Lundi matin, Patrick Lagacé a livré un véritable coup de poing radiophonique en exposant, sans filtre, la honte québécoise.
Hôpitaux en crise, justice paralysée, fiascos informatiques et transports publics dysfonctionnels : la liste des échecs est longue et consternante.
Pendant que le REM s’effondre sous le poids de ses propres promesses non tenues, que l’urgence de Maisonneuve-Rosemont est encore en bris de service et que la justice met deux ans à trancher des cas scandaleux, certains politiciens jugent prioritaire de militer pour la création d’une Équipe Québec au hockey international. Sérieusement ?
Lagacé a énuméré, une par une, les failles du système québécois. Il a rappelé que le REM, ce projet vendu comme une révolution du transport collectif, connaît des ratés presque un jour sur deux depuis janvier.
La semaine dernière fut le summum du ridicule : le service sera offert gratuitement, non pas par générosité, mais pour compenser un échec monumental.
Pendant ce temps, les urgences débordent, incapables de fournir des soins décents aux citoyens, et le système judiciaire est englué dans des délais absurdes qui laissent des familles endeuillées dans l’attente interminable d’un verdict.
Dans cette mer de ratés, impossible d’oublier le scandale de SAAQclic, où 1,1 milliard de dollars ont été engloutis dans un projet numérique bâclé.
Le même type d’incompétence chronique gangrène l’ensemble de l’appareil d’État, où les dépassements de coûts et l’inefficacité semblent être des traditions bien ancrées.
Patrick Lagacé ne s’est pas contenté de dresser un constat, il a mis en lumière l’origine du problème : ce n’est pas seulement une question de gouvernements incompétents, mais une bureaucratie lourde et sclérosée qui empêche tout progrès réel.
Pendant ce temps, Équipe Québec ?
Face à ce naufrage institutionnel, le Parti Québécois a cru bon de déposer une motion pour réclamer la création d’une Équipe Québec au hockey international. Une idée qui, dans un monde idéal, pourrait paraître noble, mais qui, dans le contexte actuel, frôle l’indécence.
Comment justifier une telle demande quand nous sommes incapables de gérer nos propres infrastructures de base ?
Qu’on ne s’y trompe pas : le Québec ne regorge pas de talents sur la patinoire, mais une équipe formée des meilleurs joueurs québécois serait...de bas-étage...
Si on se penche sur ce à quoi ressemblerait une Équipe Québec au hockey international, il faut être réaliste : elle ne rivaliserait en aucun cas avec les cinq grandes puissances du hockey que sont le Canada, les États-Unis, la Suède, la Finlande et la Russie (si elle est admise).
Sur papier, une telle équipe pourrait être compétitive contre des formations comme la Suisse, la Tchéquie, l’Allemagne… et encore.
Dans un tournoi olympique ou à la Coupe du monde, Équipe Québec se ferait certainement pulvériser par les élites du hockey mondial et devrait plutôt espérer batailler contre la Lettonie ou le Kazakhstan pour espérer gagner quelques matchs.
À quoi ressemblerait Équipe Québec ?
Attaquants :
Jonathan Huberdeau – Pierre-Luc Dubois – Jonathan Marchessault
Jonathan Drouin – Phillip Danault – Alexis Lafrenière
Yanni Gourde – Nicolas Roy – Anthony Duclair
Anthony Beauvillier – Frédérick Gaudreau – Anthony Mantha
Extras : Mavrik Bourque – Mathieu Joseph
L’attaque est honnête, mais manque cruellement d’une véritable superstar. Aucun joueur de cette équipe ne peut rivaliser avec les McDavid, MacKinnon, Matthews, Pastrnak, Rantanen ou Kaprizov de ce monde.
Ce serait un alignement qui ressemblerait à celui de la Suisse : compétitif, mais manquant de punch offensif pour réellement surprendre.
Défenseurs :
Thomas Chabot – Kris Letang
Mike Matheson – Alexandre Carrier
Samuel Girard – Jérémy Lauzon
Extras : Louis Crevier – David Savard
En défense, Chabot, Letang et Matheson peuvent bien patiner et bouger la rondelle, mais défensivement, on est loin de l’élite mondiale. Contre le Canada, les États-Unis ou la Suède, ce serait une passoire.
Gardiens :
Partant : Samuel Montembeault
Substitut : Devon Levi
Extra : Louis Domingue
Là où ça se complique vraiment, c’est devant le filet. Montembeault a fait de bons progrès, mais il n’est pas un gardien élite à l’international. Levi manque d’expérience et Domingue est un gardien de la Ligue américaine.
Comparé aux tandems Vasilevskiy/Sorokin pour la Russie, Saros pour la Finlande, Shesterkin pour la Russie, Hellebuyck pour les États-Unis, ou encore les multiples options du Canada, c’est franchement inquiétant.
On n’est même pas capable de faire fonctionner notre propre province correctement, et on veut aligner une équipe nationale de hockey ?
En somme, si Équipe Québec existait, elle se ferait humilier sur la scène internationale, tout comme l’État québécois se fait humilier par son inefficacité chronique.
Le problème n’est pas là. Ce projet d’Équipe Québec n’est qu’un mirage, une distraction populiste qui détourne l’attention des véritables enjeux.
Pendant que des politiciens s’enthousiasment à imaginer une formation menée par Jonathan Huberdeau et Pierre-Luc Dubois, les citoyens doivent composer avec des routes impraticables, des hôpitaux sous-financés et une bureaucratie qui étouffe l’initiative.
Cette obsession de vouloir une équipe nationale québécoise est révélatrice d’un mal profond : l’incapacité chronique de notre classe politique à se concentrer sur l’essentiel.
La Suède, citée par Lagacé, a su se réformer en profondeur pour devenir un État efficace où les services publics fonctionnent réellement. Pendant ce temps, ici, on débat de symboles au lieu de se retrousser les manches.
Le modèle québécois est en train de s’effondrer sous son propre poids, et la priorité ne devrait pas être d’envoyer une équipe de hockey arborer la fleur de lys sur la scène internationale.
Elle devrait être de remettre de l’ordre dans une province où plus rien ne fonctionne comme il se doit. Avant de rêver à Équipe Québec, commençons par rebâtir un Québec fonctionnel.