David Reinbacher n’a jamais été du genre à se plaindre. Il garde la tête haute, fait ce qu’on lui demande, et suit le plan à la lettre.
Mais là, il doit ressentir un mélange de frustration et d’impuissance, un sentiment difficile à avaler pour un jeune défenseur qui veut simplement jouer au hockey.
Depuis son retour de blessure, on le traite comme un petit bijou fragile, un diamant qu’on polit avec soin de peur qu’il ne se brise.
Deux matchs. C’est tout ce qu’il a eu avant qu’on lui dise d’arrêter, de ne pas jouer le troisième.
Un choix assumé du Canadien, basé sur des recommandations médicales, mais qui, forcément, doit lui laisser un goût amer. Il voulait jouer. Il se sentait bien. Pascal Vincent l’a confirmé sans détour :
« Je vais vous dire tout de suite qu’il ne jouera pas demain. Ça, c’était le plan qu’on avait établi, que le Canadien avait établi, les docteurs. On voulait lui donner deux matchs, puis il ne jouera pas demain, juste pour s’assurer. Il était déçu, par contre. Il voulait jouer, il se sentait bien. »
Et c’est là que la frustration doit s’installer. Pas contre l’organisation, mais contre cette situation où il doit sans cesse attendre.
Attendre que son corps soit jugé prêt, attendre qu’on lui donne le feu vert, attendre que la confiance des dirigeants soit totale.
Reinbacher n’est pas dupe. Il comprend ce que le Canadien fait, il sait qu’il est vu comme un investissement à long terme, un joueur dont on ne veut surtout pas rater le développement.
Mais ça ne rend pas l’attente plus facile. Parce que pendant qu’il suit ce plan minutieux, d’autres jeunes joueurs avancent, prennent du galon, accumulent les minutes et l’expérience. Et lui, il regarde ça en patinant dans le vide.
Il n’a joué que sept matchs en Amérique du Nord cette saison. Sept!!!
Pendant ce temps, ses coéquipiers, ses adversaires de génération, progressent sans ces freins. Imagine l’impatience.
Imagine l’impression de voir les autres courir pendant qu’on lui demande de marcher lentement, prudemment.
Et il y a cette autre réalité qui pèse sur lui. Il n’est pas un simple espoir. Il est « le choix à la place de Matvei Michkov ».
Celui que le Canadien a préféré, celui qui représente une décision qui sera jugée pour des années. Il ne peut pas se permettre d’échouer.
Le CH l’a sélectionné parce qu’il cochait toutes les cases d’un défenseur moderne, fiable, intelligent, capable d’évoluer à haut niveau rapidement. Mais en ce moment, il est sur pause.
Et quelque part, cette attente doit lui peser. Pas parce qu’il doute de lui-même, mais parce qu’il sait ce que les gens pensent. Que si Michkov brille ailleurs, son développement lent sera pointé du doigt. Qu’il n’aura pas droit à l’erreur.
Une gestion précautionneuse… trop?
Le Canadien a raison de vouloir le ménager. Mais comment doit-il se sentir à force d’être traité comme un projet hyper délicat?
Ce n’est pas un joueur blessé chronique. Ce n’est pas un vétéran au corps usé. C’est un jeune de 20 ans en pleine forme qui, dans sa tête, est prêt à foncer.
Alors oui, il doit apprendre la patience. Oui, il doit composer avec cette gestion ultra précautionneuse.
Mais il a le droit d’être frustré. Parce qu’un joueur de sa trempe ne veut pas être protégé. Il veut se battre, jouer, avancer.
Et maintenant?
Le Canadien ne changera pas son approche pour lui faire plaisir. Il devra attendre son prochain match, attendre que l’organisation décide qu’il est prêt à reprendre son rythme. Mais combien de temps encore?
Parce qu’à force de le freiner, de le couver comme un joyau fragile, il y a un risque : qu’il se sente coincé, qu’il perde cette sensation d’avancer.
Il sera patient. Il n’a pas le choix. Mais à l’intérieur, il doit bouillir.
À suivre ...