Contrat de Patrik Laine: 40 millions de dollars pour 40 buts

Contrat de Patrik Laine: 40 millions de dollars pour 40 buts

Par Nicolas Pérusse le 2025-08-20

Patrik Laine se plaît à Montréal. Plus encore, il veut y rester.

Et contrairement à beaucoup de vedettes passées ou actuelles, ce n’est pas une phrase dite du bout des lèvres pour calmer les médias. C’est une conviction profonde, assumée, répétée.

À 27 ans, l’attaquant finlandais est en train de renaître, au moment où son désir le plus insistant qui circule est celle d’un contrat à long terme de huit saisons avec le Canadien.

Lorsqu’Anthony Martineau de TVA Sports lui demande s’il aimerait prolonger son aventure à Montréal, Laine ne joue pas au politicien. Il ne cherche pas de nuance. Il tranche :

« Oui, bien sûr! Je ne crois pas avoir besoin d’en dire plus. Oui, j’aimerais beaucoup être ici. »

Des mots simples, mais lourds de sens. Pour un joueur qui, il y a deux ans à peine, semblait perdu dans l’anonymat de Columbus, incapable de retrouver sa confiance, cette déclaration sonne comme un cri du cœur. Montréal l’a adopté, et il adopte Montréal en retour.

Il faut se rappeler le contexte. Laine a touché le fond en Ohio.

Isolé, mal encadré, blessé physiquement et psychologiquement, il a dû se tourner vers le programme d’aide de la LNH en 2023-2024. Une démarche courageuse, mais qui a exposé sa fragilité. À Columbus, il ne voyait plus la lumière.

Puis est arrivé la transaction à Montréal. Une métropole hockey, mais aussi un milieu où il a trouvé une stabilité inattendue.

Sa conjointe Jordan, la fondation qu’ils ont lancée ensemble, et le support des partisans l’ont littéralement ressuscité. Cette fois, Laine a choisi de ne pas se cacher. Il en parle ouvertement :

« Je pense que la santé mentale est aussi importante que la santé physique. On n’en parle pas suffisamment. Ce n’est pas comme une blessure au genou qu’un docteur peut diagnostiquer et traiter. Ça demeure un sujet tabou, même si c’est aussi crucial qu’une blessure physique. »

À Montréal, Laine a non seulement retrouvé son tir foudroyant, mais aussi une mission.

La saison dernière, malgré un début gâché par une blessure au genou subie lors d’un match préparatoire face aux Maple Leafs, il a inscrit 20 buts en 52 matchs. À peine revenu, il a aidé le Canadien à accéder, contre toute attente, aux séries éliminatoires.

Et maintenant? Les experts n’hésitent plus : il peut redevenir un marqueur de 40 buts. Son lancer demeure unique, sa présence sur le power play change la dynamique, et il est enfin entouré de jeunes vedettes offensives (Slafkovsky, Caufield, Demidov) capables de lui donner la rondelle dans les bonnes zones.

À 27 ans, il est encore jeune, mais il sait aussi que le temps file. Pour lui, un contrat de 8 ans signifierait une stabilité jusqu’à 35 ans, le moment idéal pour clore une carrière à Montréal, plutôt que de repartir encore une fois à zéro ailleurs.

La question qui tue : combien vaut Patrik Laine?

C’est là que le dossier devient explosif.

8 ans à 7 millions par saison? Jamais Kent Hughes n’acceptera une telle structure.

8 ans à 4 ou 5 millions? Là, tout change. Laine sait que cela pourrait être son dernier contrat et qu’il doit faire preuve de flexibilité.

Lui-même laisse entendre que l’argent n’est pas la priorité. Ce qu’il veut, c’est un chez-soi durable. Montréal lui offre la scène, la visibilité et la passion. Et Hughes, lui, doit jongler avec le plafond salarial, les contrats futurs de Hutson et Demidov.

Un « contrat à rabais », comme le décrivent certains, c’est-à-dire un contrat atypique, surprenant, où le joueur accepte moins que sa valeur marchande pour rester là où il est heureux... et pour plus d'années qu'anticipé.

Mais est-ce que Kent Hughes peut vraiment prendre le risque de donner 8 ans et 40 millions à un joueur aussi fragile mentalement et paresseux physiquement?

La preuve que Laine est sérieux? Il a passé tout l’été à Montréal. Brossard, Pierrefonds, Quartier des spectacles : il a multiplié les apparitions. On l’a vu avec les jeunes hockeyeurs, lors d’activités caritatives, et il s’est entraîné quotidiennement au Complexe CN.

À Pierrefonds, face à des enfants les yeux brillants, il avoue :

« Ça me rappelle quand j’étais jeune et que je rencontrais des joueurs de la LNH. C’est vraiment super cool d’être ici. »

Ces phrases, banales en surface, traduisent en réalité un état d’esprit. Laine ne fait pas semblant : il veut transmettre quelque chose. Il n’est plus uniquement le sniper capricieux qu’on décrivait à Winnipeg et Columbus. Il est un vétéran en reconstruction, conscient de son rôle.

Impossible de comprendre Laine aujourd’hui sans parler de sa fondation. Avec sa femme Jordan, il a lancé From Us To You, qui finance des initiatives en santé mentale. Leur grand projet : un défilé de mode au Quartier des spectacles, au profit de cette cause.

Autour de lui? Alex Newhook et Jayden Struble, deux coéquipiers du Canadien, mais aussi une quarantaine de personnalités sportives. Montréal n’a pas seulement accueilli Laine sur la glace, mais aussi dans son tissu social.

Le message est clair : il n’est pas de passage. Il s’installe.

Alors que la convention collective actuelle touche bientôt à sa fin, Hughes sait qu’un contrat à long terme signé maintenant peut sécuriser l’avenir à rabais. Mais il doit aussi se méfier : si Laine explose à 40 buts, son prix grimpera en flèche.

S’il accepte aujourd’hui de donner 5 millions par année sur 8 ans, Hughes obtient un vol. S’il hésite, il risque de voir le marché imposer un contrat à la hausse.

Tout est donc une question de timing. Et à Montréal, l’histoire récente a montré que les erreurs de gestion de contrats pèsent lourd. Hughes, moins naïf que Marc Bergevin, veut éviter les pièges du passé.

Patrik Laine est à la croisée des chemins.

Il a retrouvé la santé.

Il a retrouvé la passion.

Il a retrouvé un public qui l’adore.

La grande question est désormais financière : Hughes acceptera-t-il de sécuriser un buteur de 40 buts potentiel à long terme, au prix d’un pari sur sa constance et parfois sa lâcheté ?

Laine, lui, a déjà choisi. Montréal est devenu son foyer.

Aujourd’hui, il est prêt à redevenir une vedette, mais une vedette différente : plus mature, plus humaine, plus engagée.

Et si le Canadien saisit cette occasion, il pourrait bien avoir trouvé ce qui lui manquait : un marqueur d’élite qui aime vraiment Montréal et qui veut y finir sa carrière... à rabais...