Coup de circuit à Pittsburgh: Pascal Vincent envoie un message à Kent Hughes

Coup de circuit à Pittsburgh: Pascal Vincent envoie un message à Kent Hughes

Par Marc-André Dubois le 2025-05-25

Pascal Vincent n’avait pas besoin de parler fort. Il a laissé son gardien parler pour lui. Cayden Primeau a répondu présent avec un blanchissage de 5-0 contre les Americans de Rochester, envoyant le Rocket de Laval en finale de l’association.

Mais au-delà du résultat, c’est le message derrière la victoire qui ébranle les fondations de l’organisation du Canadien.

Le message? Ne jouez pas dans mes platebandes.

Vendredi, le Rocket a connu une débâcle embarrassante. Jacob Fowler, imposé dans le filet par Kent Hughes et Jeff Gorton malgré les réticences de Vincent, s’est fait sortir du match après avoir accordé 4 buts sur 14 tirs. La décision venait d’en haut, et tout le monde le savait.

Pascal Vincent avait affirmé publiquement : « Tu ne développes pas juste quand ça fait l’affaire », justifiant l’alternance des gardiens.

Mais personne n’y croyait. Vincent était piégé. En séries éliminatoires, ce n’est pas le moment de jouer au yo-yo avec un jeune gardien.

Soit tu gardes Fowler après sa série magique contre Cleveland, soit tu le retires pour de bon au profit de Primeau. Mais tu ne le jettes pas dans la gueule du loup pour mieux l’abandonner.

Samedi matin, selon nos informations, Kent Hughes serait personnellement descendu dans le bureau de Vincent pour imposer sa volonté.

« Fowler est notre futur », aurait-il lancé. La hiérarchie du CH voulait envoyer un message clair : Laval est un club de développement, pas une véritable équipe de compétition.

Mais dimanche, Pascal Vincent a répondu de la seule façon possible. Il a envoyé Cayden Primeau dans le filet. Et il a gagné. Avec autorité. Avec classe. Avec fermeté. Le message était limpide : le coach, c’est moi.

Dans un match crucial, Primeau a réalisé 26 arrêts. Il a fermé la porte. Il a éteint les doutes. Et surtout, il a forcé la main de l’état-major. Car maintenant, le CH ne peut plus jouer aux apprentis sorciers. Primeau devra garder les buts pour toute la finale. Point final.

Pascal Vincent, en zone média, n’a pas haussé le ton. Mais ses yeux disaient tout. Il n’a pas parlé de développement. Il a parlé de victoire. Il a parlé de caractère. Il a parlé d’unité.

« On est revenus à notre identité. Discipline. Simplicité. Efficacité. »

On était loin de l’embarras de vendredi. Le message était clair : à Laval, c’est encore l’entraîneur-chef qui choisit qui joue. Et Vincent, avec ce geste, s’est réapproprié son vestiaire.

Mais cette victoire, aussi grande soit-elle, pourrait être le dernier chapitre de Pascal Vincent à Laval. Car son nom commence à circuler. Et pas n’importe où.

Les Penguins de Pittsburgh s’intéressent sérieusement à lui, au point où l’idée qu’il devienne l’entraîneur de Sidney Crosby ne semble plus aussi farfelue. Même TVA Sports a nommé les Penguins.

Et Vincent n’a rien fait pour éteindre ces rumeurs. Bien au contraire.

«Je ne veux pas dire que je n’ai pas eu des conversations», a-t-il avoué, laissant clairement entendre qu’il a été contacté par certaines équipes.

Et quand on parle de Pittsburgh, c’est du sérieux. Le respect que Vincent inspire et sa façon de redonner une identité à un vestiaire ne passent pas inaperçus dans une organisation en quête de renouveau.

Seattle est l’autre destination possible. Le Kraken a manifesté de l’intérêt pour Lane Lambert, adjoint des Maple Leafs, mais n’a toujours pas nommé d’entraîneur-chef. 

Dans ce contexte, Pascal Vincent apparaît comme un candidat de plus en plus séduisant. Il l’a dit lui-même :

«S’il y a de l’avancement dans les conversations et qu’il y a un intérêt qui devient de plus en plus sérieux, je veux mettre le focus sur le Rocket… mais je suis capable de leur parler aussi.»

Pour un coach en pleine série avec Laval, cette transparence est révélatrice. Oui, il est loyal. Mais il est aussi prêt à franchir la prochaine étape.

Pascal Vincent a dirigé en LNH, a un passé de développeur d’espoirs et une réputation d’homme droit et travaillant. Exactement le profil que recherche Kyle Dubas, qui a toujours aimé les entraîneurs de la ligue américaine.

Pittsburgh et Seattle représentent deux défis radicalement différents pour Pascal Vincent, chacun avec ses propres implications et pressions.

S’il choisit Pittsburgh, il héritera d’une équipe vieillissante, mais toujours animée par la volonté de donner à Sidney Crosby un dernier tour d’honneur en séries éliminatoires. Le mandat est clair : maximiser les dernières années de l’un des plus grands joueurs de l’histoire en trouvant un équilibre entre performances immédiates et transition inévitable.

À Seattle, le contexte est tout autre. Le Kraken est une jeune franchise encore en construction, où le développement à long terme prime sur les résultats instantanés.

On lui demanderait de bâtir un noyau durable, de faire grandir les jeunes talents et de structurer une culture gagnante dès les fondations. Deux mandats, deux philosophies, mais un point commun : Vincent semble plus prêt que jamais à faire le saut définitif dans la LNH.

Et ironiquement, c’est peut-être ce soir-là, dans l’euphorie d’une victoire, que l’on aura compris que le divorce entre Vincent et le CH est inévitable.

Quand ton DG te coupe les jambes devant les journalistes, que tu dois couvrir ses décisions impopulaires, et que tu n’as plus le dernier mot sur tes alignements, il est temps de partir.

Ce que Pascal Vincent a fait dimanche soir, ce n’est pas qu’une victoire. C’est un acte de foi envers son groupe. Un rappel que le hockey, même au niveau professionnel, est encore une affaire d’instincts, de ressenti, d’hommes.

Les directeurs peuvent bien empiler les tableurs Excel, Vincent, lui, regarde dans les yeux de ses joueurs. Et quand Cayden Primeau lui a dit « Je suis prêt », il l’a écouté.

Maintenant, le Rocket est en finale. Et quoi qu’il arrive, la bataille de vendredi aura laissé des cicatrices profondes dans l’organisation.

Vincent a remporté sa guerre interne.

Et c’est tout à son honneur.