Départ de Mitch Marner: sa femme perd patience

Départ de Mitch Marner: sa femme perd patience

Par Marc-André Dubois le 2025-05-20

C'est dans une atmosphère lourde, presque glaçante, que Mitch Marner s'est présenté devant les médias pour la conférence de presse post-mortem des Maple Leafs. Et ses propos ont eu l'effet d'un tremblement de terre.

Non, Marner n'a pas dit qu'il partait. Il n'a pas claqué la porte. Mais dans un marché comme Toronto, où les silences parlent plus fort que les mots, il a envoyé un message clair : il n'a jamais dit qu'il y avait des chances qu'il reste. Cela veut tout dire. Il est déjà parti.

« C'est encore très frais. C'est difficile de penser à l'avenir, là, tout de suite. Je vais m'asseoir avec ma femme, on va en discuter », a-t-il lâché.

Bang.

Aucune déclaration d'amour à l'équipe. Aucune promesse de revenir. Aucune phrase du type « I want to be back », pourtant si commune dans ces moments-là.

Marner est blessé. Profondément. Et il est clair que ce ne sont pas seulement les critiques sur son jeu qui l'ont atteint.

C'est l'ensemble. L'échec. L'humiliation. Les huées. Les chandails lancés sur la glace. Et surtout… les insultes dirigées vers sa conjointe.

Selon plusieurs sources proches du clan Marner, sa femme a été la cible d'injures et de propos déplacés sur les réseaux sociaux et même en personne à Toronto au cours de la dernière saison. Pour un couple discret, très peu à l'aise avec la médiatisation, le choc a été brutal.

Et c'est sans surprise que le joueur a mentionné qu'il allait consulter sa femme avant de prendre une décision. Parce qu'au fond, c'est elle qui décidera. Et tout porte à croire qu'elle n'a plus envie de vivre à Toronto.

Craig Berube a beau avoir pris la parole pour encenser Marner (« C'est un joueur exceptionnel, je veux le revoir ici, il fait tout pour l'équipe »), le message ne suffit pas.

Marner a été trahi par la ville. Trahi par le vestiaire. Trahi par les attentes. Et le divorce semble inévitable.

Marner est déjà parti.

Son regard, ses mots, sa posture. Tout crie déjà le départ. Il est en mode "sortie contrôlée". Il veut quitter en paix. Quitter dignement. Mais quitter, tout de même.

Les destinations probables? Elles sont nombreuses, mais le cercle est restreint.

Penguins de Pittburgh: Marner y retrouverait Sidney Crosby. L'organisation est en reconstruction contrôlée. Kyle Dubas, ancien DG des Leafs, le connaît par cœur. Le marché est exigeant, mais beaucoup moins intrusif que Toronto. Marner pourrait y retrouver du calme et de la rédémption.

Sharks de San Jose: Les Sharks ont besoin d'une vedette offensive. Avec la reconstruction amorcée autour de Macklin Celebrini, Marner pourrait devenir le pilier offensif du nouveau projet. La Californie? Moins de médias, plus de soleil. Le rêve de plusieurs femmes de joueurs.

Blackhawks de Chicago: Connor Bedard cherche un partenaire offensif. Et les Blackhawks ont l'espace sous le plafond pour absorber le salaire de Marner. Une combinaison Bedard-Marner? C'est le genre de duo qui fait vendre des billets et relance une franchise.

Predators de Nashville: Marner serait la grande vedette d'un marché passionné, mais pas toxique. Et sa femme aurait la paix. Surtout, les Preds veulent revenir au sommet rapidement, et l'idée de jouer avec Steven Stamkos est alléchante.

Le Mammoth de l'Utah: L'Utah veut une vedette pour lancer son marché et a la place sur sa masse salariale.

Oubliez Montréal. Non seulement Kent Hughes ne donnera jamais 13 millions par saison à Marner, mais l'ailier droit ne voudra jamais aller dans un marché aussi étouffant que celui des Canadiens. Encore moins chez l'ennemi hérité de Toronto.

Ce seraient les Penguins de Pittsburgh qui tiendraient présentement le rôle de favori dans le dossier Mitch Marner. La tentation d’aller jouer avec Sidney Crosby, même pour deux ans, est réelle.

Mais plusieurs observateurs pensent que ce serait une erreur monumentale. Les Penguins n’ont aucun avenir. Leur relève est anémique. Leur fenêtre est non seulement fermée, elle est fermée à double tour.

Si Marner s’y rend, ce ne sera pas pour gagner, ce sera pour fuir le calvaire torontois. Et à ce stade-ci, c’est sa femme qui décidera.

Rappelons qu’elle aussi a été victime de cette ville. Insultée publiquement, huée dans les gradins, ciblée sur les réseaux sociaux.

Marner, lui, a vécu l’enfer. Des gens l’interpellaient dans la rue, criaient après lui alors qu’il promenait son chien. Son père a été traîné dans la boue durant ses négociations de contrat en 2019.

Tout a commencé en 2019, lorsqu’il a prolongé ses négociations contractuelles jusque dans le camp d’entraînement.

Il avait raté quelques jours, puis signé son entente, et c’est là que tout a basculé.

« C’est la première fois de ma vie qu’on me criait après », avait-il confié à l’époque. Un jour, en promenant son chien, un inconnu l’avait invectivé dans la rue :

« Pourquoi t’as pas encore signé ton contrat? »

Pire encore, les partisans ont commencé à attaquer son père, à le blâmer pour la longueur des négos, à spéculer sur son rôle dans les décisions de Mitch.

Marner, jusque-là protégé par une image de joueur modèle, a vu la ville qu’il aimait se retourner contre lui. Et ce n’était que le début. Dans les années qui ont suivi, chaque échec en séries lui était systématiquement collé sur le dos.

Même quand les critiques étaient fondées, elles franchissaient souvent la ligne. Des incidents graves ont été rapportés.

Et selon un journaliste très proche du dossier, un autre événement troublant se serait produit après l’élimination face aux Panthers, mais par respect pour Marner, il n’en a pas révélé les détails.

Tout ce qu’on sait, c’est que Toronto est devenu un endroit toxique, non seulement pour lui, mais aussi pour sa conjointe.

Et c’est pour ça que, quand Marner dit qu’il va réfléchir avec sa femme avant de prendre une décision, c’est parce qu’il sait très bien ce qu’elle va lui dire : « Mitch, on s’en va. »

Certaines menaces ont franchi les bornes du raisonnable. Ce n’est plus du hockey. C’est de l'inhumanité. 

Et pendant que Marner fait ses adieux en silence, John Tavares, lui, est "très optimiste" de revenir.

Le capitaine des Leafs a encore du gaz dans le réservoir, et il souhaite rester. Il l'a dit clairement. Contrairement à Marner.

Quant à Auston Matthews, il a assuré qu'il n'avait "aucune intention" de demander une transaction. Il aime Toronto, il aime jouer là, et il ne compte pas quitter.

Mais voilà, le cas Marner vient tout changer. Parce que si Marner part, la structure offensive explose. Et même si Berube dit vouloir le garder, son départ semble déjà enclenché.

Et cette fois, ce ne sera pas les Leafs qui choisiront. Ce sera Madame Marner.

Et c'est elle qui vient d'écrire les premiers mots de la fin d'une ère à Toronto.