Direction Montréal pour Sidney Crosby: le Centre Bell veut sacrifier David Reinbacher

Direction Montréal pour Sidney Crosby: le Centre Bell veut sacrifier David Reinbacher

Par David Garel le 2025-12-18

Samedi soir, les projecteurs du Centre Bell ne seront pas braqués sur Nick Suzuki. Ni sur Cole Caufield. Tous les regards seront rivés sur Sidney Crosby, à une enjambée d’éternité : un point pour égaler Mario Lemieux. Deux pour le dépasser.

 Et tout cela, dans le temple du hockey québécois. Devant son peuple. Devant les fantômes de Guy Lafleur, Jean Béliveau, et surtout… son père.

Troy Crosby, repêché par le Canadien en 1984, sera sur place. Parce que c’est le « voyage des pères » chez les Penguins. Parce que tout semble aligné pour que le destin s’écrive à Montréal, là où tout aurait dû commencer.

Et pendant que Crosby entre dans l’histoire, une autre trame narrative brûle en coulisse : la possibilité réelle d’un échange qui l’enverrait au Canadien.

Si la transaction qui a envoyé Tristan Jarry aux Oilers d’Edmonton a choqué les amateurs, elle a fait exploser le vestiaire des Penguins. Crosby était furieux. Tristan, c’était son gars. Son confident. Le seul joueur du noyau qui lui restait avec qui il partageait une vraie complicité.

Jarry, Poulin et un choix de deuxième ronde sont partis à Edmonton. En retour ? Stuart Skinner, Brett Kulak. Des pansements sur une fracture ouverte.

«C’est un message clair envoyé à Crosby : on ne construit plus autour de toi», a soufflé un recruteur. Un autre proche du capitaine a carrément dit que «Sid est en furie».

Le rêve Montréal refait surface.

Cette colère n’est pas un simple détail. Elle ranime un vieux rêve. Un rêve dont les flammes ne se sont jamais vraiment éteintes à Montréal : voir Sidney Crosby finir sa carrière avec le Canadien.

Et pour la première fois, ce n’est pas une utopie. Selon Renaud Lavoie, l’intérêt est réel. La possibilité est discutée dans les coulisses. Mais la condition est claire : Pittsburgh veut David Reinbacher.

Et là, tout change.

Car même si Crosby est l’un des plus grands de l’histoire, Kent Hughes ne veut pas toucher à David Reinbacher.

«Je vois encore Reinbacher comme un défenseur no 2 dans la LNH, avec Lane Hutson», affirmait récemment un recruteur de l’Ouest.

«S’il perd une autre année de développement, ce serait inquiétant, mais pour l’instant, je maintiens ma projection.»

Et cette projection, elle est sérieuse. Reinbacher, malgré un début d’année difficile, commence à trouver son rythme à Laval. Pascal Vincent, entraîneur-chef du Rocket, est catégorique :

«Ce n’est pas de la patience. C’est du gros bon sens!»

Robidas, de son côté, refuse de brusquer les choses :

«David démontre de belles choses. Il est à la bonne école. Il doit jouer à Laval pour le moment.»

Le vrai Reinbacher refait surface.

Lors de son retour au jeu, Pascal Vincent lui a montré des vidéos de sa saison à Kloten.

«C’est phénoménal comment il jouait au hockey», dit-il.

«La manière dont il ferme le jeu, la manière dont il tue les jeux, son instinct, son bâton, ses pieds… Tu comprends pourquoi il a été repêché aussi tôt.»

Et c’est ce joueur-là que le Canadien voit encore en lui. Ce n’est pas un rêve. Ce n’est pas un pari. C’est une conviction.

«Ses mains sont bien proportionnées. Il a un coup de patin unique pour sa grandeur. Ce n’est pas un gars maladroit comme d’autres grands gabarits», observe un recruteur.

«Il va rejoindre l’élite. Il va aider le Canadien.»

À 6 pieds 3, 207 livres, Reinbacher n’a peut-être pas le flash d’un Cale Makar, mais il impose le respect. Il joue en avantage numérique. Il lance avec aplomb. Et surtout, il apprend.

«J’ai regardé Brock Faber, Roman Josi, Shea Theodore. Je me suis concentré sur la simplicité : faire circuler la rondelle, bien placer mon bâton», a confié Reinbacher lui-même.

Pascal Vincent le dit clairement :

«Quand tout va se connecter, ça va être le joueur qu’on pense qu’il peut être. On avance vers ça.»

Et pourtant, samedi soir, quand Sidney Crosby montera sur la glace du Centre Bell avec 1722 points, une seule voix s’élèvera.

Celle de tout un peuple.

Celle d’un aréna prêt à imploser à chaque touche de rondelle. Parce qu’il y aura quelque chose de cosmique dans l’air. Quelque chose de québécois. Quelque chose de trop parfait pour être vrai :

Sidney Crosby dépassant Mario Lemieux au Centre Bell.

Et si ça arrive, les partisans vont hurler son nom. Pas en colère. Pas en rivalité. En amour.

«Crosby à Montréal! Come back home!»

«Ramène Crosby!»

«C’est ici que ça finit, Sid!»

Oui, le Centre Bell accepterait de sacrifier David Reinbacher demain matin pour Sidney Crosby.

Et pourtant…

Dans les coulisses, les dirigeants du CH resteront de glace.

Parce que même si Sidney Crosby est à une enjambée de l’immortalité, il a déjà 38 ans.

Parce que David Reinbacher, lui, n’a même pas encore joué un match dans la LNH.

Et que l’un s’approche de la fin, tandis que l’autre pourrait marquer le début d’une génération dorée.

Les Penguins savent ce qu’ils veulent. Ils ne vendront pas Crosby pour une poignée de choix. Ils veulent un joueur d’impact. Une promesse. Un héritier.

Mais Montréal semble prêt à encaisser la tempête médiatique pour tenir son point.

«On ne sacrifie pas Reinbacher. Pas même pour Crosby.»

Un "statement" fort. Peut-être impopulaire. Peut-être frustrant pour ceux qui veulent le rêve maintenant.

Mais c’est un "statement" qui montre que pour une fois, le Canadien regarde plus loin que la prochaine ovation.

Et si Crosby marque samedi au Centre Bell, ce sera historique. Époustouflant. Émotionnel. Mais ce ne sera pas un signal d’alarme.

Le CH tient son plan.

Il tiendra son Reinbacher.

Même si le Québec entier crie «Crosby!» à l’unisson.