Controverse au Centre Bell: la revanche de France-Margaret Bélanger

Controverse au Centre Bell: la revanche de France-Margaret Bélanger

Par David Garel le 2025-09-04

Il y a des femmes qui s’excusent d’être fortes. Et puis, il y a France-Margaret Bélanger.

Dans le chaos ambiant du Centre Bell, alors que les polémiques s’enchaînent plus vite qu’un revirement de Mike Matheson, une seule constante demeure : l’inébranlable présence de la présidente Sports et Divertissement du Groupe CH.

Imperméable aux critiques, sourde aux rumeurs, impassible devant les tempêtes médiatiques, France-Margaret Bélanger est l’exemple même de la dirigeante moderne. Froide? Peut-être. Stratège? Définitivement. Intimidée? Jamais.

Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme aujourd’hui la Big Boss du Canadien de Montréal.

Les rumeurs ne l’égratignent pas.

Avant d’aborder les récents scandales qui secouent l’organisation, commençons par rappeler ce que d’autres auraient tenté d’enterrer : la vie privée de France-Margaret Bélanger a longtemps été scrutée, commentée, déformée.

D’abord en lien avec son ancienne relation avec Marc Bergevin, puis plus récemment avec son couple officiel avec l’ex-capitaine du CH, Vincent Damphousse.

Un triangle amoureux dans le monde du hockey? Voilà de quoi nourrir les balados comme Stanley25 et inspirer les blogues populaires comme Hockey30.

Le scénario était trop bon pour être ignoré : une femme de pouvoir au cœur de l’organisation la plus mythique du sport canadien, prise entre un ancien DG et une légende des années 90. De quoi créer des remous… sauf chez elle.

Parce que France-Margaret Bélanger ne joue pas dans les feuilletons. Elle les survole. Tandis que la RBC congédiait sa CFO Nadine Ahn pour une relation personnelle non divulguée, Bélanger, elle, continuait d’opérer dans la transparence glaciale qui la définit. Aucune crise de gouvernance. Aucun scandale. Pas même une mauvaise citation.

L’affaire avec Marc Bergevin? Éteinte dans le silence. La relation avec Damphousse? Officielle, assumée, respectable.

Et surtout, sans impact sur les décisions sportives. Damphousse, rappelons-le, n’a jamais postulé pour le poste de DG en 2022, probablement par respect pour cette ligne invisible qu’impose leur couple.

Professionnalisme, point.

Mais là où d’autres auraient craqué, c’est dans la plus grosse controverse de sa carrière : le licenciement brutal de 159 hôtes et hôtesses du Centre Bell.

Une “réorganisation”, disait-on. Mais pour les employés, c’était un choc. Une trahison. Une claque.

On ne parle pas ici de réaffectation ou de révision de poste. Non. On parle d’un renvoi collectif, à quelques semaines des séries, sans ménagement, sans reconnaissance.

Des pères, des mères, des gens qui, du jour au lendemain, devaient trouver un nouveau moyen de nourrir leur famille.

«Je pensais que j’allais vomir», a confié une employée.

Une autre n’a même pas pu finir son quart de travail. Et que disait la direction? Que ce n’était “pas du tout lié” aux négociations syndicales en cours. Personne n’a cru à cette ligne. Pas même les Teamsters, le syndicat représentant les travailleurs, qui dénonçaient une «décision purement comptable».

Et pourtant, au cœur de cette tourmente, France-Margaret Bélanger n’a pas bronché. En entrevue, elle a récité le discours corporatif avec la même rigueur qu’un avocat en salle d’audience.

Froid, calculé, chirurgical. C’est sa marque de commerce.

Elle savait que l’image serait désastreuse. Elle savait qu’on l’accuserait d’avoir perdu son humanité. Et elle l’a assumé. Sans excuse. Sans larme. Sans posture défensive. Parce que dans son monde, la pitié est une faiblesse. Et la faiblesse, elle ne connaît pas.

Puis, comme si ce n’était pas suffisant, voilà que le Canadien de Montréal déclenche une nouvelle guerre : le logo sur la glace du Centre Bell a été changé. Pour la première fois depuis 2018.

Fini le cercle blanc traditionnel. Place à un rouge vif, profond, texturé. Le logo du CH trône toujours au centre, mais avec un effet 3D prononcé.

Autour? L’année de fondation, 1909, et un cercle orné de 24 rainures représentant les 24 Coupes Stanley. Une fierté historique. Mais aussi, pour certains, une honte visuelle.

Sur les réseaux sociaux, les puristes ont crié au sacrilège. «C’est pas ça, le hockey!» «Le logo doit rester blanc!» «Encore une idée marketing ridicule!»

Mais encore une fois, France-Margaret Bélanger a gardé le cap.

Car derrière ce changement se cache une stratégie. Une vision. Une orientation assumée vers une clientèle plus jeune.

Le marketing sportif d’aujourd’hui n’est plus celui des années 90. Il faut innover, déranger, surprendre. Et surtout : séduire la jeunesse.

Le logo 3D, les couleurs vibrantes, les références aux 24 coupes, tout est pensé pour faire parler. Et c’est réussi.

France-Margaret Bélanger sait très bien que les critiques sont inévitables. Comme quand on l’a critiquée pour son couple avec Bergevin.

Comme quand on l’a critiquée pour son ascension fulgurante dans l’organigramme. Comme quand on l’a critiquée pour avoir «brisé» le syndicat des hôtes.

Mais à chaque fois, elle a gagné.

Il faut comprendre que rien n’est laissé au hasard avec France-Margaret Bélanger. Chaque mot, chaque geste, chaque décision est calculé. Et si elle défend aujourd’hui la télésérie La Reconstruction, diffusée sur Crave, ce n’est pas pour faire plaisir aux fans. 

«C’est une façon d’appuyer la transparence avec laquelle Jeff Gorton avait parlé en novembre 2021», dit-elle.

Mais cette stratégie n’est pas anodine. Elle est brillante. Parce qu’elle permet au CH de contrôler le récit. De faire croire que la reconstruction n’est pas finie, même après l’arrivée de Noah Dobson et Zachary Bolduc. De donner du temps au coach. De désamorcer les critiques. Bref, de gagner du temps.

Encore une fois : France-Margaret Bélanger gagne du temps. Elle gagne toujours.

Réjean Tremblay, éternel chien de garde du hockey montréalais, a flairé la manœuvre. Dans ses chroniques, il rappelle que les calinours ne gagnent pas de Coupe Stanley. Que St-Louis devra livrer des résultats. Que la reconstruction, ça suffit. Que la patience a des limites.

Mais même Tremblay reconnaît l’intelligence de la stratégie de Bélanger. Il l’égratigne, oui, mais il comprend qu’elle est la plus brillante dans le bâtiment. La mieux préparée. La plus blindée.

Parce que France-Margaret Bélanger n’est pas là pour se faire aimer. Elle est là pour régner.

Ceux qui l’ont sous-estimée paient le prix. Ceux qui l’ont critiquée n’ont plus de tribune. Ceux qui ont douté d’elle n’ont plus de micro.

Elle a traversé les tempêtes. Elle a fermé la porte à Tremblant. Elle a calmé les fans avec une série documentaire. Elle a viré 159 employés sans flancher. Et elle a imposé un nouveau branding visuel sur la glace.

Tout ça, en tenant tête à une culture d’entreprise historiquement masculine, conservatrice, synonyme de Boy's club.

Et aujourd’hui? C’est elle, la Big Boss.

Pas Kent Hughes. Pas Jeff Gorton. Pas Geoff Molson.

France-Margaret Bélanger est l’architecte silencieuse de la nouvelle ère du Canadien. Une ère plus froide, plus jeune, plus stratégique.

Et que ça plaise ou non… elle gagne.

La revanche... d'une Big Boss...