On se dirige vers la fin du monstre à deux têtes chez le Canadien de Montréal?
Alors que le Canadien de Montréal goûte enfin à l’intensité des séries éliminatoires, un parfum de malaise plane au-dessus du deuxième étage du Centre Bell. Ce malaise porte un nom : l’incertitude autour de l’avenir du duo Jeff Gorton-Kent Hughes.
À un an de la fin de leur contrat respectif, la question n’est plus de savoir s’ils seront prolongés, mais bien s’ils veulent encore cohabiter dans ce modèle unique de “monstre à deux têtes” qui, pour l’instant, tient tant bien que mal.
Gorton a signé son contrat de cinq ans en décembre 2021. Hughes l’a rejoint en janvier 2022, pour lui aussi un contrat de cinq ans — où sa demi-saison initiale comptait pour une année complète. Résultat : en 2025-2026, l’un comme l’autre seront libres comme l’air à l’été 2026.
Et il est impossible d’ignorer que les tensions commencent à transpirer.
Car leur divergence de visions de plus en plus visible
Depuis quelque temps, des rumeurs persistantes font état de désaccords profonds entre Gorton et Hughes. Le cas d’Arber Xhekaj est révélateur : Gorton aurait voulu le maintenir dans l’alignement pour ajouter du “papier sablé” en séries, alors que Hughes, plus ancré dans la modernité des statistiques avancées, s’interrogeait sur son impact net.
Même chose avec Florian Xhekaj. Gorton, partisan de la robustesse et de la lourdeur physique, voulait agir rapidement pour le rappeler afin de faire mal à Tom Wilson.
Hughes, toujours plus méthodique, plaidait pour la patience et une approche graduelle.
Deux visions. Deux mentalités. Deux philosophies de construction d’équipe qui commencent sérieusement à s’entrechoquer.
Le processus décisionnel du Canadien est, en apparence, basé sur la collégialité et le respect mutuel. Mais il y a un moment où trop de respect nuit.
Le problème est simple : qui tranche vraiment quand les visions divergent? Qui impose une ligne directrice claire? Qui tape du poing sur la table pour dire : « Voilà ce qu’on fait »?
Dans une entrevue récente, Gorton a longuement vanté le courage de ses joueurs, la progression de l’équipe, la complicité avec Martin St-Louis.
Mais il a soigneusement évité de parler de Kent Hughes et de son contrat, comme si ce sujet était tabou. Pourtant, tout le monde sait que Gorton touche au moins 5 millions par année, pendant que Hughes, lui, plafonne sous 1,7 million. Une différence cinglante, presque insultante pour un DG aussi performant.
Ce silence est éloquent. Il en dit plus que mille déclarations publiques.
Pendant ce temps, sur la glace, le Canadien se fait littéralement brasser par les Capitals de Washington. Les séries sont souvent le grand révélateur des carences structurelles d’une équipe, et celle du CH est éclatante : il manque cruellement de robustesse.
Le message est-il confus à cause des luttes de pouvoir au sommet? Est-ce que l’absence d’une seule voix forte a nui à l’identité de l’équipe?
Si deux Arber Xhekaj auraient été lâchés dans la nature pour répondre aux coups, cette série ne serait pas 1-3 en faveur de Washington dira Jeff Gorton.
Martin St-Louis, génial à plusieurs égards, a lui aussi montré ses limites derrière le banc en séries, dirigeant probablement son pire match depuis son arrivée en retirant son gardien prématurément en fin de rencontre alors qu'il auraut dû attendre que la mise au jeu soit gagnée.
St-Louis a aussi énormément de difficultés dans ses combinaisons et ses confrontation, alors qu'il se fait donner une leçon par Spencer Carbery.
Mais au sommet, l’absence d’un patron clair n’aide pas. Surtout que Geoff Molson est un propriétaire "soft"
Le fait qu'il n'y a pas de VRAI BOSS fait mal à Montréal. On se fait piétiner par l’arbitrage. À Montréal, il semble qu’il n’y a personne pour imposer le respect, ni sur la glace, ni dans les coulisses.
Et pendant que la reconstruction avance plus vite que prévu, le problème latent du salaire de Hughes devient impossible à ignorer.
Kent Hughes est l’un des DG les moins bien payés de toute la LNH, malgré une fiche de transactions impeccables, une gestion de la masse salariale parfaite, et une capacité hors pair à reconstruire avec intelligence.
À titre de comparaison :
Julien BriseBois (Tampa Bay) gagne 3,5 M$ par année
Jim Nill (Dallas) : 3,2 M$
Lou Lamoriello (Islanders) : 3,0 M$ avant son congédiement.
Doug Armstrong (St. Louis) : 3,0 M$
Don Sweeney (Boston) : 2,9 M$
Et Kent Hughes… moins de 1,7 M$. En plus de ne pas être le vrai patron.
Pendant ce temps, Jeff Gorton est courtisé par des organisations qui lui offriraient immédiatement un poste de DG — et probablement avec plus de pouvoir et un plus gros chèque.
Vers un divorce inévitable?
À un an de la fin de leurs contrats, le duo Gorton-Hughes est sur un fil de fer.
Gorton veut reprendre les pleins pouvoirs. Hughes veut être reconnu à sa juste valeur, financièrement et hiérarchiquement.
La dynamique actuelle — un DG sous-payé qui doit obtenir l’approbation de son supérieur pour chaque décision — ne tiendra plus longtemps.
Si Montréal veut conserver ce qui a été bâti, Geoff Molson devra faire un choix. Un vrai.
Sinon, le monstre à deux têtes explosera en 2026, et le Canadien pourrait perdre non pas un, mais deux architectesqui auront remis la franchise sur les rails.
Après tout, ce monstre à deux têtes a livré des résultats spectaculaires jusqu’ici. Mais est-ce encore viable à long terme? Rien n’est moins sûr.