Déconfiture à Brossard: Kirby Dach perd ses moyens

Déconfiture à Brossard: Kirby Dach perd ses moyens

Par David Garel le 2025-09-19

Si on avait encore besoin d’une confirmation que le Canadien de Montréal n’a pas de deuxième centre viable derrière Nick Suzuki, la scène de ce matin à Brossard a tout réglé.

Kirby Dach a eu de la difficulté à terminer la séance. Oui, il était de retour sur la glace. Oui, il faisait partie du groupe B, parce que le CH ne voulait pas qu'il prenne part au scrimmage. (on l'a remplacé par Oliver Kapanen au centre de Demidoc et Laine), celui qui regroupe les joueurs qu’on veut ménager ou observer attentivement.

Mais à voir la manière dont il peinait à suivre le rythme, on a compris que la belle illusion entretenue cet été venait de se fracasser contre la vitre de la réalité.

Il est soufflé. Lourdement. À bout de souffle après quelques répétitions. Lent dans ses prises de décision. Fragile dans les duels. C’est un joueur qui revient de trop loin… trop rapidement. Et tout le monde dans le vestiaire l’a vu.

Martin St-Louis a bien tenté de calmer le jeu. Il a évoqué des « progressions normales », a insisté sur le fait qu’on « veut bien gérer sa charge de travail »… mais les images parlent plus fort que les mots : Kirby Dach ne sera pas prêt à pivoter un deuxième trio en octobre.

Et ça, c’est un immense problème pour une organisation qui s’attend à jouer pour une place en séries.

L’erreur est humaine… mais persister serait suicidaire.

Depuis des mois, Kent Hughes se montre patient. Il croit encore que Kirby Dach peut devenir le centre numéro deux tant recherché. Mais cette patience commence à ressembler à de l’aveuglement volontaire.

Parce qu’au moment même où Ivan Demidov prend d’assaut le vestiaire, qu’il s’impose comme un futur pilier offensif et qu’il développe une chimie fulgurante avec Patrik Laine, le centre qui doit les alimenter est… un joueur à court de souffle, limité physiquement, et dont le passé médical est lourd.

Ce matin, à Brossard, tout le monde a senti la tension. Même les vétérans évitaient le regard de Dach. Il y avait comme une gêne collective. On avait envie de croire. Mais il fallait aussi se rendre à l’évidence : il n’est pas encore là. Peut-être ne le sera-t-il jamais.

À un moment donné, on pensait qu'il allait vomir tellement il ne pouvait plus respirer.

Ce matin, les coachs du CH n’ont cessé de répéter que Demidov et Laine étaient déjà prêts à être testés ensemble. Mais dans les couloirs, un murmure circulait : 

« Dach ne tiendra pas. Il nous faut quelqu’un. Vite. »

Il faut être honnête.

On nous vend le mirage Kirby Dach depuis des mois. Oui, son talent est immense. Oui, ses qualités physiques sont rares. Oui, on se souvient de ses moments d’éclat en 2023. Mais depuis, c’est le néant. Deux blessures graves. Une absence totale. Aucune vraie séquence en condition de match. Et ce matin, une prestation qui faisait peine à voir.

Combien de temps encore allons-nous faire semblant?

Le CH n’a pas le luxe d’attendre. Demidov n’attendra pas. Laine ne patientera pas. Suzuki, lui, a déjà trop donné. Ce club a besoin de profondeur immédiate, de stabilité, de solutions réalistes. Pas de paris louches sur des joueurs à réhabilitation longue.

Il manque une pièce maîtresse. Et elle n’était pas à Brossard ce matin.

Kirby Dach a soufflé comme un boxeur hors de forme. van Demidov a encore une fois démontré qu’il était prêt à jouer dans la cour des grands, mais qu’il a besoin d’un vrai centre à ses côtés.

Le complexe CN de Brossard a vibré ce matin comme rarement en septembre. Le match intra-équipe entre le groupe A et le groupe C a offert tout ce qu’un camp d’entraînement peut générer : du talent brut, de la rage de vivre, du sang… et de la frustration.

La vedette du jour? Sans surprise, Ivan Demidov. L’enfant prodige russe ne fait que confirmer, jour après jour, qu’il sera prêt dès la première minute de la saison. Flamboyant, créatif, culotté… il a dynamité la glace avec son complice Patrik Laine, qui semble littéralement voler sur la patinoire.

Ensemble, ils ont généré plusieurs chances de marquer à couper le souffle, même si Oliver Kapanen ne suit clairement pas le rythme.

Le jeune Finlandais, pourtant prometteur dans d’autres contextes, s’est noyé dans cette combinaison. Trop lent, pas assez réactif, il a été un poids pour le duo explosif de Demidov et Hutson. Ce matin, tout le monde l’a vu : il n’est pas de calibre pour jouer avec ces deux artistes. C'était mieux dans la 2e moitié du match, mais il n'est pas la solution.

Mais la vraie bombe du match intra-équipe, c’est Joshua Roy. Oublié. Jeté dans les rumeurs de transaction. Pratiquement donné aux Bruins de Boston dans un package avec Jaden Struble et Oliver Kapanen pour Pavel Zacha. Étiqueté comme un « throw-in » dans des spéculations de mégatrade pour Sidney Crosby.

Et pourtant, ce matin, Joshua Roy a rappelé à tout le monde qu’il n’avait pas dit son dernier mot. Deux buts. Une passe. Une présence à chaque occasion dangereuse. Sa chimie avec l’Autrichien Vincent Rohrer saute aux yeux. Les deux joueurs, qui devraient commencer la saison ensemble à Laval, ont été les grands animateurs du match.

Roy, Rohrer et Belzile formaient le trio le plus efficace de la journée. Et c’est tout sauf un hasard. Roy est en furie, et ça paraît. Chaque présence était un plaidoyer pour la dignité. Il veut prouver qu’il vaut plus qu’un complément dans une transaction désespérée. Qu’il n’est pas fini. Qu’il mérite une vraie chance.

Mais on le sait tous : il ne sera pas au Centre Bell le 8 octobre. Roy est dans la vitrine. On essaie de maximiser sa valeur. Et à ce rythme, il va finir par brûler la vitrine au complet.

Ailleurs sur la glace (ou plutôt… ailleurs dans le vestiaire), Zachary Bolduc brillait par son absence. Officiellement, il n’a pas joué le scrimmage. Officieusement? Il semblait épuisé à l'entraînement. Essoufflé. À bout de souffle. On aurait dit aussi qu’il allait vomir parfois.

Hier déjà, son trio avec Alex Newhook et Owen Beck avait été invisible. Et ce matin, dans le groupe B qui ne jouait pas, Martin St-Louis l’a visiblement pris à part. Regard tendu. Ton sec. Explications directes.

Mais on ne s'inquiète pas pour Bolduc. Derrière l’électricité évidente du scrimmage, il y avait une ombre. Un non-dit. Une gêne qui ne fait que grossir jour après jour. Et cette ombre porte un nom : Kirby Dach.

Ce matin, Dach devait initialement jouer dans le scrimmage avec son groupe. Mais l’organisation a changé ses plans. À la dernière minute. Il a été retiré du match intra-équipe, sans blessure, sans incident. Juste… comme ça. Par précaution. Pour le protéger.

Et à première vue, ça semble sage. Le CH veut ménager son centre de 6 pi 4 po, revenu d’une blessure au genou qui a failli lui coûter sa carrière. Mais à force de marcher sur des œufs, on commence à se demander s’il n’y a pas des œufs pourris dans la coquille.

En conférence de presse, Martin St-Louis a fait de son mieux pour calmer le jeu.

« Je suis sûr qu’il va en jouer. On a quoi, six matchs? Il va en jouer. »

Il parle évidemment des matchs préparatoires. Mais son ton, son langage corporel, tout chez lui trahissait une vérité que tout le monde ressent : Kirby Dach n’est pas prêt.

Il était à bout de souffle à l'entraînement. On aurait dit qu’il allait s’effondrer. Pas d’explosion, pas de punch, pas de tranchant. Un corps en convalescence, un mental fragile. Et autour de lui, une équipe qui joue avec le feu.

Parce qu’un autre recul, une autre blessure, une autre rechute avant même le début de la saison… ce serait une catastrophe absolue.

Un plan… ou un pansement?

Le CH dit qu’il a un plan. Que tout est géré au jour le jour. Qu’il faut être patient. Mais à voir la prudence maladive de la direction, à voir le silence inconfortable de Dach lui-même, on commence à douter.

Pourquoi ne pas le faire jouer un scrimmage? Pourquoi l’éloigner du contact? Pourquoi le ménager à ce point si tout va bien?

La vérité? Rien ne va. On espère. On prie. Mais on ne contrôle rien. Et le malaise grandit.

Entre les flamèches de Demidov, les uppercuts émotionnels de Joshua Roy, l’essoufflement de Bolduc et l’invisibilité étrange de Dach, le camp du Canadien prend une tournure de série Netflix.

Chaque journée apporte son lot de drames, de rebondissements, de tensions. Et c’est ça, le vrai camp d’entraînement : un concentré de pression, de rêves brisés et d’histoires en devenir.

Joshua Roy partira. Demidov brillera. Dach… on ne sait plus. Et pendant ce temps, Nick Suzuki et Juraj Slafkovský et Cole Caufield dominent tout comme des seigneurs.

Mais derrière leur domination sereine, le volcan Kirby Dach reste en veille. Et on craint tous l’éruption.