Une transaction entre le Canadien de Montréal et les Sharks de San Jose est inévitable.
Et cette fois, ce n’est pas une rumeur vague ou une spéculation de corridor. Ce sont de véritables négociations qui ont lieu entre Kent Hughes et les Sharks de San Jose, et elles pourraient changer l’avenir du club à jamais.
Pourquoi San Jose? Parce qu’en ce moment, les Sharks de San Jose ont une masse salariale projetée de 53,74 millions de dollars, bien loin du plancher salarial de 71,4 millions imposé pour la saison 2025-2026. Ils n’ont pas le choix : ils doivent ajouter près de 18 millions de dollars de masse salariale, et vite.
Et dans cette quête de « masse morte » à absorber, deux noms reviennent sans cesse dans les conversations entre les deux clubs : Carey Price et Patrik Laine.
Commençons par Carey Price. Son contrat, encore valide pour une dernière année, est devenu une véritable anomalie comptable.
Son cap hit est de 10,5 millions, mais en réalité, l’équipe qui le détiendra n’aura à payer que 2 millions en argent réel après le versement d’un boni de 5,5 millions payé en septembre prochain.
Ce montage contractuel est de l’or en barre pour une équipe comme San Jose, qui veut gonfler artificiellement sa masse salariale sans dépenser une fortune. Ce que les Coyotes de l’Arizona faisaient jadis, ce que les Blackhawks ont fait avec Shea Weber, les Sharks le feront demain. Et Carey Price est la pièce parfaite.
Du côté du Canadien, on veut tourner la page une fois pour toutes. Cela fait des années qu’on jongle avec la LTIR, qu’on construit nos alignements avec une épée de Damoclès comptable au-dessus de la tête. Kent Hughes veut reprendre le contrôle total de la masse salariale, et il est prêt à payer un prix pour s’en libérer.
Oui, le Canadien pourrait devoir céder un espoir, ou un choix de repêchage, pour convaincre les Sharks. Mais pour retrouver sa liberté, ça en vaudra le coût.
Mais le vrai malaise… c’est Laine.
Ce n’est plus un simple problème de production. Ce n’est plus une question de temps de glace, de blessures ou d’inefficacité en séries. C’est un malaise humain, profond, qui empoisonne l’ambiance dans le vestiaire du Canadien.
Depuis son altercation avec Brendan Gallagher, où il s’est littéralement fait crier dessus devant tout le groupe pendant le deuxième entracte du match #4 à Washington, Laine est devenu un fantôme.
Sur la glace? Absent. À l’entraînement? Ignoré. Dans l’avion? Assis seul, le regard dans le vide, les écouteurs vissés sur les oreilles, loin du groupe, loin de tout.
Lors de son anniversaire, pratiquement aucun joueur n’est venu célébrer avec lui. Dans un club tissé serré comme le CH, c’est une déclaration silencieuse, mais sans pitié. On l’a vu avec la tête de Nick Suzuki ou de Josh Anderson : les joueurs s’entourent, ils fêtent ensemble, ils s’aiment. Avec Laine, c’est le néant.
Et le pire? Il veut rester.
Patrik Laine est tombé amoureux de Montréal. Sa fiancée, Jordan Leigh, aussi. Ils ont décidé de passer l’été dans la métropole, malgré l’hostilité ambiante, malgré les critiques incessantes, malgré la solitude. Laine l’a clamé haut et fort :
« Nous avons entendu tellement de belles choses au sujet de Montréal l’été, alors nous avons décidé de demeurer dans le coin. »
Jordan a ajouté, fébrile :
« On nous a dit que c’était une ville différente durant la saison chaude. Nous sommes fébriles, l’ayant déjà adorée l’hiver! »
Ils prévoient assister au Grand Prix, aux spectacles, aux festivals. Ils s’accrochent à cette ville comme à un dernier espoir.
Parce que pour Laine, Montréal représente la fin de sa dépression. C’est ici qu’il a retrouvé un semblant de stabilité. Mais la ville, elle, ne veut plus de lui.
Le vestiaire ne lui pardonne pas.
Brendan Gallagher l’a dit sans le dire. Et Maxime Talbot, lui, l’a dit très clairement à l’Antichambre :
« Je ne lui donnerais pas la chance de revenir au camp d’entraînement. »
Même chose pour d’autres anciens joueurs, pour les journalistes. Martin McGuire l’a envoyé à la retraite en ondes. Alain Crête et Renaud Lavoie évoquent un rachat. Laine est devenu un boulet.
Son contrat de 8,7 millions, combiné à son attitude détachée, à son absence d’éthique de travail, à son zéro but en séries, est devenu insupportable. L’électrochoc de son arrivée a duré trois semaines. Puis le silence.
Et Kent Hughes, lui, sait qu’il devra trancher.
Racheter le contrat de Patrik Laine, c’est l’option du désespoir. Une porte de sortie coûteuse, mais qui devient de plus en plus plausible à mesure que l’isolement du Finlandais s’aggrave.
Si Kent Hughes décide d’utiliser la fenêtre de rachat – qui s’ouvre au plus tôt le 15 juin – le CH économiserait environ 3,975 millions de dollars en 2025-2026, soit presque la moitié de son salaire.
Mais cette économie immédiate viendrait avec une facture reportée : 2,375 millions seraient toujours inscrits sur la masse salariale en 2026-2027.
Au total, donc, le Canadien devrait étaler 6,35 millions sur deux saisons, simplement pour effacer Laine de son alignement. Ce serait un aveu d’échec, une opération comptable brutale, mais surtout, un prix à payer pour assainir un vestiaire devenu irrespirable.
C’est ici que les Sharks de San Jose entrent dans l’équation comme la seule équipe logique.
Les Blue Jackets? Ils ont viré la page. Ils sont passés à autre chose. Pas question de réaccepter Laine après s'en être débarrassé.
Les Ducks? Ils veulent signer Mitch Marner. Ils n’ont aucun intérêt à hériter d’un contrat fantôme comme celui de Price ou d’un joueur instable comme Laine.
San Jose, par contre, doit ajouter près de 18 millions de masse salariale. Ils ne veulent pas surpayer un joueur étoile, ils veulent des contrats morts ou des joueurs indésirables avec des actifs en bonus.
Le Canadien pourrait donc leur offrir un package comme celui-ci :
Carey Price (cap hit : 10,5 M, coût réel : 2 M)
Patrik Laine (cap hit : 8,7 M, avec rétention à 4,35 M)
En échange de… rien. Même que le CH devrait donner une compensation aux Sharks pour accepter le contrat de Price ou Patrik Laine.
Kent Hughes doit convaincre les Sharks qu'une absorption salariale va leur permettre d'atteindre le plancher salarial. Et pour le CH, ce serait une libération totale. Fin du malaise. Fin des casse-têtes comptables. Et surtout : un vestiaire libéré d’un poids émotionnel énorme.
Si l'une de ces transactions se concrétise, ce sera la fin de plusieurs chapitres.
Fin du chapitre Carey Price. Le gardien légendaire qui a tout donné, mais dont le contrat est devenu un fardeau.
Fin du chapitre Patrik Laine. Le joueur qui voulait tant s’ancrer à Montréal, mais qui n’a jamais été adopté.
Fin de l’illusion qu’on peut forcer une culture à accepter un joueur qui ne partage pas ses codes.
Il y a de la cruauté dans cette histoire. Un homme qui se reconstruit, qui aime la ville, qui veut y bâtir un foyer… et à qui personne ne tend la main.
Il y a Jordan Leigh, sa fiancée, qui organise leur mariage à Montréal cet été, alors que presque aucun joueur ne sera présent. On y voit déjà la scène : un couple heureux, entouré de fantômes.
Oui, tout le monde veut être millionnaire.
Mais tout le monde ne peut pas être aimé.
Patrik Laine aura marqué quelques buts, signé quelques autographes, fait quelques apparitions publiques. Mais il n’a jamais été des nôtres.
Et aujourd’hui, alors que San Jose et Montréal discutent, c’est peut-être sa dernière chance de sortir avec un minimum de dignité.
Parce que si le téléphone ne sonne pas, s’il reste ici, avec sa fiancée, à l’ombre du Centre Bell, le malaise va grandir. Et à la rentrée, ce sera insupportable.
C’est maintenant ou jamais.
Et Kent Hughes le sait.