Il y a des phrases qu’on lance sans s’en rendre compte.
Et puis il y a des tentatives calculées de journalistes pour faire trébucher un DG devant les caméras.
Ce matin, pendant le bilan de fin de saison du Canadien, un journaliste a tenté de piéger Kent Hughes avec une phrase percutante : « Sans me tromper, il devrait devenir votre joueur le mieux payé. »
Mais Hughes n’est pas tombé dans le panneau.
Il a écouté. Il a digéré. Puis il a contre-attaqué avec calme, comme il le fait toujours.
« On va parler à son agent. Ce n’est pas une priorité aujourd’hui, mais je suis au courant de ses commentaires. »
Quels commentaires? Ceux de Lane Hutson lui-même, qui, quelques jours plus tôt, avait exprimé son amour sincère pour le Canadien de Montréal.
« Je veux rester ici le plus longtemps possible. »
« J’adore cette équipe. J’aime Montréal. »
« J’ai même prévu passer une partie de l’été ici pour m’entraîner. »
Kent Hughes a entendu tout ça. Et il sait exactement ce que ça vaut dans une négociation.
Mais il a aussi pris soin de rappeler que chaque dossier est unique. Il a parlé des cas de Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Kaiden Guhle.
Tous ont signé à des moments différents, selon la dynamique du moment.
« C’est important de communiquer, de comprendre ce qui est important pour Lane… ensuite, on verra s’il y a une façon de s’entendre. »
En d’autres mots : on ne précipitera rien.
Pas même pour un joueur qui vient de faire exploser les attentes.
66 points. 60 passes. Un différentiel positif. Un impact immédiat en avantage numérique.
Lane Hutson a livré une saison qui le place déjà dans la discussion pour le trophée Calder. Et dans les coulisses, certains rêvent déjà au Norris d’ici deux ans.
Mais pour Kent Hughes, les rêves ne dictent pas les contrats.
Et même si les journalistes veulent lui faire dire que Hutson va faire sauter la banque, il garde la tête froide.
Ce n’est pas parce qu’un joueur dit aimer Montréal qu’on va le payer deux millions de plus par année.
Mais ce n’est pas non plus parce qu’il est jeune qu’on va essayer de l’écraser.
Hughes joue sur une ligne mince. Et il le sait.
Parce que ce contrat-là, il ne va pas seulement définir l’avenir de Lane Hutson.
Il va redéfinir la hiérarchie salariale du Canadien.
Et tant que le DG tient les rênes, personne ne lui volera le tempo.
Ni un agent. Ni un journaliste. Ni même un phénomène comme Lane Hutson.
Pas sans passer par le filtre impitoyable de Kent Hughes.
Un filtre qui, jusqu’à maintenant, a réussi à maintenir le navire à flot sans jamais jeter l’argent par les hublots. Et ce n’est pas Lane Hutson qui va changer la donne.
Parce que même si le défenseur de 20 ans a livré une saison digne des plus grands, Hughes ne paie pas pour des émotions. Il paie pour des résultats.
Et des résultats, Hutson en a donné.
66 points, dont 60 passes, un sommet chez les recrues. Il a dépassé les marques historiques établies par Chris Chelios et P.K. Subban dans l’uniforme du Canadien.
Il est devenu le plus jeune défenseur de l’histoire du CH à atteindre ce plateau.
Il a aussi terminé la saison avec un différentiel positif (+2), un détail qui n’échappe pas aux dirigeants dans un club encore en transition.
Il n’a pas seulement contribué offensivement — il a tenu le fort avec une maturité au-delà de son âge, dans des minutes souvent critiques.
Tout ça, en jouant en moyenne plus de 20 minutes par match après le mois de février.
Il a été lancé dans le feu. Il a dansé avec des monstres. Et il est revenu avec le sourire.
Alors oui, Kent Hughes sait exactement ce qu’il a entre les mains. Mais il sait aussi ce que ça vaut. Et il ne laissera pas les chiffres lui dicter les termes.
Parce que même si Lane Hutson mérite tout ce qu’il a gagné, c’est encore Kent Hughes qui choisit quand et comment il paie.
Et ce n’est pas une posture théorique. C’est une méthode éprouvée.
Depuis son arrivée à la tête du Canadien, Kent Hughes a démontré une capacité remarquable à verrouiller ses jeunes piliers à long terme, sans jamais exploser la structure salariale de l’équipe.
Prenons Cole Caufield. En juin 2023, il a signé une prolongation de contrat de 8 ans pour 62,8 millions de dollars, soit une moyenne annuelle de 7,85 M$.
Ce contrat, légèrement inférieur à celui de Nick Suzuki, a été salué comme une aubaine pour le CH, surtout compte tenu du potentiel offensif de Caufield.
Quelques mois plus tard, en juillet 2024, c’était au tour de Juraj Slafkovský de s’engager pour 8 ans et 60,8 millions de dollars, avec une moyenne annuelle de 7,6 M$.
Hughes a souligné que ce type de contrat à long terme permettrait au joueur d’être sous-payé vers la fin de l’entente, anticipant une hausse du plafond salarial.
Plus récemment, en juillet 2024, Kaiden Guhle a paraphé une entente de 6 ans pour 33,3 millions de dollars, soit 5,55 M$ par saison.
Malgré quelques blessures, Hughes a misé sur le potentiel de Guhle, consolidant ainsi la brigade défensive de l’équipe.
Ces contrats illustrent une stratégie claire : sécuriser les jeunes talents sur le long terme à des montants raisonnables, tout en maintenant une hiérarchie salariale cohérente.
Dans ce contexte, Lane Hutson s’inscrit naturellement dans cette philosophie.
Bien qu’il ait connu une saison exceptionnelle, Hughes ne dérogera pas à sa méthode. Il écoutera, évaluera, mais au final, c’est lui qui décidera quand et comment Hutson sera récompensé.
Et si Lane Hutson pensait avoir volé le cœur du public montréalais, il devra encore gagner le respect ultime de Kent Hughes : une signature à ses conditions.
Parce qu’à Montréal, l’amour ne garantit pas un contrat.
Mais dans le système Hughes, la patience, le mérite et l’humilité, eux, finissent toujours par être payants.
Et peut-être même à huit chiffres.