Controverse avec le casque de Jacob Fowler: il ne mérite pas ce traitement

Controverse avec le casque de Jacob Fowler: il ne mérite pas ce traitement

Par David Garel le 2025-04-05

C’est le genre de controverse absurde qu’on ne voit qu’à Montréal. Et encore. Jacob Fowler, prodige devant le filet et nouvel espoir du Canadien de Montréal, est déjà pris dans une tempête idéologique qui n’a strictement rien à voir avec le hockey. 

Et cette fois, ce n’est pas à cause de ses performances, de son style papillon ou de son choix de musique d’échauffement. Non, ce sont les couleurs de son casque — aux couleurs de la Floride — qui font scandale.

Le jeune gardien, tout juste débarqué du programme universitaire de Boston College, a récemment signé un contrat d’essai avec le Rocket de Laval.

Une bonne nouvelle? Absolument. Mais au lieu d’être célébré comme l’un des sauveurs potentiels de l’organisation, Fowler se retrouve au cœur d’une polémique profondément injuste et gratuite.

Le péché : avoir mis la Floride sur son masque.

Sur son masque, Jacob Fowler a choisi de faire honneur à l’État qui l’a vu grandir, s’épanouir et rêver à la LNH : la Floride. (voir la photo au bas de l'article).

Mais voilà, l’inscription “SUNSHINE STATE” sur son casque (avec une orange) semble en avoir offensé certains au Québec… parce que la Floride est souvent associée à l’univers politique de Donald Trump, aux lois controversées de Ron DeSantis et à une certaine culture conservatrice.

Résultat? Des commentaires venimeux ont envahi les réseaux sociaux, accusant à tort Fowler de « faire de la propagande trumpiste », de « n’avoir pas sa place dans une ville progressiste comme Montréal » ou encore de « véhiculer des valeurs américaines toxiques ».

Tout ça… pour une illustration d’état sur un casque de hockey. Et surtout, sans aucune déclaration politique de la part de Jacob Fowler lui-même.

Il faut le répéter avec force : Jacob Fowler n’a jamais parlé de politique. Il n’a jamais pris position pour Trump, ni pour DeSantis, ni pour quelque figure partisane que ce soit.

Son masque n’est qu’une reconnaissance affectueuse envers ses racines, tout comme un joueur québécois pourrait arborer le drapeau du Québec sur son équipement.

Mais à l’ère où tout devient politisé, Fowler est devenu malgré lui une cible facile pour des frustrations idéologiques mal dirigées.

Certains fans, notamment sur X et Instagram, ont poussé l’absurdité à des sommets. L’un d’eux a même écrit :

« On a assez de problèmes dans le monde en ce moment, pas besoin d’en voir un dans notre filet. »

Un autre a insinué que :

« Si Fowler aime tant la Floride, qu’il y reste. On ne veut pas de PRO-TRUMP avec le CH. »

Ces propos ne relèvent ni du sport, ni du bon sens. Ils ne sont que la preuve d’un climat toxique et d’une certaine intolérance rampante qui gangrène les débats au Québec. Depuis quand le hockeyeur est-il tenu responsable des politiques de l’État dans lequel il a grandi?

Et c’est peut-être ce qui rend cette attaque encore plus déplorable : Jacob Fowler ne répond pas. Il garde le silence. Il continue de travailler, de s’entraîner, de se concentrer sur sa mission : gagner avec le Rocket et se tailler une place à Montréal.

Mais il serait faux de croire qu’il n’est pas affecté. Ce jeune homme de 20 ans, brillant, articulé et extrêmement motivé, n’est pas insensible à la perception du public. Ce qu’on lui reproche aujourd’hui, il le traînera longtemps.

Et s’il y avait une leçon à tirer de cette controverse, c’est bien celle-ci : Fowler ne mérite pas ce traitement.

Il faut aussi comprendre que Jacob Fowler débarque dans un marché ultra-chargé émotionnellement. Le CH est en pleine course aux séries. Jakub Dobeš s’effondre. Samuel Montembeault est surchargé. Cayden Primeau vit sa propre saga. Et voilà que Fowler, espoir tant attendu, devient le nom que tout le monde chuchote.

Mais ce n’est pas tout : ses négociations contractuelles ont déjà été intenses. Son agent voulait un contrat d’entrée LNH maintenant, pour qu’il puisse brûler une année de son entente et potentiellement aider le CH dès cette saison. 

Kent Hughes a refusé. Et même si Fowler a fini par plier, en acceptant un contrat d’essai avec Laval, ce dossier a été tendu.

Imaginez maintenant l’état d’esprit d’un jeune homme qui vient d’essuyer une négociation difficile avec sa future organisation… et qui se fait insulter sur les réseaux sociaux à cause d’un casque.

Une tempête injuste… qui ne doit pas le définir

Il est impératif que les partisans du Canadien fassent la part des choses. Jacob Fowler n’est pas un politicien. Ce n’est pas un militant. Ce n’est pas un porte-étendard. C’est un gardien de but exceptionnel, un espoir réel, un professionnel en devenir.

Et son masque? Ce n’est qu’un symbole personnel d’attachement, comme tant d’athlètes en portent. Rien de plus.

Le hockey à Montréal est une religion. L’émotion y règne, la passion y brûle, et parfois, la ligne entre critique légitime et injustice est franchie. Dans le cas de Jacob Fowler, on a dépassé la ligne.

Il est temps de le soutenir. De l’encourager. De voir plus loin qu’une illustration sur son masque.

Au-delà de ses statistiques extraordinaires, de son style technique ou même de son immense potentiel, l’important avec Jacob Fowler, c’est qu’il est un bon Jack. Un vrai bon gars. Un jeune respectueux, apprécié de ses coéquipiers, de ses entraîneurs, de ses professeurs et même des partisans.

C’est ce genre de personnalité rassembleuse et positive qui fait toute la différence dans une chambre, surtout dans un marché aussi intense que Montréal.

Loin de la prétention ou de l’arrogance qu’on voit parfois chez les jeunes prodiges, Fowler arrive avec une humilité rare. Il n’est pas là pour faire du bruit : il est là pour faire sa place en travaillant. Et ça, Kent Hughes et Jeff Gorton l’ont tout de suite senti.

C’est pour ça qu’ils l’ont ciblé au repêchage. C’est pour ça qu’ils ont tenu bon dans la négociation. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, tout le monde peut se réjouir. Parce qu’au-delà du talent, le CH vient de mettre la main sur une vraie bonne personne.

Et surtout, il est temps de se rappeler que Montréal n’est pas la Floride. Montréal est meilleure. Montrons-lui que nous sommes capables de grandeur, pas de mesquinerie.

Jacob Fowler mérite notre respect. Pas nos jugements mal informés.

Controverse avec le casque de Jacob Fowler: il ne mérite pas ce traitement