Décision de dernière minute: la transaction de Patrik Laine crée la commotion

Décision de dernière minute: la transaction de Patrik Laine crée la commotion

Par David Garel le 2025-08-18

Il y a quelques mois à peine, tout semblait indiquer que l’histoire de Patrik Laine à Montréal allait se terminer avant même d’avoir véritablement commencé.

Les rumeurs d’un rachat de contrat, les murmures persistants d’un échange, les analyses assassines de certains médias traditionnels : tout pointait vers une séparation inévitable entre le Canadien et l’attaquant finlandais.

La blessure, les doutes sur son implication, le scepticisme des partisans… bref, on avait l’impression que Laine n’allait jamais s’intégrer complètement dans cette équipe en pleine reconstruction.

Et pourtant, un coup de théâtre monumental a changé la trajectoire. Un geste  de dernière minute qui en dit long : Kent Hughes, avant de finaliser la transaction qui a amené Patrik Laine à Montréal, a pris son téléphone et a appelé… Nick Suzuki.

Dans la série documentaire La reconstruction : au cœur des Canadiens de Montréal, diffusée sur Crave, on apprend que le directeur général a demandé à son capitaine ce qu’il pensait de l’idée de rapatrier Laine. La réponse du numéro 14? Un oui franc, un aval décisif.

Ce détail, passé presque inaperçu au moment de la diffusion de l’extrait, est pourtant énorme. Il révèle que le sort de Laine ne s’est pas seulement joué dans les bureaux, mais dans le vestiaire.

Suzuki, en capitaine moderne et rassembleur, a pris sur lui de donner le feu vert. Sans cette approbation, Laine ne serait peut-être même pas au Centre Bell aujourd’hui.

Et le plus fou, c’est que cette approbation, Suzuki l’a renouvelée au début de l’été, alors que les rumeurs d’échange refaisaient surface.

Des "insiders" ont laissé entendre que Kent Hughes aurait de nouveau sondé son capitaine pour savoir si Laine faisait toujours partie de ce groupe, s’il était encore accepté par ses coéquipiers.

La réponse de Suzuki aurait été sans équivoque : Laine fait partie de la gang, on ne touche pas à lui.

Si Laine est encore à Montréal aujourd’hui, c’est donc en grande partie grâce à Suzuki. Mais ce serait injuste de ne pas souligner l’effort colossal du joueur lui-même pour se réhabiliter.

Après des années d’instabilité, entre Columbus et Winnipeg, il avait besoin d’un nouveau départ. Montréal, malgré le poids médiatique et la pression, lui offrait une plateforme idéale : un marché passionné, un vestiaire jeune, un capitaine rassembleur, et surtout, un directeur général qui a décidé de lui faire confiance.

Dès son arrivée, Laine a semblé vouloir changer le narratif autour de lui. Oui, il a connu une blessure, mais il n’a pas sombré. Il a accepté la réhabilitation, il a continué à s’impliquer autour de l’équipe, et il s’est rapproché de ses coéquipiers.

On l’a vu à Brossard, on l’a vu à Osheaga, on l’a vu au mariage de Nick Suzuki. Des gestes qui, pris séparément, semblent banals, mais qui démontrent une volonté claire : celle de ne plus être un électron libre, mais bien un membre à part entière de cette formation.

Et aujourd’hui, ce pari porte fruit. Non seulement Laine a retrouvé son sourire, mais il a aussi retrouvé sa confiance.

Ses lancers sont redevenus redoutables, son instinct offensif est intact, et son rôle dans le vestiaire n’est plus celui d’un paria, mais d’un joueur respecté. De pestiféré à réhabilité, Laine a vécu une véritable métamorphose.

La grande question demeure : combien de directeurs généraux dans la LNH demandent réellement l’avis de leur capitaine avant de prendre une décision aussi lourde de conséquences?

Probablement très peu. Hughes, ancien agent de joueurs, comprend l’importance de la dynamique de vestiaire. Il sait qu’imposer un joueur rejeté par le groupe est la recette parfaite pour semer le chaos.

En consultant Suzuki, il a choisi de s’assurer que Laine arriverait dans un environnement favorable. Et en redemandant son avis récemment, il a validé que l’intégration du Finlandais fonctionnait.

C’est une gestion humaine, moderne, et qui prouve que la relation entre Hughes et Suzuki dépasse le cadre strict de la glace.

Suzuki, de son côté, démontre à quel point il est devenu un capitaine d’impact. Pas seulement un joueur de premier trio, pas seulement un leader silencieux, mais un véritable décideur.

Il a sauvé Laine une première fois en acceptant son arrivée. Et il l’a sauvé une deuxième fois en refusant son départ. C’est littéralement Nick Suzuki qui a empêché que Patrik Laine soit sacrifié.

Cette résurrection de Laine entraîne cependant un casse-tête pour le Canadien. Comment construire un alignement où l’on veut maximiser ses forces offensives tout en respectant la hiérarchie?

Car soyons clairs : avec Ivan Demidov déjà prêt à éclore, avec Juraj Slafkovský qui s’impose, et avec Cole Caufield qui reste un buteur élite, il faut trouver une place logique pour Laine.

La logique voudrait qu’il joue sur un trio offensif explosif, possiblement aux côtés de Demidov. Mais qui sera le centre de cette combinaison?

Kirby Dach, malgré ses qualités, n’a pas prouvé qu’il pouvait suivre le rythme d’ailiers de ce calibre. Son absence prolongée, ses blessures, ses doutes font craindre qu’il ne puisse pas remplir ce rôle.

C’est ici qu’entre en scène Zachary Bolduc. Le Québécois, acquis pour donner de la profondeur offensive, pourrait être testé au centre de ce fameux trio.

Un trio Bolduc–Laine–Demidov? Sur papier, ça pourrait donner des frissons aux défensives adverses. Et si ça fonctionne, ce serait une véritable gifle à tous ceux qui voyaient Bolduc comme un joueur limité à un rôle de troisième trio.

Mais avouons-le : l’idée que Bolduc devienne le pivot de Laine et Demidov est audacieuse, presque irréaliste. Ce serait une claque pour Dach, mais une confirmation que Montréal croit davantage au potentiel polyvalent de Bolduc.

La grande interrogation : Laine peut-il redevenir ce marqueur de 40 buts qu’il a déjà été? À 27 ans, il est encore dans son prime.

Avec des coéquipiers talentueux comme Demidov, Caufield ou Suzuki, il aura toutes les munitions nécessaires pour exploser. Montréal n’attend rien de moins qu’un retour en force digne de son talent.

Si Suzuki a mis son poids dans la balance pour sauver Laine, c’est probablement parce qu’il croit que ce scénario est possible. Le capitaine ne défend pas n’importe qui. Il sait que Laine, bien entouré, peut redevenir un atout majeur.

Et si Laine atteint ce plateau des 40 buts, ce sera non seulement une victoire personnelle, mais aussi une validation éclatante pour Kent Hughes, qui aura eu raison de ne pas céder aux critiques.

La diffusion de la deuxième saison de La reconstruction : au cœur des Canadiens de Montréal sur Crave vient donc jeter une lumière nouvelle sur cette saga. Loin d’être un simple documentaire promotionnel, la série révèle les coulisses de décisions qui changent la trajectoire d’une organisation.

L’appel de Hughes à Suzuki, la transparence entre DG et capitaine, la manière dont l’avis des joueurs est pris en compte : tout cela démontre que le CH est en train de se bâtir une identité différente.

Une identité où les joueurs ont voix au chapitre, où le vestiaire est au cœur des décisions, et où l’on mise sur la cohésion plutôt que sur la dictature.

Patrik Laine, autrefois vu comme un pari risqué, est aujourd’hui perçu comme un coup de circuit. Pas seulement parce qu’il a retrouvé sa confiance, mais parce que le Canadien, en refusant de l’abandonner, a montré qu’il croyait encore en lui.

Et derrière ce miracle, il y a un homme : Nick Suzuki. Sans son aval, Laine ne serait probablement plus là. Sans son soutien, Hughes aurait peut-être appuyé sur le bouton rouge.

Aujourd’hui, Montréal se retrouve avec un joueur ressuscité, un capitaine respecté, et une équipe qui croit en ses chances. La question n’est plus de savoir si Laine fera partie de l’avenir, mais plutôt jusqu’où il peut amener ce club.

Et si le Finlandais retrouve vraiment sa touche magique et atteint le plateau des 40 buts, alors on pourra dire sans détour : Suzuki n’a pas seulement sauvé un coéquipier. Il a changé le destin du Canadien de Montréal.