On dirait qu’à chaque fois que le Canadien tombe sur une équipe qui « joue comme une vraie équipe de la LNH », tout se met à grincer en même temps.
La soirée contre Washington n’a fait que confirmer quelque chose qu’on voit depuis le début de la saison : ce club-là n’est pas encore bâti pour survivre aux équipes lourdes, aux équipes matures, aux équipes qui te punissent physiquement et mentalement pendant soixante minutes.
Dany Dubé l’a résumé avec une précision chirurgicale, sans détour, et surtout sans essayer de protéger personne.
« Le Tricolore peine contre les formations lourdes de la LNH », a-t-il lancé, comme un rappel brutal d’une réalité qu’on refuse parfois d’admettre.
Il n’a pas tort. Sur les dix victoires du Canadien cette saison, seulement une seule a été obtenue contre une équipe de six pieds deux et plus en moyenne.
Une.
Les neuf autres sont venues face à des équipes plus petites, plus maniables, des équipes qui n’imposent pas ce style suffocant qu’on retrouve en séries… et que Washington a ramené jeudi soir comme un coup de masse en pleine figure.
Ce match avait l’odeur des séries et il a été arbitré comme tel.
Quand Tom Wilson a planté Jake Evans avec un coup qui, soyons honnêtes, méritait une pénalité, la réaction attendue était simple : un élan collectif, pas nécessairement une folie de coups de poing, mais une présence, un message, un « tu touches à un des nôtres, il y a un prix ».
Ce prix-là n’a jamais été payé. Rien. Silence radio. Les Capitals ont joué dans notre maison comme dans leur salon. C’est peut-être ce qu’il y a de plus troublant.
Dubé n’a pas mis ça uniquement sur la taille. Il a aussi mis le doigt sur un deuxième problème, encore plus inquiétant : la répartition du temps de jeu.
Et là, on tombe en plein cœur de la logique du coaching.
« En ce moment, on surcharge certains éléments et ils se fatiguent, c’est humain », dit-il.
Quand Mike Matheson joue 26 minutes. Quand Noah Dobson joue 26 minutes. Quand Lane Hutson joue 24 minutes. Quand Alexandre Carrier joue 22 minutes.
Et que pendant ce temps-là, Jayden Struble et Arber Xhekaj semblent exister seulement pour compléter l’alignement… c’est là que tout craque.
Parce que contre une équipe lourde, tu n’as aucune chance si ton top-4 craque sous la fatigue après deux périodes.
La LNH ne pardonne pas ce genre de surcharge, encore moins quand deux des quatre défenseurs en question mesurent moins de six pieds. On ne parle même pas ici d’un manque de talent. On parle de survie.
Et c’est là que la blessure de Kaiden Guhle revient comme une ombre gigantesque.
Dubé l’a martelé : c’est « un autre exemple concret de l’immense impact » de sa perte.
Guhle est celui qui mange des minutes difficiles, celui qui stabilise, celui qui coupe les cycles, celui qui empêche le chaos. Sans lui, tout le monde joue au-dessus de sa tête, et on finit par le payer.
À un moment donné, la question devient incontournable : pourquoi Struble et Xhekaj sont-ils dans l’alignement si on n’a même pas confiance pour les faire jouer 20 présences?
Et si c’est comme ça, pourquoi ne pas rappeler Adam Engström?
Pourquoi ne pas aller chercher une solution ailleurs? Dubé n’a pas la réponse, mais il laisse la porte ouverte à quelque chose que beaucoup pensent tout bas :
« qu’on rappelle Adam Engström du Rocket de Laval ».
Ce n’est pas la seule position où Montréal souffre d’un manque de constance. Devant le filet, c’est encore plus criant.
L’alternance perpétuelle entre Montembeault et Dobeš a tué la confiance des deux.
À un moment donné, un coach doit choisir. Doit donner trois matchs de suite à quelqu’un. Doit reconstruire la confiance. Parce que sans confiance, même un gardien élite devient un passager.
Cette vérité est dure, elle est froide, mais elle est juste : le Canadien n’est pas encore construit pour affronter les clubs qui jouent le vrai hockey.
Celui qui te rentre dedans, qui te fait mal, qui teste ton caractère, ta profondeur, ta maturité.
On peut parler de reconstruction, on peut parler de jeunesse, on peut parler de blessure… mais la réalité reste la même : ce club-là n’est pas prêt.
Dany Dubé n’a rien dit que les faits n’appuient déjà.
La seule question, maintenant, c’est de savoir si Kent Hughes et Martin St-Louis voient la même chose que tout le monde.
Parce qu’à force d’encaisser les mêmes coups, les mêmes scénarios, les mêmes défaites contre les mêmes équipes… le message finit par devenir impossible à ignorer.
Misère...
