Coup de circuit pour Lane Hutson: Kent Hughes va plier

Coup de circuit pour Lane Hutson: Kent Hughes va plier

Par David Garel le 2025-08-18

Il y a des négociations qui font trembler les murs d’un amphithéâtre.

Il y a des discussions contractuelles qui dépassent le cadre des dollars pour devenir de véritables luttes de pouvoir, d’image et de hiérarchie.

L’actuel bras de fer entre Kent Hughes et l’agent de Lane Hutson appartient à cette catégorie. On ne parle plus ici d’un simple contrat de prolongation : on parle de l’avenir de la défensive montréalaise, du symbole même de ce que le Canadien veut être dans les prochaines années, et du jeu dangereux de l’ego entre dirigeants et agents.

Car tout est là. D’un côté, Hughes qui veut protéger l’équilibre salarial du Tricolore, avec en toile de fond le plafond salarial qui grimpe mais qui exige une planification chirurgicale.

De l’autre, le clan Hutson, convaincu que leur protégé est déjà prêt à devenir l’un des défenseurs les mieux payés de la LNH.

Et au centre de cette équation, un intrus inattendu : Noah Dobson, fraîchement débarqué à Montréal, qui rebat toutes les cartes.

Depuis que Hughes a frappé un grand coup en allant chercher Dobson, une vérité s’impose : l’ancien des Islanders touche 9,5 millions par saison, un salaire digne de l’élite de la ligue.

Dans l’esprit de plusieurs, c’est lui qui doit incarner le point d’ancrage des comparaisons.

Mais pour Hutson, la donne est cruelle. Comment accepter un contrat inférieur à celui de Dobson, alors qu’il a terminé la saison avec 66 points, contre seulement 39 pour son nouveau coéquipier ?

Comment ignorer que NHL Network l’a placé au 19ᵉ rang des meilleurs défenseurs de toute la ligue, alors que Dobson ne figure même pas dans le top-20 ?

Le clan Hutson le sait : la guerre des chiffres est en leur faveur. Et leur agent ne veut rien laisser au hasard. S’ils s’entendent autour de 9,75 millions de dollars par année, Hutson deviendrait le joueur le mieux payé de l’équipe, devant même Dobson.

À court terme, cela flatterait l’ego du jeune défenseur et de son entourage. Mais à long terme, cela créerait un casse-tête pour Hughes, qui doit gérer une masse salariale où Suzuki et Caufield sont à 7,8 et 7,85 millions, respectivement.

La stratégie du clan Hutson est claire comme de l'eau de roche: attendre que Connor Bedard, Logan Cooley, Adam Fantilli et Leo Carlsson signent leurs nouvelles ententes avant de fixer les bases définitives.

Pourquoi ? Parce que ces joueurs, tout comme Hutson, arrivent à la fin de leur contrat d’entrée. Eux aussi peuvent viser le gros lot, et leur valeur sur le marché sera utilisée comme baromètre.

L’agent de Hutson espère un effet domino. Si Bedard obtient un contrat monstrueux dépassant les 11 millions, il sera plus facile de justifier une entente autour de 10 millions pour Hutson.

Si Cooley ou Fantilli décrochent des montants massifs, l’argumentaire sera déjà prêt : « mon client est au même niveau, voire meilleur, il mérite autant, sinon plus. »

C’est une stratégie de poker, une partie d’échecs où chaque coup est calculé. L’agent veut frapper un coup de circuit, rien de moins.

Au moins, les négociations ont repris. Car pour le moment, les négociations sont rompues. Silence radio entre Hughes et le clan Hutson.

Dans un contexte normal, ce ne serait qu’un détail. Mais ici, le facteur temps change tout. Car dès le 1er juillet 2026, une nouvelle clause de la convention collective entrera en vigueur : les contrats de huit ans ne seront plus permis, seulement des ententes de sept ans maximum.

Autrement dit, c’est la dernière chance pour le Canadien de verrouiller Hutson pour huit ans. Si le dossier s’étire et qu’aucun terrain d’entente n’est trouvé avant cette date, l’équipe perdra automatiquement une année de contrôle.

À Montréal, où chaque année compte dans la reconstruction, cette perspective a de quoi inquiéter. Pour Hughes, l’impasse actuelle n’est donc pas une simple question de calcul salariale : c’est une bataille contre la vitesse du temps.

Chaque jour de silence alourdit la pression.La hiérarchie interne : un casse-tête explosif

Dans ce contexte, une question revient sans cesse : qui est le véritable numéro un de la défensive montréalaise ?
Bleacher Report a déjà tranché : c’est Dobson.

Pour eux, malgré ses 39 points, l’ancien des Islanders reste le défenseur le plus complet, capable de jouer dans toutes les situations, solide défensivement et reconnu dans le circuit pour son intelligence de jeu.

Mais pour plusieurs observateurs, le titre revient à Hutson. Ses 66 points, sa créativité, son instinct offensif en font le moteur principal de la relance et du jeu de puissance. Lui donner un rôle secondaire dans l’organigramme, c’est nier l’évidence.

Et c’est là que Hughes est piégé. Comment convaincre Hutson de signer à un montant inférieur à celui de Dobson alors que les arguments statistiques plaident en sa faveur ?

Comment éviter de créer un conflit d’ego dans le vestiaire si le plus productif est moins bien payé que son coéquipier ?

Le Canadien a déjà vécu une situation délicate il y a deux ans. Lorsque Caufield a signé sa prolongation de 7,85 millions, il est devenu le joueur le mieux payé du CH, devant Suzuki. Hughes a alors insisté sur le fait que la hiérarchie salariale devait rester cohérente, qu’aucun joueur ne devait exploser la grille interne.

Mais aujourd’hui, ce discours semble difficile à maintenir. Car Hutson, de par son talent et son profil, réclame déjà le sommet. Et son agent le sait très bien.

Accepter de faire de Hutson le mieux payé du club, ce serait accepter de bouleverser à nouveau l’équilibre. Mais refuser, ce serait courir le risque de perdre une année de contrôle contractuel, voire d’alimenter un ressentiment qui pourrait exploser plus tard.

Il y a aussi un facteur psychologique qu’Elliotte Friedman a bien résumé récemment : les jeunes vedettes de la ligue se comparent entre elles.

Pas seulement sur la glace, mais aussi dans les colonnes salariales. Pour elles, la compétition ne se limite pas aux points et aux trophées : elle va jusqu’au montant de leurs chèques.

Et dans cette course à l’argent, Hutson veut être au sommet. Il ne veut pas seulement être meilleur que Dobson sur la glace : il veut aussi l’être sur papier.

C’est une bataille d’ego, une bataille de chiffres, une bataille qui dépasse le hockey. Et c’est cette dynamique qui rend le dossier explosif.

Le Canadien est à la croisée des chemins. Hughes peut soit céder aux demandes du clan Hutson et offrir un contrat autour de 9,75 millions, acceptant de faire de son jeune défenseur le joueur le mieux payé de l’organisation. Soit il peut camper sur ses positions, risquant ainsi de perdre une année de contrôle et de créer une tension durable avec un joueur qui incarne l’avenir de l’équipe.

Dans tous les cas, la décision aura un impact majeur. Car on ne parle pas ici d’un simple contrat : on parle d’un symbole, d’un signal envoyé à toute la ligue et à tout le vestiaire.

Lane Hutson est peut-être, comme certains le disent déjà, le plus grand talent offensif montréalais depuis Guy Lafleur à l’attaque.

Et son agent le sait. C’est pourquoi il pousse si fort.

Mais au final, la vraie question est simple : Kent Hughes acceptera-t-il de payer le prix de ce talent, au risque de bouleverser son plan, ou choisira-t-il de tenir la ligne, au risque de tout perdre ?

Le DG du CH n'a plus le choix. Il doit plier...

Il va plier...