Alexander Ovechkin croyait sans doute pouvoir imposer sa loi, comme à l’époque où ses charges faisaient plier les jeunes défenseurs inexpérimentés de la LNH sans opposition.
Sur une séquence pourtant anodine en apparence, Ovechkin a littéralement quitté sa trajectoire pour viser Alexandre Carrier à pleine vitesse, le long de la bande, dans une manœuvre aussi inutile que dangereuse.
Carrier, voyant le mastodonte russe foncer sur lui comme un train hors de contrôle, a tenté d’esquiver l’impact principal en se penchant habilement pour éviter le pire.
Mais même en réduisant la violence du contact, le pire était presque arrivé.
La cheville de Carrier a absorbé le choc des patins d’Ovechkin, et le défenseur québécois est retourné au banc en grimaçant de douleur sous les regards inquiets de ses coéquipiers.
On a alors craint le pire.
Carrier a essayé de rester en poste, tapotant sa jambe nerveusement, tentant de chasser la douleur, de respirer, mais il a vite dû se résoudre à consulter le soigneur et filer vers le vestiaire.
Pendant quelques minutes, c’était le silence radio complet sur l’état du défenseur.
Et pendant ce temps, Ovechkin continuait son manège : multiplier les coups, dicter physiquement le rythme de la rencontre, et chercher à faire dérailler les jeunes Canadiens par la ruse et l’intimidation.
Mais là où Washington croyait avoir frappé un grand coup, Montréal a prouvé qu’il avait du cœur au ventre.
À la surprise générale, Carrier est revenu au banc, le visage fermé, luttant manifestement contre la douleur, mais déterminé à ne pas abandonner son équipe dans un moment aussi critique.
Pas besoin de grands discours.
Sa simple présence a électrisé le banc du Canadien.
Elle a rappelé à tout le monde que, même si Ovechkin tentait d’instaurer la peur par des charges douteuses, les jeunes soldats de Martin St-Louis n’allaient pas baisser les bras aussi facilement.
Carrier n’était peut-être pas à 100%, mais son retour était un symbole.
Un symbole que cette équipe n’était pas venue en séries pour jouer les figurants ou pour se faire marcher dessus comme au bon vieux temps.
Un symbole que même face à l’intimidation, la force brute et les vieux réflexes d’une génération passée, Montréal allait répondre avec du courage et de la résilience.
Ovechkin a peut-être marqué un but en première période.
Il a peut-être assommé quelques joueurs par des mises en échec sournoises.
Mais il n’a pas cassé le Canadien.
Au contraire.
Chaque coup porté par Washington, chaque provocation, chaque tentative de démolir physiquement Montréal ne fait que rallumer le feu de cette jeune équipe.
Et si Alexandre Carrier, malgré la douleur, est revenu à la guerre ce soir, c’est tout le groupe qui en ressort grandi.
Parce que ce genre de geste — revenir au jeu après avoir goûté à la brutalité d’Ovechkin — c’est exactement ce qui soude un vestiaire dans les séries éliminatoires.
C’est ce qui transforme une équipe prometteuse en équipe dangereuse.
C’est ce qui alimente la rage de vaincre dans un sept de match.
Ce soir, Alexandre Carrier n’a pas seulement repris sa place sur la glace.
Il a envoyé un message clair au vestiaire des Capitals, un message que même Alexander Ovechkin ne pourra pas ignorer bien longtemps.
“Vous pouvez essayer de nous briser. Mais vous n’y arriverez pas.”
Amen