Crise médiatique au Centre Bell: Martin St-Louis explose contre Martin McGuire

Crise médiatique au Centre Bell: Martin St-Louis explose contre Martin McGuire

Par Marc-André Dubois le 2025-04-25

Dans l’univers déjà hyper-sensible du Canadien de Montréal, une nouvelle bombe vient d’exploser.

Cette fois, elle ne concerne ni un joueur mal utilisé, ni un entraîneur contesté sur ses décisions tactiques. Non. Cette fois, c’est un conflit personnel, vieux de plusieurs mois, qui a resurgi en pleine face de l’organisation, provoquant un malaise public d'une rare intensité.

Tout a commencé avec une déclaration de Martin McGuire, le descripteur du 98,5 FM pour les matchs du Canadien.

Selon lui, Patrik Laine aurait quitté Washington avec « le genou enflé gros comme sa tête », après le deuxième match de la série contre les Capitals. L'information, balancée sans filtre, a fait l'effet d'un tremblement dans l'écosystème déjà tendu du Tricolore.

Sauf que cette fois, ce n'est pas seulement l'information qui choque, c'est ce qu'elle révèle : la profonde fracture entre McGuire et Martin St-Louis.

Ce n'est un secret pour personne dans le milieu : Martin St-Louis et Martin McGuire ne peuvent pas se sentir. Leur relation est froide, tendue, et marquée par un mépris mutuel.

Depuis des mois, McGuire n'a pas caché certaines critiques voilées envers la gestion du vestiaire par St-Louis. De son côté, l'entraîneur du Canadien tolère difficilement ce qu'il perçoit comme des attaques injustes à son égard.

Dans ce contexte, l'affaire du « genou enflé » de Laine a servi d'huile sur le feu déjà brûlant entre les deux hommes.

L'organisation du Canadien, fidèle à son réflexe de protection de l'image, a aussitôt répliqué par un démenti cinglant.

Officiellement, Laine souffrirait d'une blessure au « haut du corps » selon le communiqué du CH publiée juste après la bombe de McGuire. Aucun mot sur le genou. Aucun aveu. Une posture de fermeture complète, comme si le simple fait d'admettre la vérité pouvait provoquer une apocalypse.

En coulisses, la pression aurait été énorme pour discréditer McGuire. Selon plusieurs sources proches du club, des consignes auraient même été données pour que les partenaires médiatiques prennent leur distance par rapport à l'affirmation du commentateur. Bref, une tentative de mise au pas brutale et sans nuance.

Un autre détail lourd de sens : dès que l’incendie a pris de l’ampleur, le 98,5 FM a rapidement retiré de son site internet l’extrait audio dans lequel Martin McGuire évoquait le fameux « genou enflé comme sa tête » de Patrik Laine.

Plus aucune trace officielle. Plus d’archive. Comme si l’incident n’avait jamais existé. Dès lors, deux scénarios se dessinent. Soit McGuire a été pris à exagérer ou à amplifier une information non vérifiée — ce qui porterait un dur coup à sa crédibilité. Soit, et c’est tout aussi probable, le Canadien de Montréal a fait pression directement sur le réseau Cogeco, son partenaire officiel de diffusion, pour étouffer l’affaire et éviter un autre scandale public.

Dans les deux cas, le résultat est le même : McGuire sort de cet épisode humilié, isolé, discrédité. Et c'était exactement ce que Martin St-Louis souhaitait : reprendre le contrôle du message, réaffirmer son autorité médiatique, et faire passer son plus virulent critique pour un amateur imprudent. Un coup de force brutal, mais diablement efficace.

Le plus fascinant, c’est que cette crise dépasse largement la question de savoir si Patrik Laine est blessé au genou ou non.

Ce qui est désormais exposé en pleine lumière, c’est l’incapacité du Canadien à gérer sainement ses conflits internes.

La priorité, ce n’est plus de protéger les joueurs ou l’intégrité du vestiaire. La priorité, c’est de protéger le narratif officiel, quitte à écraser ceux qui osent s’en écarter.

Et dans cette dynamique, McGuire est devenu le symbole involontaire de la défiance. En osant révéler une information que l'équipe voulait cacher, il a mis à nu le stress de l'organisation.

Mais il faut être juste : McGuire, malgré son expérience et sa passion indéniable pour le hockey, n'est pas exempt de reproches. Son style direct, parfois cavalier, peut en agacer plusieurs.

Son désir de "faire jaser" l'a parfois poussé à des raccourcis journalistiques. Cela dit, dans cette affaire précise, difficile de lui reprocher de rapporter ce qu’il a vu et entendu.

Quant à Martin St-Louis, il est piégé. Piégé par son propre besoin de tout contrôler. Piégé par son incapacité à faire confiance aux médias. Piégé, aussi, par sa gestion humaine parfois maladroite de son effectif.

Car ce n’est pas la première fois que St-Louis se retrouve au cœur d’une controverse communicationnelle cette saison : rappelons ses tensions non-démenties avec Arber Xhekaj, avec Patrik Laine, et avec d'autres joueurs marginalisés par le coach.

Le problème ici, ce n'est pas seulement l'affaire du genou. C’est le climat de peur qui semble s'installer autour du club.

Un climat où dire la vérité est devenu illégale. Où chaque mot est surveillé. Où chaque commentaire critique est vu comme une trahison.

Le public québécois n’est pas naïf. Il voit bien que Patrik Laine ne patine pas normalement. Il voit bien que quelque chose ne tourne pas rond avec ce joueur depuis le début des séries.

Essayer de camoufler l'évidence, c'est insulter l'intelligence collective. C'est creuser un peu plus le fossé de méfiance entre l'équipe et ses partisans.

Et pendant ce temps, que dire de l’état du vestiaire? Que dire du message envoyé aux joueurs? Jouez blessés, taisez-vous, et si jamais quelqu’un ose parler, il sera cloué sur le banc? Ce n’est pas ainsi qu’on construit une culture gagnante. Ce n’est pas ainsi qu’on bâtit la confiance.

Le Canadien de Montréal, par son refus obstiné de faire preuve de transparence, vient de perdre une bataille importante. Pas sur la glace. Mais dans le domaine beaucoup plus subtil de la perception publique.

Et dans cette guerre-là, chaque humiliation, chaque mensonge, chaque tentative de museler les voix critiques, laisse des traces profondes.

Au final, Martin McGuire a servi, malgré lui, de révélateur. Révélateur des tensions internes. Révélateur du climat toxique entre certains médias et l’organisation. Révélateur, surtout, de la peur maladive du Canadien de perdre le contrôle du message.

Ce n'est pas à McGuire qu'il faut en vouloir. Ce n’est même pas à Martin St-Louis personnellement, lui qui est manifestement dépassé par la pression. C’est au système. À cette culture d’entreprise archaïque où l’apparence prime toujours sur la vérité.

L’histoire retiendra que dans cette guerre, tout le monde sort affaibli. Le Canadien. McGuire. St-Louis. Et malheureusement, encore une fois, les partisans eux-mêmes.

Dans une organisation saine, la vérité n'est pas un ennemi. C’est un allié.

Dans le Canadien 2025, la vérité semble être devenue le pire des dangers.