David Reinbacher est brisé : le mirage n’aura pas duré longtemps

David Reinbacher est brisé : le mirage n’aura pas duré longtemps

Par André Soueidan le 2025-09-14

Il n’y avait pas encore de neige sur le trottoir ni de pancartes de Noël au Canadian Tire, mais la fracture autour de David Reinbacher est déjà ouverte.

Ceux qui espéraient tourner la page sur le choix controversé du cinquième rang au repêchage de 2023 doivent maintenant se rendre à l’évidence : le débat est loin d’être terminé, et le dernier match des recrues du Canadien n’a fait qu’enflammer les braises.

Oui, Reinbacher a bien entamé son match.

Oui, il a fait de bonnes premières passes.

Oui, il semblait calme.

Mais ensuite? Il s’est effondré. Et pas contre Connor McDavid. Contre des recrues des Jets de Winnipeg.

Interrogé après la rencontre, David Reinbacher n’a pas cherché d’excuses :

« Ce n’est pas une bonne sensation, surtout quand on perd comme ça. C’est un match qui te garde humble. Tu ne peux pas prendre ça à la légère. »

Il est lucide, oui. Mais ce n’est pas supposé être lui, le joueur humble qui apprend.

C’est censé être le pilier. Le gars mature. Le choix de Kent Hughes qui allait nous faire oublier Matvei Michkov. Celui qui incarne la sécurité.

Mais ce qu’on a vu, ce sont des séquences inquiétantes.

Sur le deuxième but des Jets, Reinbacher s’est fait donner une véritable « tasse de café ».

Débordé de vitesse, pris à contre-pied. Même dans la LNAH, ça passerait mal.

Puis vient le quatrième but, une séquence de désorganisation totale.

Reinbacher suit son homme jusqu’à derrière le filet, crée un chaos dans sa zone, mêle Adam Engström au passage, et bang : but. Tu regardes ça et tu te dis : s’il se fait perdre ainsi contre des recrues… qu’est-ce que ça va être contre Jack Hughes ou Tim Stützle?

@jetsnation.ca Danny Zhilkin netted the game winning goal with just 25 seconds left in the third period to lift the Jets over the Habs 4-3 Saturday night! #nhl #nhlhockey #hockey #winnipegjets #nhljets       📸 - @Winnipeg Jets ♬ original sound - Jets Nation

Sur Twitter, certains ont tenté de redresser l’image. Anthony Martineau, de TVA Sports, est allé jusqu’à écrire :

« Oublions le deuxième but. Globalement, Reinbacher est meilleur dans tout par rapport à l’an passé. J’aime son pace. Il est beaucoup plus explosif. Il a aussi gagné en confiance avec la rondelle, qu’il transporte beaucoup plus. Plus robuste devant son filet aussi. »

Mais voilà : c’est exactement ça, le problème. Pourquoi on est déjà en train de défendre un gars repêché 5e au total?

Pourquoi on passe sous silence les séquences les plus critiques?

Quand un espoir exceptionnel domine un match de recrues, on n’a pas besoin de détourner l’attention.

Ivan Demidov? Personne ne l’a excusé. Il a dominé.

Reinbacher? Il a semblé survivre. C’est ça, la différence.

C’est pour ça que les partisans crient à l’injustice depuis le jour du repêchage.

Parce qu’à talent égal, tu peux vivre avec une courbe d’apprentissage. Mais quand un joueur a l’étiquette de choix top 5, il faut qu’il domine les recrues. Il ne peut pas simplement être « correct » ou « mieux qu’avant ».

Et c’est là que le bât blesse. Reinbacher n’a pas demandé d’être repêché cinquième au total. Il ne s’est pas choisi lui-même. Mais depuis ce jour-là, il marche avec une cible dans le dos. Il a été blessé au genou. Il n’a pas joué beaucoup. Il a sauté des étapes.

On l’a envoyé en Suisse, puis ramené. Il est pris dans une spirale d’attentes démesurées et de déceptions silencieuses.

Mais les faits sont là. Ce joueur-là est fragile. Il manque de constance. Il est encore loin, très loin, d’un joueur prêt pour la LNH. Et si on ne fait pas attention, on va le brûler.

Quand tu écoutes Reinbacher parler, tu sens le stress dans sa voix : « C’est un bon test pour voir où on en est. Ce sont des gars contre qui je vais probablement jouer un jour dans la LNH. Il faut que tu sois prêt. »

Il essaie de se convaincre lui-même. Il veut y croire. Mais même dans sa lucidité, on sent l’inconfort. Il sait qu’il ne fait pas l’unanimité. Il sait que tout le monde le regarde de travers.

Le nouveau coach du Rocket, Pascal Vincent, était derrière le banc. Il a vu les erreurs. Il a vu le calme relatif du début de match.

Il a vu la désorganisation. Et s’il a une once d’instinct, il sait déjà que Reinbacher doit aller à Laval. Pas pour le punir. Pas pour l’humilier. Mais pour le reconstruire. Parce que là, il est brisé.

Il y a une fracture dans le discours. Une fracture dans les attentes. Une fracture dans le développement du joueur. D’un côté, les optimistes veulent croire au potentiel.

De l’autre, les réalistes voient un gars qui se cherche.

Et au milieu de tout ça, Reinbacher essaie de nager sans couler. Mais après ce match, il est clair qu’il ne peut pas commencer la saison à Montréal. Ce serait une erreur monumentale.

Le Canadien voulait un défenseur fiable. Pas spectaculaire, mais stable. Un gars à la Moritz Seider. Ce qu’on a vu, c’est un défenseur capable du meilleur, mais aussi du pire.

Et ça, ce n’est pas rassurant. Quand t’as Lane Hutson qui attend dans les coulisses, quand t’as Logan Mailloux qui a été échangé, quand t’as Jayden Struble et Adam Engström qui poussent… tu ne peux pas te permettre d’avoir un maillon faible.

Et là, en ce moment? Reinbacher est le maillon faible.

Martin St-Louis était là. En haut. Dans la galerie de presse. Bloc-notes en main, regard d’aigle. Il a tout vu. Et pour lui, l’échantillon David Reinbacher, c’est minuscule.

Une présence de 15 secondes dans la LNH l’an dernier, même pas le temps de transpirer. Et là, un match de recrues… contre des gars qui n’ont jamais mis un pied dans la Ligue nationale. C’est ça, son dossier. Et soyons francs : ce qu’il a vu samedi soir, c’est pas rassurant pantoute.

Reinbacher a commencé le match comme un gars calme, en contrôle, mais dès que le tempo a monté, il a explosé en morceaux. Si t’es Martin St-Louis, t’as pas vu un top 4. T’as vu un risque.

Le débat est lancé. Encore. Faut-il être patient? Faut-il revoir les attentes à la baisse? Faut-il le défendre comme le fait Martineau?

Ou faut-il accepter la réalité, même si elle fait mal : Kent Hughes a peut-être raté son coup. Le Canadien aurait peut-être dû prendre Michkov. Ou un autre.

Parce que là, avec ce qu’on a vu hier?

David Reinbacher est brisé. La fracture est ouverte.

Misère... On n'est pas sortie du bois...