Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, a de quoi se réjouir aujourd'hui.

Son plan, qui visait à affaiblir voire à faire disparaître Radio-Canada, semble bien en voie de réussite. Cette réussite se manifeste particulièrement par la quasi-disparition de Radio-Canada Sports, un coup dur pour la société publique.

Lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de Québecor, Péladeau avait tout simplement été cinglant. Il avait vivement critiqué le soutien financier accordé à Radio-Canada, soulignant les 42 millions de dollars récemment octroyés pour compenser la perte de revenus publicitaires.

Pour lui, cette aide crée une concurrence déloyale qui menace sérieusement les médias privés, notamment TVA et TVA Sports, qui luttent pour leur survie dans un contexte économique difficile marqué par une baisse des revenus publicitaires.

Péladeau a également mis en lumière la pression économique écrasante sur TVA, illustrée par la réduction récente de 600 postes.

Selon lui, la situation est d'autant plus critique que Radio-Canada bénéficie d'un traitement préférentiel. Il a dénoncé cette disparité de traitement comme inacceptable, arguant que cela affecte gravement la viabilité des médias privés.

La tension entourant Radio-Canada a atteint un nouveau sommet avec les rumeurs de fermeture éventuelle de la société publique par le gouvernement conservateur en 2025.

Cette spéculation politique donne à Péladeau une plateforme idéale pour renforcer ses critiques contre le financement de Radio-Canada et promouvoir les intérêts de Québecor.

Les déclarations récentes des politiciens, notamment la députée conservatrice Rachael Thomas et le chef du parti Pierre Poilievre, ont attisé la controverse.

Pendant ce temps, Catherine Tait, PDG de CBC/Radio-Canada, fait face à des pressions accrues et à des questions persistantes sur l'avenir de l'organisation. Surtout depuis cette triste nouvelle qui a été annoncée comme un tremblement dans le monde des médias sportifs.

Radio-Canada Sports est frappée par une vague de départs sans précédent. Au retour des Jeux d’été de Paris, neuf figures phares du département quitteront leur poste, dont deux cadres.

Sept vétérans de Radio-Canada Sports prendront leur retraite forcée après leur mission olympique et paralympique, suscitant de vives inquiétudes parmi les employés restants: Guy D’Aoust, Robert Frosi, Diane Sauvé, Philippe Crépeau, Jean St-Onge, Jean-François Chabot et Michel Chabot.

Ces départs en masse constituent un coup dur pour le savoir-faire et la continuité du département.

« Les gens qui prennent leur retraite, ce sont des sommités. Qu’est-ce qui va arriver avec la suite du savoir-faire ? » a affirmé un journaliste à la Presse sous le couvert de l'anonymat par peur de représailles.

"Quand vous enlevez 80 % des fondations d’une maison, je vous laisse imaginer les conséquences."

Les pressions budgétaires, exacerbées par un déficit prévu de 125 millions de dollars pour l’exercice financier 2024-2025, ont conduit à une atmosphère de tension et d'incertitude au sein de Radio-Canada.

Le syndicat des travailleurs a décrit un climat "difficile, stressant et anxiogène" en raison des craintes de coupures supplémentaires.

« On est dans le noir. Les gens s’inquiètent pour leur avenir. » affirme un autre journaliste, encore sous le couvert de l'anonymat (crédit: la Presse)

"Le train roule à pleine vitesse. Des collègues sont au bord d’une crise de panique. C’est difficile de trouver la motivation."

Ce flou angoisse plusieurs salariés, qui tentent de garder la tête hors de l’eau, en pleins préparatifs pour les Jeux olympiques de 2024, qui débutent vendredi.

Le train roule à pleine vitesse. Des collègues sont au bord d’une crise de panique. C’est difficile de trouver la motivation.

En décembre 2023, Radio-Canada avait annoncé la suppression de 800 emplois en raison d'un déficit budgétaire important pour l'année suivante.

Bien que le Conseil du Trésor ait décidé d'exempter Radio-Canada des réductions des dépenses imposées aux autres agences fédérales, les défis financiers restent pressants.

Les coûts de production en hausse, la concurrence des géants du numérique et la baisse des revenus publicitaires continuent de peser lourdement sur les finances de l'organisation.

Ces coupes budgétaires ont engendré une ambiance de stress et d'incertitude parmi les employés, particulièrement au sein du département des sports.

Plusieurs journalistes et employés vivent dans la crainte de perdre leur emploi, et l'absence de communication claire de la direction ne fait qu'amplifier cette anxiété.

L'annonce et l'annulation d'une réunion prévue pour clarifier les détails des suppressions de postes ont ajouté à la confusion et à l'inquiétude générale.

« Ça dure depuis longtemps. Les gens ignorent s’ils vont être coupés ou non. Les gens subissent beaucoup d’insécurité. » affirme la secrétaire et trésorière du syndicat, Lise Millette, à la Presse.

Face à cette situation, Péladeau peut dormir sur ses deux oreilles ce soir. Sa stratégie semble porter ses fruits. La réduction drastique des effectifs et des ressources de Radio-Canada Sports constitue une victoire symbolique et stratégique pour le magnat des médias.

Péladeau a réussi à affaiblir un concurrent de taille dans le paysage médiatique canadien, réalisant ainsi un objectif de longue date.

Les défis restent nombreux pour Québecor, mais cette victoire donne à Péladeau un avantage significatif dans sa lutte pour la domination des médias privés au Canada.

Avec Péladeau, cela a toujours été "my way or the highway". Radio-Canada a pris l'autoroute....

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