et Gorton n’ont pas déjà discuté entre eux du « timing optimal » pour amener un coach d’expérience, quelqu’un avec des séries dans le corps, quelqu’un capable de gérer les médias, les égos, les ajustements en temps réel.

Quelqu’un de prêt.

Martin, lui, semble encore vivre dans une forme d’illusion. Il croit sincèrement pouvoir être celui qui mènera le CH jusqu’au bout. Il ne voit pas, ou refuse de voir, que ses patrons n’ont peut-être jamais envisagé ce scénario.

Il est le coach de la transition. Le pédagogue. Le motivateur. Pas le tacticien. Pas le closer.

Et si l’arrivée de joueurs établis comme Dobson, l’émergence de Demidov, la solidification du top 6 venait justement changer la nature de son rôle?

Parce que pour la première fois depuis le début de la reconstruction, le CH a des attentes. Réelles. Immédiates. Mesurables.

Et dans ce contexte, l’émotion ne suffit plus.

La réalité frappe : le CH n’a plus besoin d’un coach pour élever ses jeunes. Il a besoin d’un coach pour gagner.

Et Martin le sait.

C’est peut-être ce qui le rend plus tendu, plus fermé avec les médias. Il sent que le vent tourne. Il devine que la patience a une date de péremption. Il voit les regards changer, les questions devenir plus tranchantes.

Chaque erreur de gestion de l’avantage numérique, chaque absence d’ajustement, chaque défaite sans effort deviendra une preuve de plus tangible que le club a peut-être besoin… de quelqu’un d’autre.

Alors que les partisans rêvent des séries, qu’on commence à parler de Coupe d’ici deux ou trois ans, la pression monte.

Et St-Louis, malgré tout son courage, pourrait devenir la victime d’un plan qui le dépassait depuis le jour un.

C’est cruel. C’est injuste. C’est peut-être même ingrat.

Mais c’est la LNH.

Et le siège sur lequel Martin St-Louis est assis... Commence à chauffer.