Coup de tonnerre en Californie : Carey Price se présente à San Jose

Coup de tonnerre en Californie : Carey Price se présente à San Jose

Par André Soueidan le 2025-09-10
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Carey Price, l’homme qui a porté le Canadien de Montréal sur ses épaules pendant plus d’une décennie, s’est présenté à San Jose, en Californie, vêtu de son habit civil mais avec le poids d’une nouvelle réalité sur le dos.

On savait depuis le 5 septembre que Kent Hughes avait expédié son contrat aux Sharks.

On avait vu passer mille notifications, on avait entendu toutes les analyses plates du monde à la télé et à la radio.

Mais de le voir, pour vrai, marcher dans les couloirs du complexe d’entraînement de San Jose, ça a provoqué une secousse émotive qui dépasse toutes les transactions imaginables.

Parce qu’on parle de Carey Price. Pas d’un joueur de passage. Pas d’un nom anodin. On parle du visage du Canadien pendant quinze ans. Et soudainement, ce visage-là se retrouve dans l’antre d’une équipe étrangère, qui n’a aucun lien avec sa carrière, juste pour une formalité médicale.

Au fond, ce qui fait réagir, ce n’est pas la transaction en soi. Tout le monde savait que l’échange allait arriver.

Depuis le 1er septembre, c’était écrit dans le ciel que Price allait être transféré pour des raisons administratives.

Tout le monde se disait : « Bah, c’est juste un échange symbolique, un contrat déplacé, il ne mettra jamais un pied là-bas. »

Mais là, whoops! On apprend que Carey Price s’est réellement présenté à San Jose.

Et c’est là que les choses deviennent croustillantes.

Les partisans des Sharks se sont mis à capoter : « Carey Price est ici! Est-ce qu’il va jouer? Est-ce qu’on vient de trouver un gardien légendaire par accident? »

Pendant ce temps, à Montréal, une autre panique prenait forme : « Attends, là, Price est à San Jose pour vrai? Comment ça? Ben voyons! donc pourquoi?»

Calmez-vous, tout le monde. Non, il ne jouera pas. Non, il ne revient pas. Non, il ne prépare pas un come-back secret.

La vérité est plate : il était là pour ses tests médicaux. Point final. Rien de plus.

Mais c’est ça qui fait mal. Parce que la logique, on la comprend tous : c’est administratif, c’est le business, c’est le plafond salarial, c’est les procédures obligatoires.

Les Sharks doivent vérifier l’état de Price avant de le placer sur la liste des blessés à long terme. C’est une étape normale, froide, sans émotion.

Mais pour les yeux, pour le cœur, c’est tout sauf banal.

Voir Carey Price dans un environnement où il n’a jamais appartenu, c’est un peu comme voir Patrick Roy dans un vestiaire des Nordiques après sa carrière au Canadien.

Ça ne fitte pas. Ça sonne faux. Mais c’est pourtant bien réel.

Imagine les jeunes recrues des Sharks, débarquant au camp, la tête pleine de rêves, et croisant Carey Price dans les couloirs.

Pour eux, c’est comme voir un fantôme légendaire.

Ils n’ont pas grandi avec Nabokov ou Kiprusoff.

Non, eux, ils ont grandi avec Price qui volait des matchs en séries, Price qui allait chercher l’or olympique, Price qui faisait des miracles au Centre Bell.

Et soudainement, le voilà qui marche tranquillement dans leur complexe d’entraînement comme si de rien n’était. Ça doit être surréaliste.

Ça doit être étrange. Parce qu’il n’y a aucun lien naturel entre Carey Price et les Sharks de San Jose.

Aucun souvenir, aucune histoire commune.

Seulement un contrat trop lourd pour le Canadien et trop pratique pour être laissé dormir.

Pour les partisans du Canadien, l’image a provoqué un pincement brutal.

Même si tout le monde savait que ça s’en venait, même si l’échange avait déjà été décortiqué sous toutes ses coutures, la réalité visuelle frappe plus fort que toutes les chroniques.

Carey Price n’appartient plus au Canadien, et c’est en Californie qu’on en a eu la preuve.

Pas besoin de le voir avec un chandail des Sharks, juste sa présence physique dans ce décor étranger suffit pour provoquer un choc collectif.

Montréal a perdu son héros de vitrine, et même si Price ne jouera jamais une minute pour San Jose, son ombre flotte désormais ailleurs.

Il y a aussi ce contraste ironique : Carey Price, qui a tout donné à Montréal, qui s’est brisé le corps à essayer de ramener une Coupe dans une ville qui vit pour le hockey, est aujourd’hui réduit à une formalité médicale dans un marché où le hockey passe derrière les palmiers et les plages.

Ce n’est pas une insulte, c’est une réalité : San Jose n’a rien à voir avec Montréal. La ferveur, la passion, la pression médiatique, tout ça disparaît sous le soleil californien.

Et de savoir que Price est maintenant associé, même artificiellement, à ce marché, ça crée un malaise.

Comme si la grandeur de sa carrière se terminait sur une note administrative froide, loin de la ville qui l’a adulé et des partisans qui l’ont défendu jusqu’au bout.

Et attention : il ne faut pas tomber dans le piège de croire que Price va rebondir ailleurs, qu’il prépare un retour, qu’il entretient une quelconque relation avec les Sharks. Non.

Tout ça est une mise en scène imposée par la LNH.

Price devait passer par là, point final. Mais dans l’imaginaire collectif, les images parlent plus fort que les communiqués.

On le voit marcher à San Jose et c’est comme si son héritage s’éparpillait.

C’est injuste, mais c’est ainsi que la mémoire sportive fonctionne. On associe un joueur à un logo, et voir ce joueur ailleurs, même pour une seconde, ça brouille les cartes.

On se demande aussi ce que ça représente pour Price lui-même.

Lui qui a toujours été discret, stoïque, l’air d’un cow-boy moderne, doit quand même ressentir quelque chose en mettant les pieds dans les installations d’une équipe avec laquelle il n’a jamais eu d’histoire.

Lui qui a donné sa vie au Canadien, qui a porté l’organisation sur son dos, qui a accepté d’être le visage de toutes les défaites comme de toutes les victoires, doit sûrement trouver la scène un peu absurde.

Passer des examens physiques pour une équipe dont il ne défendra jamais le filet…

C’est le genre de paradoxe qui ne fait pas de bruit, mais qui laisse un goût amer.

Et du côté de Montréal, on ne peut pas s’empêcher de ressentir une forme d’humiliation silencieuse.

Pas parce que Price a trahi qui que ce soit.

Pas parce que les Sharks ont volé une légende.

Non.

Mais parce que la fin d’un chapitre glorieux se conclut dans l’anonymat d’un bureau médical en Californie.

Après avoir rêvé que Price allait être celui qui ramènerait la Coupe Stanley au Canada, on se retrouve à suivre son passage obligé sur une table d’examen.

C’est brutal comme descente. C’est froid. C’est administratif.

Et ça nous rappelle que dans la LNH, même les légendes finissent par devenir des colonnes dans un tableur Excel.

Les partisans, eux, oscillent entre nostalgie et malaise.

D’un côté, ils se rappellent les arrêts miracles, les séries de 2021 où Price a fait croire à tout un peuple que la Coupe était possible, la médaille d’or de 2014, les soirées au Centre Bell où son nom résonnait comme un mantra.

De l’autre, ils voient cette image déstabilisante d’un Carey Price affilié aux Sharks, comme un joueur qu’on aurait prêté sans qu’il mette jamais les patins.

Et cette image-là restera.

Peu importe que Price retourne chez lui après les tests, peu importe qu’il ne mette jamais les pieds sur la glace à San Jose. On l’a vu là-bas, et cette réalité restera gravée.

La vérité, c’est que Price ne sera jamais un Shark dans le cœur des amateurs.

Son histoire est et restera montréalaise. Mais dans les faits, sur papier, dans les coulisses administratives, il est maintenant ailleurs.

Et c’est ce décalage qui fait mal.

On le sait, on le comprend, mais de le voir, c’est autre chose.

C’est le coup de tonnerre qu’on n’attendait pas vraiment, mais qui nous rappelle que même les héros finissent par appartenir à d’autres.

Même si ce n’est qu’une formalité, même si ce n’est que de la paperasse, l’impact est réel. Carey Price à San Jose, ça sonne faux. Mais c’est pourtant vrai.

Et au fond, c’est peut-être ça le plus grand drame : que la fin d’une carrière marquée par des exploits soit réduite à une anecdote bureaucratique.

Que la légende du Canadien soit associée à une équipe où il ne jouera jamais.

Que le dernier chapitre visuel de Carey Price, pour plusieurs, soit celui d’un géant en civil, marchant dans les couloirs d’une équipe qui n’a jamais vibré à ses exploits.

Oui, c’est normal, oui, c’est dans les règles, mais pour les yeux et pour le cœur, c’est tout sauf banal.

Et ça, c’est ce que les partisans retiendront.

AMEN