Déclaration de Sidney Crosby: Montréal reçoit sa réponse

Déclaration de Sidney Crosby: Montréal reçoit sa réponse

Par David Garel le 2025-11-11

Assez, c’est assez.

Depuis des mois, le nom de Sidney Crosby refait surface à Montréal. Chaque fois qu’un journaliste québécois évoque un scénario romantique de fin de carrière, l’idée d’un Crosby en bleu-blanc-rouge ressurgit.

Mais cette fois, le capitaine des Penguins a voulu mettre un terme définitif à la rumeur.

Dans une entrevue exclusive accordée à RG Média, Crosby a parlé sans détour : de ses prochains Jeux olympiques, de son amour pour Pittsburgh, et de la réalité d’un joueur de 38 ans qui a tout gagné, mais qui refuse de tourner la page.

Et surtout, il l’a répété sans ambiguïté : il ne veut plus entendre parler de Montréal.

L’annonce de la participation de la LNH aux Jeux olympiques de Milan 2026 a réveillé des souvenirs puissants chez lui.

Crosby, c’est le but d’or de Vancouver en 2010. C’est la domination de Sotchi en 2014. C’est la voix du Canada dans les vestiaires.

Il est la référence absolue.

Et malgré son âge, il sera encore là, désigné dès le mois de juin parmi les six premiers noms retenus par Hockey Canada.

« Juste avoir la chance de le revivre, c’est quelque chose d’incroyable », confie-t-il. « On a raté plusieurs éditions, et à un certain moment, je ne savais même plus si on allait y retourner. Alors de savoir que ce sera non seulement Milan, mais aussi les suivants, c’est spécial. »

Pour lui, cette convocation vaut de l'or... même s'il ne sera pas payé...

Pas besoin de prouver quoi que ce soit, mais encore ce besoin de se dépasser.

« Les gars plus jeunes n’ont jamais vécu ça, explique-t-il. En en parlant avec eux, je vois qu’ils sont excités autant que moi. C’est ça qui garde la flamme vivante. »

Le retour des joueurs de la LNH aux Olympiques après douze ans d’absence crée un mélange générationnel fascinant.

Crosby ne s’en cache pas : la plupart des visages autour de lui seront nouveaux.

« Drew Doughty, évidemment, était là avec moi en 2010 et 2014, il était au camp d’été à Calgary et au tournoi des 4 Nations. Mais sinon, il reste peu de gars de l’époque du Mondial 2016. Brad Marchand en fait partie. C’est spécial d’avoir encore quelques compagnons de route, mais c’est aussi excitant de voir toute une nouvelle vague arriver. »

Crosby est désormais celui que les jeunes regardent comme une légende vivante.

Certains de ses adversaires d’aujourd’hui n’étaient même pas nés quand il a été repêché. Il joue contre des fils de joueurs qu’il côtoyait à ses débuts.

Mais loin d’y voir une menace, il y trouve une motivation.

« Je ne passe pas mon temps à réfléchir à ma carrière, dit-il. Ce que j’aime, c’est encore me mesurer à ces jeunes, apprendre d’eux, comparer nos approches. J’ai beaucoup vécu, mais le plaisir est dans le fait de continuer à apprendre, de continuer à évoluer. »

Crosby parle du hockey avec la même passion qu’à 20 ans.

Malgré les blessures, les années et les critiques, son discours est resté le même : travailler, apprendre, aimer la compétition.

« Que ce soit avec un jeune affamé ou avec un gars que je connais depuis longtemps, j’aime échanger, comparer nos façons de voir le jeu. C’est ça, le plus beau. Je vis encore le rêve que j’avais gamin. Je ne sais pas combien d’années il me reste, mais tant que je peux performer à un haut niveau, je vais me battre pour ça. »

Ce qui frappe, c’est le ton d'un gagnant. Crosby ne joue plus pour les records, ni pour les comparaisons avec McDavid, ni pour alimenter les débats d’époque. Il joue pour l’essence du jeu, pour ce que représente encore le logo des Penguins sur sa poitrine.

À Pittsburgh, Crosby est plus qu’un joueur : il est une institution.

Depuis son arrivée en 2005, il n’a jamais quitté. Kris Letang et Evgeni Malkin non plus. Trois carrières parallèles, soudées par le respect et la loyauté.

« C’est rare, dit-il. On le sait, rien ne garantit qu’un trio comme ça reste uni aussi longtemps. On a grandi ensemble dans cette ligue, on a vécu des hauts, des bas, des blessures, des conquêtes. Ce qu’on a, c’est unique. »

Et cette fidélité, il n’est pas question d’y toucher.

« Je suis ici pour rester. C’est chez moi, tout simplement. »

Crosby sait que d’autres athlètes de sa génération ont changé d’air pour aller chercher un dernier titre. Que l'on pense seulement à Tom Brady ou LeBron James.

Mais il ne veut pas suivre ce chemin.

« Je comprends ceux qui veulent tenter autre chose, mais je ne me vois pas ailleurs. C’est ici que tout a commencé, et c’est ici que je veux finir. »

À Montréal, on a longtemps voulu croire à un conte de fées : Crosby, à la fin de sa carrière, rentrant “à la maison” dans la seule autre ville de hockey où il serait adoré comme à Pittsburgh.

Mais pour la première fois, Crosby a tenu à fermer cette porte lui-même.

Selon lui, ces spéculations deviennent un manque de respect pour ses coéquipiers et pour la ville qui l’a vu grandir comme capitaine.

« J’en entends parler depuis des années, dit-il. Mais je veux être clair : je suis un Penguin. J’ai des amis ici depuis vingt ans. On a bâti quelque chose de trop fort pour le mettre en doute chaque fois que les choses deviennent difficiles. »

Un message direct aux rumeurs qui circulent depuis trop longtemps :

« Montréal est une belle place de hockey, c’est certain. Mais je suis à Pittsburgh, et c’est ici que je veux gagner encore. »

Après trois saisons sans séries éliminatoires, plusieurs observateurs prédisaient un déclin inévitable. Certains disaient même que Crosby devrait partir à Montréal pour espérer une quatrième Coupe Stanley ailleurs.

Mais le capitaine a choisi une autre voie : reconstruire sans renier.

« Notre identité, c’est le travail. Chaque jour. Il faut être prêts à travailler plus fort que les autres équipes. Quand on joue de cette façon, on peut rivaliser avec n’importe qui. Il faut continuer à bâtir là-dessus. »

Autour de lui, le DG Kyle Dubas a ajouté du sang neuf.

"On a des jeunes joueurs rapides, dynamiques et affamés" affirme Crosby qui a les yeux qui s'illuminent quand il parle de Ben Kindel, 11e chioix au total lors du dernier repêchage et compagnon de trio.

Certains disent que Crosby devrait commencer à penser à la retraite. D’autres lui reprochent de ne pas vouloir laisser la place aux jeunes à Pittsburgh en refusant de se faire échanger.

Mais ceux qui le côtoient chaque jour savent qu’il est encore l’un des plus exigeants, des plus constants, des plus obsédés par le jeu.

« Tant que je peux contribuer, je vais continuer. Je veux toujours apprendre, m’améliorer, être compétitif. Le hockey m’a tout donné, et tant que j’ai cette flamme, je ne veux pas qu’on me range sur une tablette. »

Son nom reviendra toujours à Montréal, parce qu’il fait partie du patrimoine canadien et surtout québécois. Mais lui, il ne veut plus l’entendre.

Il veut parler de Pittsburgh, de Letang, de Malkin, de la Coupe, de Milan 2026 et de ce plaisir d’être encore là.

« Je suis reconnaissant de vivre encore mon rêve d’enfant, dit-il. Je ne pense pas à la fin. Je veux juste continuer à me battre, ici, avec ceux avec qui j’ai tout vécu. »

Il ne deviendra pas un "Habs".

Il ne ressent pas de nostalgie.

Il est juste un homme qui, après vingt ans de hockey, sait exactement où il appartient.

À Pittsburgh et nulle part ailleurs.