Alex Newhook vient de se réveiller brutalement.
Jusqu’à maintenant, il s’accrochait à une illusion. Celle qu’il avait encore une chance de s’imposer au centre chez le Canadien. Que tôt ou tard, l’organisation allait le voir comme une vraie option pour mener un trio. Que son heure allait venir.
Mais l’arrivée de Joey Veleno a tout fracassé.
Ce n’est pas le nom de Connor McDavid qui vient de débarquer à Montréal. Ce n’est même pas un joueur établi dans un top 6 ailleurs. C’est Joey Veleno. Un joueur de soutien. Un gars de quatrième trio. Un centre qui a les mêmes statistiques que lui au cercle des mises en jeu.
Et pourtant, c’est lui qu’on choisit pour solidifier la ligne de centre. Pour Alex Newhook, c’est la goutte qui fait déborder le vase.
Il a compris. Il n’y a aucun avenir pour lui au centre à Montréal. Aucun.
Pas comme deuxième centre. Pas même comme troisième. Pas même comme plan C. Même Kapanen est placé devant lui dans la hierarchie des centres, malgré son inexpérience dans la LNH. Et lui, il est où?
Nulle part.
Le pire, c’est que personne ne lui a dit en face. Personne ne l’a publiquement exclu. Mais tout le monde agit comme si c’était déjà fait. Martin St-Louis ne le nomme plus dans ses plans. Kent Hughes parle de trouver des solutions à l’externe. Les journalistes construisent des trios en l’oubliant. Et dans les rumeurs de transactions? Son nom ne sort même plus. Parce que Newhook n'inspire plus confiance et que son rôle continue de s'effacer.
Lui, il croyait encore. Il pensait que son tour allait revenir. Il pensait être dans la course. Il se voyait comme un centre. Mais la direction, elle, ne voit plus rien.
C’est le seul qui vit encore dans cette illusion-là.
Et s’il ne se réveille pas vite, la réalité va le frapper de plein fouet.
Car dans le fond, est-ce qu’Alex Newhook a ce qu’il faut pour jouer au centre dans la LNH?
Il est rapide. Très rapide. Il a de bonnes mains. Un certain flair offensif. Mais il n’a pas la vision d’un centre. Il ne rend pas les autres meilleurs. Il ne dicte pas le tempo du jeu. Il ne joue pas physique. Il ne gagne pas de mises au jeu importantes. Il ne tue pas de punitions. Il ne protège pas l’enclave. Il ne supporte pas sa défensive quand ça compte.
Un centre dans la LNH, c’est un cerveau et une colonne vertébrale.
Newhook patine comme l’éclair… mais il ne voit pas la glace comme un général. Il agit comme un ailier, pense comme un ailier, joue comme un ailier.
Et c’est exactement ce que Martin St-Louis et Kent Hughes ont compris. Ce que tout le monde a compris… sauf lui.
Le problème, c’est qu’à vouloir continuer de croire qu’il peut être autre chose que ce qu’il est, il s’enlise.
Il devient invisible. Et un joueur invisible, dans la LNH, c’est un joueur en danger.
L’an dernier, quand Kirby Dach est tombé au combat, c’est lui qu’on a lancé au centre du deuxième trio. Il a fait ce qu’il a pu. Il n’a pas été catastrophique. Il a même montré des flashs. Mais il n’a pas prouvé qu’il pouvait tenir ce rôle sur 82 matchs.
Et aujourd’hui, personne ne le considère comme une solution. Même pas pour un quatrième trio.
Et ce n’est pas une affaire de talent pur. C’est une affaire d’identité.
Parce qu’en ce moment, Alex Newhook n’a aucune identité claire. Il n’est pas un joueur défensif. Il n’est pas un fabricant de jeu. Il n’est pas un franc-tireur. Il n’est pas un joueur d’énergie.
Il est entre tout. Il flotte. Il existe. Mais il n’impose rien.
Et dans une ligue où chaque joueur doit remplir un rôle bien précis, ce genre d’ambiguïté est une condamnation.
Joey Veleno ne fait pas rêver. Mais il sait exactement ce qu’il est. Il va gagner sa part de mises en jeu. Bloquer des tirs. Fermer le jeu dans sa zone. Il ne prétend pas être autre chose. Et c’est exactement ce que l’état-major du CH recherche.
De la clarté. De la fiabilité. Pas un gars qui espère encore être ce qu’il n’est pas.
Dans le vestiaire, Newhook est aimé. Respecté. Travaillant. Il n’a jamais causé de problème. Mais le hockey professionnel est cruel. Ce n’est pas un concours de personnalité. C’est une guerre de rôles.
Et en ce moment, le sien n’existe pas.
Il voit les jeunes cogner à la porte. Owen Beck. Oliver Kapanen. D’autres qui veulent une vraie chaise, pas un siège d'appoint. Et eux, ils arrivent avec des rôles clairs. Des profils précis. Des identités assumées.
S’il ne s’adapte pas, il va se faire tasser. Lentement, mais sûrement.
Ce n’est pas qu’il n’a plus de valeur. C’est qu’il est devenu flou. Et flou, dans une organisation qui veut bâtir avec des bases solides, c’est trop risqué.
Martin St-Louis l’a vécu avec Josh Anderson. Un joueur perdu dans sa propre définition. Un ailier rapide, mais inutile dans trop de séquences. Finalement, il a trouvé un rôle au désavantage numérique. Il a survécu. Il a compris.
Newhook doit faire pareil. Et vite.
Parce que sinon, il va être celui qu’on échange à bas prix. Celui qu’on largue pour libérer une place. Celui qui regarde les matchs du haut des gradins, en se demandant ce qu’il a manqué.
L’illusion est terminée. Il n’est pas un centre.
S’il continue d’y croire… c’est sa carrière qui va en payer le prix.