Crise majeure dans le monde du hockey: Kent Hughes réplique

Crise majeure dans le monde du hockey: Kent Hughes réplique

Par Nicolas Pérusse le 2025-08-20

C’est la bombe que tout le monde redoutait. Le plafond salarial de la LNH explose.

De 95,5 millions dès 2025-2026, il grimpera à 104 millions l’année suivante, puis 113,5 millions en 2027-2028. Une révolution silencieuse, qui promet autant de rêve que de cauchemar.

Les directeurs généraux respirent enfin, mais c’est peut-être la mort annoncée du hockey de club. La question est brutale : la LNH s’en va-t-elle vers une ère de mercenaires où plus personne ne reste fidèle?

Depuis 2005, le plafond salarial a façonné une nouvelle réalité. Fini le temps où les équipes riches achetaient tout le talent du monde. La parité a ramené l’équilibre, mais au prix fort : la loyauté.

Les Blackhawks ont bâti une dynastie de trois Coupes avant d’être forcés de sacrifier Sharp, Seabrook, Byfuglien et compagnie pour payer Toews et Kane. Les Kings et les Penguins ont suivi la même trajectoire : gloire, puis purge. Des guerriers de soutien jetés par-dessus bord, des vestiaires brisés. On n’a plus vu de “club family” où les visages restaient quinze ans. Aujourd’hui, même les légendes se font échanger comme de simples pions.

Et voilà que le plafond s’envole. Ce n’est pas juste une hausse : c’est une faille sismique.

Les DG n’ont jamais eu autant de marge pour offrir des contrats massifs, multiplier les bonus, pousser les enchères. Les vedettes vont se frotter les mains. Pourquoi signer huit ans quand tu peux signer trois ans à 12 millions, puis revenir frapper un coup encore plus gros deux ans plus tard, quand le plafond aura encore monté? La logique change du tout au tout. Les jeunes joueurs voient venir l’aubaine : chaque été, un nouveau jackpot.

Mais derrière l’euphorie, c’est le chaos.

Comment une équipe comme le Canadien peut-elle garder Suzuki, Caufield, Slafkovsky et bientôt Lane Hutson si chacun veut sa part du gâteau? La question n’est pas théorique. Elle est urgente. Suzuki est déjà payé comme un vrai centre numéro un, Caufield touche le gros lot pour ses buts, Slafkovsky touchera son salaire de star la saison prochaine, et Hutson coûtera une fortune. Le danger? Que l’un d’eux doive être sacrifié.

C’est là que le Canadien pourrait avoir un coup d’avance. Parce que si la ligue s’en va vers un Far West de mercenaires, il reste une arme : la culture d’équipe.

Un vestiaire où les gars acceptent de gagner un peu moins pour rester ensemble. Un peu comme Tampa Bay avec Stamkos et Hedman, qui ont accepté moins que leur valeur de marché pour que le noyau reste intact. Suzuki, avec sa mentalité de capitaine posé, incarne ce modèle. Mais combien de jeunes vedettes, en voyant McDavid ou Kaprizov signer des montants astronomiques, vont accepter de se “serrer la ceinture”?

Le danger, il est là. L’instinct “l'équipe avant tout” est en train de disparaître. Des effectifs volatils, des trios démembrés chaque deux ans, des partisans qui n’ont plus le temps de s’attacher. On passe d’une famille à une location de talents. De la loyauté à la transaction.

Les DG auront beau sourire, ils savent que cette volatilité est aussi une bombe à retardement.

Et ce n’est pas une fiction. On l’a vu dans la NBA. Quand le plafond a explosé, les superteams ont poussé comme des champignons. Durant, Harden, LeBron… des regroupements de vedettes qui changeaient de club comme on change de chandail. Les fans ont eu du spectacle, mais à quel prix? L’identité des équipes a fondu, remplacée par des alliances temporaires. Même scénario en NFL : des stars qui signent pour deux ans, puis partent ailleurs au plus offrant. La LNH suivra-t-elle le même chemin? Quand McDavid pourra imposer sa destination ou que Kaprizov pourra dicter avec qui il joue, on aura franchi le point de non-retour.

L’été 2025 est déjà un avant-goût. McDavid et Kaprizov discutent de contrats records qui redéfinissent le marché. Chaque mot de leurs agents met la ligue sur pause. Veleno, Roslovic, d’autres noms plus modestes deviendront soudainnement des objets de surenchère. Le Canadien, encore lui, tente d’être agressif… mais il n’est plus seul. Avec plus d’argent dans le système, toutes les équipes à grand budget sont des prédateurs. Résultat : inflation généralisée.

Et avec cette inflation, une nouvelle pratique va exploser : le “sign and trade”. On signe un joueur pour mieux l’échanger dans la foulée. Des DG forcés de brader avant que les vedettes ne partent gratis. Une instabilité chronique qui transforme les marchés estivaux en véritable cirque. Pour les fans, ce sera du bonbon. Chaque semaine, un drame, une rumeur, une vedette échangée. Pour les joueurs, une vie de nomades.

Mais qu’est-ce qu’on perd au passage? On perd l’âme du hockey. Les vieux guerriers du vestiaire, les idoles locales qui restaient dix ans avec la même ville, tout ça risque de disparaître. Les partisans qui grandissaient avec leurs héros verront plutôt un carousel permanent. Le “club de cœur” deviendra une abstraction. Dans les vestiaires, la confiance sera fragile. Chacun jouera sa carte, chacun négociera son futur.

Le hockey, sport de famille, deviendra business à 100 %. Peut-être est-ce inévitable. Peut-être que la Ligue n’a pas le choix : ses profits explosent, les joueurs réclament leur part. Mais au moment où on fête cette pluie d’argent, il faut se poser la vraie question : est-ce que la LNH est en train de perdre ce qui faisait sa force?

Ou est-ce que, paradoxalement, c’est ce chaos qui sauvera l’intérêt du public? Parce que si la fidélité meurt, le drama, lui, sera éternel. Les rumeurs, les superteams ratées, les coups de poignard dans le dos, les vestiaires qui éclatent… tout ça nourrit la machine. Et dans une ère où les jeunes décrochent du hockey, peut-être que ce feuilleton permanent est la seule façon de les ramener devant l’écran.

La LNH est donc à un carrefour. Un pied dans la nostalgie du hockey de club, un autre dans le Far West du hockey mercenaire.

Les Canadiens de Montréal, eux, sont peut-être mieux placés qu’on pense. Avec Suzuki, avec un noyau soudé, ils peuvent incarner la résistance.

Mais si les vedettes décident de tester le marché à chaque deux ans, aucune culture, aussi forte soit-elle, ne tiendra indéfiniment.

Et c’est là que la question devient dramatique.

La hausse du plafond salarial est-elle une bénédiction ou un poison?

Pour les joueurs, c’est la liberté. Pour les DG, c’est l’oxygène.

Mais pour le hockey, pour les partisans, pour l’identité des clubs… c’est peut-être le début de la fin.