Le Canadien de Montréal a conclu son calendrier préparatoire samedi soir avec une défaite de 3-1 face aux Sénateurs d’Ottawa, dans ce qui devait servir de répétition générale avant le vrai coup d’envoi mercredi à Toronto.
Si l’ambiance était plus calme que lors de la foire précédente entre les deux équipes, les enjeux n’en étaient pas moins cruciaux pour plusieurs joueurs qui tentent encore de s’implanter solidement dans l’alignement. Mais c’est Kirby Dach qui, malgré sa place établie sur le deuxième trio, a fait l’objet des critiques les plus dures.
À l’Antichambre, Vincent Damphousse a été cinglant. Selon l’ancien capitaine du Canadien, Dach joue avec la peur au ventre, une fébrilité qui transparaît dans ses décisions, son hésitation en zone centrale et son incapacité à dicter le rythme du jeu.
Pour Damphousse, le constat est brutal :
« Ce n’est pas le deuxième centre du futur. »
Pire encore, il ne serait même pas le deuxième centre du présent. Et au-delà du langage corporel de Dach, c’est son influence sur ses ailiers, Veleno et Gallagher samedi, qui inquiète : aucune dynamique, aucune cohésion, aucune autorité dans la relance. Résultat : un rendement offensif pratiquement nul et une présence inefficace sur les mises en jeu (38 % d’efficacité).
Le problème, c’est que le CH avait tout misé sur Dach pour stabiliser la deuxième ligne. En son absence l’an dernier, on a tenté des combinaisons de fortune.
Cette année, Martin St-Louis espérait enfin consolider cette zone-clé. Mais après un camp ordinaire et un dernier match préparatoire sans éclat, la confiance vacille déjà. Et l’état-major pourrait devoir revoir ses plans plus rapidement que prévu.
Le contraste est frappant avec Noah Dobson, qui, malgré plusieurs bévues flagrantes, bénéficie d’un traitement beaucoup plus indulgent.
Samedi, Dobson a offert un autre match en montagnes russes : erreurs de relance, pertes de rondelle dangereuses, décisions risquées en zone défensive.
Ce sont exactement les séquences qui rendaient Patrick Roy fou de rage à Long Island, au point où il ne pouvait plus gérer le défenseur originaire de l’Île-du-Prince-Édouard.
Et pourtant, à Montréal, on patiente. On accepte que Dobson « cherche ses repères », qu’il s’adapte à un nouveau système, qu’il traîne encore les séquelles d’une blessure à l’aine.
Damphousse lui-même, pourtant intraitable avec Dach, s’est montré beaucoup plus mesuré avec Dobson. Il a évoqué un défenseur « en transition », qui va faire gagner des matchs autant qu’il en fera perdre. Mais en somme, un joueur à fort potentiel qu’il faut encadrer, pas punir.
Martin St-Louis semble partager cette vision. Il parle d’un système où les défenseurs peuvent prendre des risques pour créer de l’offensive.
Mais le revers de cette liberté, c’est la responsabilité. Dobson aura très peu de marge d’erreur à l’ouverture de la saison. Et les partisans auront peu de patience s’il devient rapidement un fardeau.
Veleno, Blais, Engström : la hiérarchie s’installe
Si Dach et Dobson sont au cœur des discussions, plusieurs autres joueurs ont profité de ce match pour confirmer leur rôle dans l’alignement final. Joe Veleno, inséré avec Dach et Gallagher, a démontré qu’il pouvait être un 12e attaquant efficace, mobile et impliqué.
Sa constance lui a permis de sécuriser une place. Il ne sera peut-être pas un facteur offensif déterminant, mais il est solide sans la rondelle et apte à s’intégrer dans différents trios.
Samuel Blais, quant à lui, s’est illustré avec six mises en échec, toutes percutantes. Le CH veut maintenir un élément physique dans l’alignement, et Blais remplit ce rôle sans excès de zèle. Il sera vraisemblablement le 13e attaquant, prêt à sauter dans la mêlée en cas de besoin.
Et en défense, Adam Engström continue de surprendre. Malgré une compétition féroce, il a été l’un des plus dynamiques samedi soir, générant sept tentatives de tir, provoquant des jeux en zone offensive et démontrant un sang-froid impressionnant.
Martin St-Louis a salué son instinct et son flair. La seule question qui reste : y a-t-il une chaise pour lui à Montréal, ou devra-t-il attendre une transaction?
Le Canadien de 2025–2026 n’est pas encore une équipe complète. Martin St-Louis a raison de dire que le camp fut le meilleur sous son ère, mais le verdict de samedi est clair comme de l'eau de roche : l’alignement demeure fragile, le deuxième centre est un point d’interrogation, et la défensive risque de brûler quelques matchs à elle seule.
C’est dans ce contexte que l’état-major devra trancher. Est-ce qu’on continue avec Dach au centre, coûte que coûte?
Ou est-ce qu’on doit déjà envisager une rotation plus musclée, voire une acquisition en cours de saison?
Et si Dobson ne stabilise pas rapidement sa zone, combien de temps avant que Saint-Louis perde patience, comme Patrick Roy avant lui?