Déprime pour Patrik Laine: La Presse sans pitié

Déprime pour Patrik Laine: La Presse sans pitié

Par David Garel le 2025-09-23

Le Centre Bell n’a pas tardé à vibrer, mais ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons. Dans ce premier match préparatoire du Canadien de Montréal, les projecteurs étaient tournés vers Patrik Laine, censé former un trio de feu avec Ivan Demidov et Oliver Kapanen.

La tempête autour du Finlandais ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain de son premier match préparatoire avec le Canadien, La Presse a enfoncé le clou avec un titre cinglant : « Patrik Laine en baisse ».

Le message était clair. Pas de nuance. Pas de contexte. Juste un verdict : déclassement. Pourtant, on parle ici d’un joueur qui dispute un premier match amical cette saison sans grande intensité collective.

Était-ce le moment de lancer une exécution publique ? Non. Mais dans le climat actuel, où chaque mouvement de Demidov est décortiqué comme s’il s’agissait de la rédemption de Guy Lafleur, il était prévisible que Laine serve de bouc émissaire.

Oui, il a raté plusieurs jeux. Oui, son langage corporel n’était pas celui d’un gars en mission. Mais fallait-il déjà enterrer son potentiel?

Le traitement médiatique, dès les premières heures, a été sans pitié. 

Sur les réseaux sociaux, la critique a fusé de partout. Plusieurs fans ont affirmé que « toutes les attaques finissaient par mourir sur le bâton de Laine ». Et, à bien des égards, ils n’ont pas tort.

Ce que les partisans ont vu, c’est un Laine apathique, lent, brouillon, et souvent la cause directe de séquences offensives avortées.

Il faut être honnête : ce n’était pas un bon match pour Patrik Laine. Il semblait jouer à reculons, sans réel engagement.

Ce n’est pas la première fois qu’on lui reproche un manque d’intensité, mais dans le contexte actuel, alors qu’il est censé se relancer dans un nouveau système, avec un nouveau rôle, et une opportunité en or aux côtés de Demidov, cette performance déçoit profondément.

Il faut certes relativiser : ce n’est qu’un match préparatoire. Mais justement, lorsqu’on tente de créer une chimie avec un prodige russe de 19 ans comme Ivan Demidov, chaque présence compte.

Laine et Demidov ont passé l’été à Brossard ensemble. On les a vus travailler en petits groupes, répéter des jeux, échanger des sourires.

On a cru, naïvement peut-être, qu’un lien s’était tissé. Mais dès la mise au jeu initiale, c’est un autre son de cloche qui a retenti. Demidov semblait frustré. Il semblait faire la baboune. Et Laine, lui, jouait sans conviction.

Demidov, talent pur, a besoin de partenaires qui pensent vite et qui jouent vite. Ce n’est pas encore le cas de Patrik Laine.

Les quelques passes incisives du Russe n’ont trouvé que des patins statiques. Et les rares éclairs de créativité de Laine ont été étouffés par une exécution approximative.

Au-delà du manque de chimie, un moment a failli tout faire dégénérer : le coup porté par Robby Fabbri à l’endroit d’Ivan Demidov. Si Patrik Laine avait été sur la glace, la question se serait posée : aurait-il réagi? Aurait-il protégé son coéquipier?

Mais ce n’était pas Laine… c’était Josh Anderson.

Et Anderson a fait ce que Laine n’aurait probablement pas fait : il a sauté sur Fabbri et l’a rudoyé jusqu’à écoper d’une pénalité.

« Il était en position vulnérable, la tête basse », a commenté Anderson. Une intervention qui a valu le respect du vestiaire, et sans doute, la gratitude silencieuse de Demidov.

Martin St-Louis n’a pas hésité à justifier cette réaction :

« On veut être une meute, et je ne suis pas surpris qu’il ait fait ça. Ce n’est pas la première fois ni la dernière fois. » Une meute, oui. Mais Laine, pour l’instant, n’en est pas le loup alpha.

La présence de Patrik Laine sur la deuxième vague de l’avantage numérique, aux côtés de Demidov, Dach et Dobson, a aussi soulevé des questions.

Bien que sur papier, sa puissance de tir justifie une telle utilisation, Laine n’a jamais été un maître de la circulation de rondelle ou de la vision du jeu. Et c’est exactement ce que cette unité a semblé cruellement manquer.

Laine aurait bien plus sa place sur la première unité d'avantage numérique avec Hutson et Suzuki qui vont se charger de transporter la rondelle.

Le jeu ne doit pas passer par lui. Quand il touche à la rondelle, l’action ralentit au lieu de s’accélérer. Dans un monde où Lane Hutson et Suzuki dominent déjà la première unité, il faut que Laine soit avec eux selon nous.

Surtout qu'il ne doit pas commencer à bouder.

Pendant ce temps, Juraj Slafkovský a vu son propre poste être remis en question par TVA Sports. Il n’est pas exclu que le Slovaque soit bientôt rétrogradé au deuxième trio, aux côtés de Laine et Dach, pour amener une présence physique qui manque cruellement aux deux géants nonchalants.

Demidov n’a rien dit, bien sûr. Mais ses gestes parlaient. Le Russe veut jouer avec les meilleurs. Il veut la place de Slafkovský sur le premier trio avec Suzuki et Caufield.

Et il est probable qu’il trouve difficile de bâtir un trio productif avec deux joueurs comme Dach et Laine (encore plus avec Kapanen), qui n’ont ni le dynamisme ni la lecture du jeu d’un joueur élite.

C’est le début d’un dilemme tactique pour Martin St-Louis : garder Laine à gauche du deuxième trio et espérer une chimie? Ou casser les cartes et tester une nouvelle combinaison?

Mais malgré tout, il faut faire attention.

On connaît la musique : les partisans s’enflamment vite, et les réseaux sociaux brûlent encore plus vite. Laine a connu un mauvais match. Il en connaîtra d’autres. Mais ce n’est pas le moment de le brûler publiquement. Ce n’est pas le moment de l’envoyer sous l’autobus, comme dirait l’autre.

Laine est un joueur de rythme. Il a besoin de temps. Et surtout, ce n’est pas un joueur qui donne tout en match préparatoire. Il économise son énergie pour les vrais matchs. Son historique à Columbus et Winnipeg l’a déjà montré : il commence lentement, mais il peut exploser.

L’ambiance dans le vestiaire est tendue, comme à chaque camp d'entraînement. Ce n’est pas encore la guerre froide, mais on sent que certains fils se touchent.

Tout le monde veut sa part de gâteau.

Patrik Laine sait qu’il est jugé. Il sait qu’il n’a pas livré la marchandise hier. Il sait que Demidov veut peut-être un autre ailier. Et il sait qu’il n’aura pas une éternité pour s’imposer. D’autant plus que ce trio pourrait bien exploser dès la semaine prochaine si la hiérarchie est chamboulée.

C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter le comportement de Laine : crispé, détaché, parfois un peu boudeur. Le vent souffle fort à Montréal. Et les rumeurs ne prennent jamais de pause.

Laine a raté son entrée, mais il ne faut pas enterrer sa saison pour autant. Il reste l’un des meilleurs tireurs de la ligue. Il possède un gabarit rare. Et s’il retrouve son rythme, et surtout une chimie réelle avec Demidov, ce duo peut faire des ravages.

Mais le temps presse. Et Montréal n’est pas patient.