Coup de génie de Jeff Gorton et Kent Hughes : personne ne l'avait vu venir celui-là

Coup de génie de Jeff Gorton et Kent Hughes : personne ne l'avait vu venir celui-là

Par André Soueidan le 2025-09-13

Tu veux un nom à retenir cette semaine? Oublie Slafkovsky, oublie Beck, oublie Hutson.

Le vrai nom qui circule en coulisses à Brossard en ce moment, c’est Filip Eriksson.

Oui oui, Filip avec un F. Choix de 6e ronde du Canadien de Montréal en 2023, un nom que même les partisans les plus malades du repêchage n’ont pas pris le temps d’encadrer sur leur babillard à la maison.

Et pourtant… samedi, ce petit bonhomme suédois de 20 ans a décidé de briser Internet à sa manière.

Première game de la saison avec Luleå dans la SHL. Et qu’est-ce qu’il fait? Rien de trop gênant : trois buts et une passe. Quatre points. Dans une victoire de 5-0.

Oui, tu lis bien. Il a participé à 80 % des buts de son équipe. Premier but après 11 secondes. Ensuite, il a enchaîné comme si c’était une partie dans la cour d’école.

Trois buts, un feeling de domination, une aisance, une confiance… de quoi faire rougir certains anciens premiers choix qui n’ont même pas encore scoré en scrimmage à Brossard.

Et là, la machine s’emballe. C’est qui ce gars-là? Comment ça, le Canadien l’a pogné en 6e ronde?

Est-ce que Nick Bobrov a été dans une transe scandinave quand il a suggéré son nom au repêchage?

Est-ce que Jeff Gorton a encore appelé un de ses vieux contacts chez Leksands ou Färjestad? Est-ce que Kent Hughes a simplement roulé les dés pis gagné à la roulette?

La vérité, c’est qu’il faut regarder le contexte.

Filip Eriksson, c’est pas le gars flashy que tu vois dans les compilations de highlights à 17 ans. Il n’a jamais fait de bruit.

Eriksson n’a jamais eu droit aux projecteurs du Mondial junior, et pourtant… tout au long de son développement, il a tranquillement empilé les points comme un contrebandier discret.

Dans les arénas secondaires de Suède, il faisait du bruit sans que personne ne tende l’oreille.

Même dans ses années U20 avec Troja-Ljungby, il dominait sans recevoir la reconnaissance d’une sélection nationale.

En fait, il a fallu attendre que Jeff Gorton, Kent Hughes et surtout Nick Bobrov tombent sur ses statistiques marginales pour le cueillir au sixième tour, pendant que tout le monde regardait ailleurs.

Un pari discret. Un coup de génie silencieux. Et aujourd’hui, Filip Eriksson commence à crier plus fort que tous ceux qui ont été repêchés avant lui.

Il n’a jamais été le poster boy d’un programme de développement.

C’est un joueur intelligent. Un joueur qui lit le jeu. Un joueur qui s’améliore chaque année. Et surtout : un joueur qui semble comprendre comment produire offensivement dans les moments qui comptent.

Ce n’est pas un hasard s’il avait déjà fait parler de lui lors des séries éliminatoires l’an dernier avec Djurgårdens.

Trois buts, six passes, neuf points en seize matchs.

Dans une ligue qui te fait payer chaque centimètre de glace.

Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est révélateur. C’est le genre de gars qui ne disparaît pas quand ça devient sérieux. Et ça, dans une organisation comme celle du CH, c’est une monnaie rare.

On le répète souvent, mais repêcher au-delà de la 5e ronde, c’est quasiment un coup de poker. Mais quand tu gagnes ton pari, tu passes pour un génie.

Et présentement, Jeff Gorton et Kent Hughes ont l’air de deux gars qui sourient en coin à la table du casino pendant que les autres DG essaient de comprendre ce qui vient de se passer.

Ce qui est fascinant avec Eriksson, c’est qu’il ne sort pas de nulle part. C’est un gars qui a grandi dans un système suédois très structuré.

Un produit typique du hockey de Lulea : rigueur défensive, engagement physique, hockey cérébral.

Il a une bonne lecture du jeu, un tir qui sort vite et une capacité à se placer au bon endroit. Il ne mesure pas 6’4, il ne pèse pas 215 livres, mais il pense plus vite que les autres. Et dans la LNH d’aujourd’hui, ça vaut de l’or.

Est-ce qu’on s’emballe trop vite après une seule game? Peut-être. Il faut le dire. La SHL, c’est une excellente ligue, mais c’est pas non plus la LNH.

Les gars qui brillent là-bas ne deviennent pas tous des vedettes ici.

Mais… quand tu marques trois buts et une passe dans ton premier match de la saison, contre des adultes, dans une ligue structurée comme la SHL, ça en dit long sur ta préparation mentale, ton éthique de travail, ton instinct offensif.

Et ça, c’est pas donné à tout le monde.

On va se le dire : y’a personne qui avait mis Filip Eriksson sur son pool cette année.

Même les partisans les plus crinqués du Rocket ne savaient plus s’il faisait encore partie de l’organisation.

Ce genre de performance, c’est une claque dans la face pour ceux qui pensent que les rondes 6 et 7 ne servent à rien.

C’est aussi un rappel que le Canadien de Montréal, pour la première fois depuis longtemps, commence à frapper dans le mille avec ses choix tardifs.

Pis ça, c’est pas un hasard. C’est une tendance. C’est ce qui arrive quand t’as une direction qui fait ses devoirs. Gorton, Hughes, Bobrov : on peut leur reprocher des affaires, mais on ne peut pas dire qu’ils prennent ça à la légère.

Ils ont restructuré complètement le département de dépistage. Ils ont mis le paquet sur l’analyse, les entrevues, la projection. Ils cherchent des joueurs avec du caractère, pas juste des gars avec un slapshot à 103 mph.

Et dans le cas d’Eriksson, ce qu’on voit, c’est exactement ça. Un gars qui veut se faire un nom, tranquillement, sans flash. Un gars qui ne cherche pas l’attention, mais qui la mérite.

Et surtout, un gars qui pourrait arriver à Laval dans pas si longtemps si la tendance se maintient.

Parce qu’on va se le dire : si Eriksson continue comme ça, y’a des chances qu’on l’invite en Amérique plus tôt que prévu.

Et dans une organisation qui cherche encore du talent offensif pur pour ses trios de soutien, ça pourrait être une aubaine.

Pas besoin qu’il devienne un Caufield 2.0. Juste le fait d’avoir un ailier capable de produire à bas prix dans un rôle complémentaire, c’est déjà une mine d’or pour une équipe en reconstruction.

Mais attention. On se calme. On respire par le nez. C’est une seule game. C’est pas le nouveau Pavel Datsyuk.

Il va falloir voir s’il peut répéter ce genre de performance. Il va falloir voir s’il peut maintenir ce niveau d’intensité, de créativité, de finition.

Il va falloir voir s’il peut tenir le coup physiquement contre des équipes plus robustes. Bref, le test est loin d’être fini.

Mais le fait qu’on soit en train de parler de Filip Eriksson aujourd’hui, de façon sérieuse, c’est déjà une victoire en soi. C’est déjà un message clair que le pipeline du CH est plus vivant que jamais.

Et que les partisans feraient bien de garder un œil sur les performances du Lulea HF dans les prochaines semaines.

Jeff Gorton le disait il y a quelques mois dans un podcast : « Parfois, les choix les plus importants au repêchage sont ceux dont personne ne parle. »

Eh bien, voilà. Il ne parlait peut-être pas de Filip Eriksson à ce moment-là, mais on dirait bien que ça s’applique parfaitement.

Et si tu ne me crois pas… va regarder les highlights.

Tu vas voir qu’on n’a peut-être pas fini d’entendre parler de ce petit Suédois qui vient de réveiller tout un pays avec sa première partie de l’année.

À suivre ...