Coup de circuit à Montréal: les centres du Kraken choquent le marché des transactions

Coup de circuit à Montréal: les centres du Kraken choquent le marché des transactions

Par Marc-André Dubois le 2025-06-26

Les amateurs de hockey qui suivent les Canadiens de Montréal depuis trop longtemps savent reconnaître une ouverture quand ils en voient une.

Et celle qui s’ouvre actuellement du côté du Kraken est gigantesque. La transaction qui a envoyé Frédérick Gaudreau à Seattle pour un maigre choix de 4e ronde, en apparence banale, cache en réalité une congestion dangereuse au centre pour le Kraken. Il y a trop de centres. Beaucoup trop.

Matty Beniers, Shane Wright, Jared McCann, Chandler Stephenson, Frédérick Gaudreau, Joe Veleno, sans oublier Berkly Catton, considéré comme un prodige chez les espoirs.

C’est une collection qui frôle l’indigestion. Et dans une Ligue nationale obsédée par l’équilibre, cela signifie une chose : une transaction s’en vient. Inévitablement.

Et si cette transaction impliquait Kent Hughes? Et si le Canadien de Montréal parvenait à faire le coup de circuit de l’année? Ce ne serait pas la première fois que Hughes sort un lapin de son chapeau.

Sauf que cette fois, il ne s’agirait pas d’un pari risqué sur un espoir. Il s’agirait de mettre la main sur Matty Beniers. Le Matty Beniers. Celui que tout le monde voyait comme un futur Patrice Bergeron.

Oui, le Beniers récipiendaire du trophée Calder. Celui qui avait l’air de flotter sur la glace à sa première saison. Celui qui patine, qui pense, qui gagne ses mises en jeu, qui joue responsable dans les trois zones. Un centre complet, rare, précieux, déjà prêt. Et pourtant, il est peut-être disponible.

Pourquoi? Parce que le Kraken est coincé. Coincé avec trop de centres, coincé avec une masse salariale à gérer, coincé avec la pression de gagner maintenant.

Et surtout, coincé avec Shane Wright qui a terminé la saison en feu.

Wright, choix de premier tour en 2022, commence à prendre la place qui lui revient. Beniers, lui, plafonne. Après une saison recrue de 57 points, il a chuté à 37, puis à 43. Rien d’inquiétant en soi, mais pas à la hauteur d’un contrat de 7,35 millions jusqu’en 2031.

Le Kraken veut réinventer son top-6, rajouter de la fougue sur ses ailes, et solidifier sa défensive. Le CH peut l’aider. Il peut offrir les choix 16 et 17. Il peut offrir un défenseur droitier en pleine ascension comme Logan Mailloux.

Il peut même balancer les salaires en envoyant Josh Anderson, alors que Seattle a beaucoup d'espace sur sa masse salariale (autour de 16,5 M$ après avoir ajouté le contrat de trois ans et 2,1 M$ par saison de Gaudreau).

Et si ça ne suffit pas, le nom d’Adam Engstrom ou d’Arber Xhekaj peut entrer dans la danse.

La beauté de la chose? C’est que le Kraken a des besoins à droite sur sa défensive... comme à gauche...

Adam Larsson, Brandon Montour et Ryker Evans sont les seuls noms solides à droite.

À gauche, Vince Dunn, Jamie Oleksiak et Josh Mahura ne représentent pas une brigade prête pour les grands honneurs. Le CH, lui, a du matériel à la ligne bleue qui pourrait séduire Seattle. 

Mais si ce n’est pas Beniers, alors qui? Chandler Stephenson? À 6,25 millions jusqu’en 2031, il devient un candidat logique. Centre expérimenté, fiable, capable de jouer avec les meilleurs. Le Canadien pourrait l’obtenir pour moins que Beniers, tout en assurant un centre de transition avant que Michael Hage ou Owen Beck n’arrivent à maturité.

On parle d'une option beaucoup plus réaliste que Beniers pour Kent Hughes. À 31 ans, le centre polyvalent n’a plus le lustre d’un espoir, mais il reste un contributeur efficace.

Il a déjà enregistré deux saisons de 64 et 65 points à Vegas, et a tout de même amassé 51 points à chacune des deux dernières campagnes.

Le hic, c’est son contrat. Signé jusqu’en 2030 à 6,25 millions $ par année, il aura 37 ans à la fin de l’entente. Ce type de contrat long et coûteux refroidit n’importe quel DG prudent.

Mais dans un contexte où le Canadien manque cruellement de centres établis, Stephenson pourrait être un pansement de luxe. Pas une solution à long terme, mais un stabilisateur immédiat. Reste que son âge et son contrat nous donne mal au coeur.

Et Shane Wright? Et si, dans un scénario digne d’un film, Shane Wright atterrissait enfin à Montréal, lui qui devait y être repêché en 2022?

Ce serait une histoire complètement folle. Rejeté au repêchage 2022 par le Canadien de Montréal au profit de Juraj Slafkovsky, Wright a vu sa carrière progresser lentement mais sûrement. I

ll a terminé la saison 2024-2025 avec 44 points, dont 19 buts, en 79 matchs, et un différentiel de +4. Ce n’est pas encore une production de star, mais c’est celle d’un centre two-way qui a fait sa place dans la LNH.

Wright a prouvé qu’il avait le mental et l’intelligence de jeu pour devenir un centre top 6 fiable dans la LNH. Imaginez un instant Wright et Slafkovsky réunis à Montréal, non plus comme rivaux, mais comme coéquipiers.

Une ligne Caufield–Wright–Slafkovsky? On brise le premier trio pour réunir Patrik Laine avec Nick Suzuki et Ivan Demidov?  

Ce serait le déclencheur d’une ère nouvelle au Centre Bell.

Son contrat d’entrée est encore actif pour deux saisons. Il pourrait grandir avec Demidov, Hutson et compagnie. Ce serait spectaculaire.

Le timing est parfait. Seattle est dans une situation de surplus. Montréal, dans un état de manque. Et tout ce qu’il faut, c’est un DG prêt à prendre un risque. Hughes l’a fait pour Dach. Il peut le refaire pour Beniers.

Offrir deux choix de première ronde et Logan Mailloux pour un centre établi, c’est un coup dur. Surtout que Hughes devra rajouter des éléments au "package" pour convaincre le Kraken.

Mais attendre trois ans que Michael Hage atteigne son plein potentiel, c’est un autre pari, peut-être plus risqué encore.

Demidov arrive. Il faut un centre. Tout de suite. Pas demain. Pas dans deux ans. Maintenant. Et Beniers est peut-être la réponse.

Ou Wright... ou Stephenson...

Hughes doit foncer. Parce que dans la fenêtre d’opportunité qui s’ouvre à Seattle, chaque jour d’hésitation est un jour perdu.

Le CH peut frapper fort. S’il ose.