Il y a quelques semaines à peine, Patrick Roy était un homme assiégé.
Anthony Duclair était en dépression et mettait la faute sur son coach, Lou Lamoriello était furieux, les médias de Long Island réclamaient sa tête, et une fin de saison à saveur d’humiliation publique tourmentait le cerveau du grand Patrick.
Roy semblait plus proche du congédiement que de la Coupe Stanley.
Aujourd’hui? Il rit dans sa barbe. Littéralement.
Et ce n’est pas seulement une métaphore. Roy a recommencé à se la laisser pousser. Un détail, peut-être, mais dans le monde de Roy, rien n’est un hasard.
Sa barbe, c’est un symbole de stabilité retrouvée, de confort, de pouvoir retrouvé. Et surtout, de liberté depuis le congédiement de Lamoriello.
Parce qu’il sait. Il sait que son contrat de 3 ans signé en catimini par Lou Lamoriello commence seulement en 2025-2026.
Il sait qu’il est maintenant un homme chargé d’or : 4,5 à 6 millions garantis, soit 1,5 à 2 millions par année, peu importe ce qui arrive.
Les journalistes de Long Island ne se mettent pas d'accord sur son salaire, mais peu importe. On parle de plusieurs millions de dollars que les propriétaires des Islanders ne veulent pas perdre.
Qu’il entraîne ou non, qu’il gagne ou qu’il perde, Roy est payé. Et ça change tout.
Mathieu Darche, lui, vient d’atterrir dans l'eau chaude.
Nommé DG et vice-président des opérations hockey des Islanders, Darche a hérité d’un club vieillissant, d’un alignement lourd, d’un marché impatient, mais surtout… de Patrick Roy. Un Roy qui, loin d’être un simple entraîneur sous contrat, est devenu un acteur politique à Long Island.
Parce que Roy a toujours su jouer à l’échiquier médiatique. Et cette fois, il a devancé tout le monde.
Avant même que Darche ne pose un pied dans son bureau, Roy aurait déjà eu des discussions. Des échanges « cordiaux », selon certains espions bien placés. Des discussions où Darche aurait manifesté un intérêt à garder Roy en poste.
Et voilà pourquoi, à Rimouski, pendant la Coupe Memorial, Patrick Roy affichait un sourire baveux. Il n’était pas stressé. Il n’était pas inquiet. Il ne rongeait pas son frein. Il rayonnait.
Parce qu’il sait.
Il sait que Darche n’a pas les coudées franches. Il sait que Lamoriello, toujours dans l’ombre, veut qu’on respecte son contrat.
Il sait qu’un congédiement serait une bombe financière pour une organisation frileuse à payer deux coachs. Il sait qu’il a l’appui du vestiaire. Il sait qu’il a ses entrées dans les bureaux. Et surtout, il sait qu’il est courtisé ailleurs.
Eh oui.
Elliotte Friedman l’a confirmé : trois équipes de la LNH attendent encore de connaître le sort de Patrick Roy avant de finaliser leur embauche. Pittsburgh, Seattle, Boston.
Des équipes qui voient en Roy un potentiel sauveur, un homme de culture, un électrochoc. Des équipes qui savent qu’il est encore plus que jamais pertinent. Et Roy le sait. Il n’a jamais été aussi puissant.
Il est le Roi. Le vrai. Le seul.
Et Darche? Il est coincé.
Il ne peut pas l’évincer sans déclencher une crise. Il ne peut pas le remplacer sans se tirer une balle dans le pied. Et il ne peut surtout pas l’ignorer.
Car Roy veut désormais être impliqué dans les décisions hockey. Selon Stefen Rosner, qui couvre les Islanders, il se dit déjà que Roy pourrait siéger à la table pour décider du premier choix au repêchage.
Qu’il pourrait même dicter l’identité des adjoints qui resteront (ou pas). Il ne sera pas un coach de passage. Il sera un homme de pouvoir.
Et Darche devra composer avec ça.
Le paradoxe est brutal : Darche, reconnu pour sa rigueur analytique, sa froideur stratégique, sa volonté de bâtir à long terme, doit maintenant composer avec un volcan émotionnel en pleine possession de ses moyens.
Et Roy le sait.
C’est pourquoi il affiche ce calme olympien. Ce petit air supérieur. Cette barbe qui pousse comme un drapeau de victoire. Il est en paix, parce qu’il a gagné.
Aujourd’hui, à Long Island, aura-t-il encore son mot à dire? Si on l’écoute, il préfèrera peut-être Michael Misa ou James Hagens au défenseur Matthew Schaefer lors du prochain repêchage. Parce que Roy aime les attaquants, ceux qui peuvent renverser un match à eux seuls. Et il va vouloir faire entendre sa voix.
C’est ça, maintenant, la réalité.
Roy n’est plus une pièce sur l’échiquier. Il est le joueur. Il tient les rênes. Il est blindé. Propriétaire de son avenir. Et à la seconde où Darche essaiera de le tasser… trois équipes ouvriront la porte. Trois équipes prêtes à le nommer coach-chef. Ou DG.
Alors Roy rit.
Il rit de ceux qui le disaient fini. Il rit des journalistes de Long Island qui réclamaient son congédiement. Il rit de ceux qui voyaient Bergevin prendre sa place. I
l rit surtout en pensant à Duclair, à qui il a montré la sortie. Car oui, Duclair partira. C’est inévitable. Roy ne veut plus de lui. Et Darche le sait.
Et le vestiaire? Il suivra Roy. Parce qu’il a l’expérience. Parce qu’il a gagné. Parce qu’il est là pour rester.
Et pendant que Darche tente de faire ses marques, Roy, lui, domine le tempo.
Il s’impose. Il rayonne. Il contrôle. Il rêve même déjà aux prochaines séries. À ses prochaines guerres médiatiques. À ses prochaines conquêtes. Et si Darche veut réussir, il n’a pas d’autre choix que de danser avec lui.
Patrick Roy, c’est le feu. L’intensité. Le chaos organisé.
Et à Long Island, on n’a d’autre choix que de composer avec lui.
Car il est riche, intouchable, et plus puissant que jamais. Le cauchemar est terminé.
Le roi est de retour. Et cette fois, il est en plein contrôle.