Quand la rumeur est sortie dans The Athletic, le choc fut instantané : Kirill Kaprizov pourrait bientôt signer un contrat de 128 millions sur huit ans.
C’est Michael Russo et Joe Smith qui l’ont écrit noir sur blanc dans leur article du 3 mai 2025, affirmant que le Wild du Minnesota veut faire de lui l’ailier le mieux payé de la LNH.
Kaprizov pourrait encaisser 16 millions par année, dépassant Mikko Rantanen et tous les autres ailiers de l’histoire de la Ligue nationale, excusez du peu.
C’est énorme, c’est historique, et surtout, c’est devenu le nouveau barème, la nouvelle cible, le sommet absolu à viser pour les jeunes Russes comme Ivan Demidov.
Parce qu’on ne se mentira pas : depuis son arrivée à Montréal, tout le monde n’arrête pas de le comparer à Kaprizov, comme si c’était écrit dans le ciel.
Il a battu ses records de recrue dans la KHL, il joue avec le même style imprévisible, il fait lever les foules, et il est Russe, voilà.
Mais quand on compare les deux trajectoires de façon lucide, il faut dire les vraies choses : Demidov est encore loin, très loin du sommet.
À 19 ans, il vient de compléter ses premières séries dans la LNH, et à 5 contre 5, il a été le joueur le moins productif de tout le Canadien.
Deux points, deux tirs, aucun impact réel à égalité numérique. Son seul moment fort : un match en avantage numérique où il a récolté deux aides discrètes.
Pendant ce temps, Kaprizov, même blessé depuis trois ans, continue de dominer les fiches offensives et porte littéralement le Wild sur son dos match après match.
Kaprizov joue 22 minutes par soir, bloque des tirs, participe aux replis, prend des mises en jeu cruciales et se fait respecter dans les coins comme dans l’enclave.
Ivan Demidov, lui, peine encore à sortir la rondelle de sa propre zone sans provoquer une panique dans les gradins et un turnover dans l’enclave de Montembeault.
Il a du talent, oui. Il a de l’instinct, oui. Il a du flair, oui. Mais il n’a pas encore ce que Kaprizov avait à son âge : de la maturité.
Et c’est là toute la différence entre le rêve et la réalité. Demidov rêve déjà au même contrat. Il veut son 128 millions. Il veut sa statue à Montréal.
Mais à ce rythme, s’il ne progresse pas rapidement dans sa constance défensive, dans sa robustesse mentale et dans sa lecture sans la rondelle, il risque de plafonner.
Kirill Kaprizov a attendu patiemment, perfectionné chaque aspect de son jeu, accepté de rester en Russie plus longtemps, puis il est arrivé à Saint Paul comme un vétéran déguisé en recrue.
Ivan Demidov, lui, est arrivé à Montréal comme un sauveur, un demi-dieu, acclamé comme le messie. Et le pire, c’est que lui aussi y a cru un peu trop vite.
Il a été placé avec Suzuki et Caufield, il a eu des minutes en avantage numérique, on lui a déroulé le tapis rouge, mais la marche était haute, trop haute.
Ce qu’on retient aujourd’hui, c’est qu’à défaut d’avoir conquis la ligue, Demidov a découvert ce qu’était la Ligue nationale, dans toute sa brutalité, sa vitesse et sa rigueur.
Alors oui, son objectif est maintenant clair : un contrat de 128 millions, comme Kaprizov. Mais pour y arriver, il devra apprendre à jouer sans la rondelle.
Il devra affronter les meilleurs du monde sans peur, bloquer des tirs sans réfléchir, gagner ses batailles à un contre un avec la rage des grands compétiteurs.
Il devra comprendre que le chemin vers un contrat de 128 millions ne passe pas par les passes transversales en avantage numérique, mais par le jeu complet à 200 pieds
Il a l’avenir devant lui. Il a l’encadrement parfait. Il a Lane Hutson, Nick Suzuki, Martin St-Louis et la ville de Montréal derrière lui. Il a tout.
Mais tant qu’il ne livrera pas la marchandise à 5 contre 5, il n’aura jamais le droit de se comparer à Kirill Kaprizov, et encore moins d’espérer la même paie.
Et s’il y a un chiffre qui doit hanter Ivan Demidov dans les prochains mois, c’est bien le 15,5 millions par saison que le Wild est prêt à offrir à Kirill Kaprizov.
Pas parce qu’il le mérite déjà.
Mais parce que ça devient, d’un coup, la nouvelle barre salariale pour les ailiers russes de luxe qui veulent s’imposer dans la LNH.
Et là-dessus, Demidov n’aura pas le choix de regarder la réalité en face.
Il ne pourra pas se cacher derrière les highlights ou les flashs d’intelligence offensive.
S’il veut même rêver de 100 millions dans sa carrière, il devra sortir du vestiaire plus tôt, rester après les pratiques, et faire quelque chose qu’il n’a jamais eu besoin de faire en Russie : se salir les mains dans les tranchées défensives.
Le problème, c’est que Kaprizov a eu le luxe de grandir dans l’ombre, dans un marché secondaire, loin des projecteurs et des attentes religieuses d’un peuple assoiffé de sauveurs.
Demidov, lui, n’a pas eu ce privilège.
À Montréal, il est arrivé avec la pancarte de « demi-dieu » autour du cou, et il devra maintenant prouver qu’il est capable de survivre aux critiques… quand les points ne viennent plus.
Et à 5 contre 5, en ce moment, les points ne viennent pas.
À suivre