Disparition d’Alexander Zharovsky : le mystère intrigue jusqu’à Montréal

Disparition d’Alexander Zharovsky : le mystère intrigue jusqu’à Montréal

Par André Soueidan le 2025-10-10

Quelque chose s’est éteint à Oufa.

En quelques jours, Alexander Zharovsky est passé du statut de révélation à celui d’énigme.

L’ailier gauche de 18 ans, repêché par le Canadien de Montréal en deuxième ronde en 2025, voit son temps de glace fondre match après match ... et ce, sans explication claire.

Après avoir enflammé la KHL dès ses débuts (quatre points à ses trois premiers matchs), Zharovsky vient d’enchaîner deux défaites consécutives sans récolter un seul point.

Ce vendredi, dans la défaite de 2 à 1 contre le Spartak Moscou, il n’a disputé que 11 minutes et 12 secondes, son plus bas total depuis le début de la saison, et a terminé la rencontre avec un différentiel de -1.

Deux jours plus tôt, il avait été limité à 12:24. Et le match précédent ? 14:30. Trois matchs, trois baisses consécutives.

Mais ce qui soulève les sourcils, c’est surtout ce dernier match : Zharovsky n’a pas effectué une seule présence au troisième vingt.

Aucune mention de blessure. Aucune justification officielle de son entraîneur Viktor Kozlov. Un silence qui alimente toutes les spéculations.

À Montréal, on ne s’emballe pas ... mais on prend des notes.

Parce que ce genre de situation, les dirigeants du Canadien la connaissent par cœur.

Dans un contexte où la KHL n’offre pas toujours la transparence des circuits nord-américains, une absence ou une baisse d’utilisation peut vouloir dire mille choses : ajustement tactique, rotation d’effectif, ou simple message d’encadrement.

Et ce serait bien dans le style de Kozlov.

À Oufa, le coach russe a la réputation d’être exigeant, surtout envers les jeunes.

Il n’hésite pas à faire passer un message en réduisant le temps de glace d’un joueur, même talentueux.

« Tu veux du temps ? Gagne-le. » Voilà son credo. Et dans une équipe qui vient de perdre deux fois de suite, il n’y a pas de passe-droits.

Le contraste est frappant.

Il y a une semaine à peine, Zharovsky faisait le tour du web.

Sa séquence contre le Dynamo ... un jeu à une main, rondelle entre les jambes, puis feinte dans l’enclave ... avait été partagée par la KHL elle-même, qui l’avait présenté comme « un kid qui s’amuse ».

La confiance débordait, la créativité aussi.

Aujourd’hui, cette même aisance semble se retourner contre lui. Trop audacieux ? Trop libre dans un système rigide ? Difficile à dire.

Car derrière les chiffres, il y a un contexte.

Zharovsky n’évolue pas dans une équipe dominante.

Le Salavat Yulaev a subi deux revers consécutifs, et dans une ligue aussi impitoyable que la KHL, le blâme tombe souvent sur les jeunes.

Kozlov, lui, privilégie l’expérience quand la pression monte. Et Zharovsky, malgré tout son talent, reste un adolescent dans une ligue d’hommes.

Ce n’est pas un recul. C’est un apprentissage.

À 18 ans, jouer plus de 11 minutes par match dans la KHL est déjà un exploit.

La majorité des jeunes de son âge, même les plus prometteurs, plafonnent à 6 ou 7 minutes.

Ivan Demidov, par exemple, a dû patienter bien plus longtemps avant de mériter des minutes comparables.

Zharovsky, lui, a brûlé les étapes ... et ce qui se passe en ce moment, c’est simplement la réalité qui le rattrape.

À Montréal, le département de développement du Canadien garde un œil attentif.

On sait que ce genre de passage à vide est essentiel dans la croissance d’un joueur.

« Les jeunes, on les évalue pas sur leurs buts, on les évalue sur leur réaction quand ça va mal », disait récemment Martin St-Louis à propos de ses propres espoirs. Le parallèle est frappant.

Zharovsky apprend à composer avec la pression d’un vestiaire adulte, avec la critique, avec les attentes.

Et surtout, avec cette étiquette qu’il porte désormais : “prospect du Canadien de Montréal”.

Chaque séquence, chaque erreur, chaque absence devient un sujet.

À 18 ans, dans un pays où la presse sportive est brutale et où les vétérans ne laissent pas facilement leur place, garder la tête haute devient déjà un signe de maturité.

Alors oui, Zharovsky n’a pas marqué. Oui, ses minutes chutent. Mais sur la glace, il continue de créer, d’essayer, de provoquer.

Chaque présence a encore une étincelle.

Chaque mouvement trahit la confiance d’un joueur qui ne joue pas pour survivre, mais pour inventer.

Et c’est peut-être ça, le vrai point d’observation pour Montréal : la capacité de Zharovsky à ne pas se renfermer.

Car ce genre d’histoire, le CH en a vu d’autres.

Des débuts fulgurants, des creux imprévisibles, puis la résilience qui fait la différence entre un bon joueur et un vrai pro.

Ce n’est pas une “disparition” à proprement parler ... c’est un passage obligé, un silence avant le prochain feu d’artifice.

Le mystère demeure, mais il est passionnant à suivre.

Parce qu’à chaque fois que Zharovsky touche la rondelle, on se rappelle pourquoi Montréal a tant cru en lui.

Et quelque part, entre Oufa et Brossard, on a la certitude qu’il refera parler de lui très bientôt.

À suivre...