C’était le dernier espoir. L’ultime planche de salut pour Cayden Primeau, ce gardien talentueux malmené, trimballé, humilié par le système du Canadien de Montréal.
Les Flyers de Philadelphie incarnaient le renouveau. Un club en quête d’un duo fiable, où Primeau aurait pu faire sa niche dans un système d’alternance avec Samuel Ersson.
Un système juste. Un système qui aurait misé sur ses performances exceptionnelles en séries avec le Rocket de Laval. Un système où on le croyait, enfin.
Mais voilà que tout s’effondre.
Rick Tocchet, nouvel homme fort à Philadelphie, ne veut rien savoir de Cayden Primeau. Et la raison fait l’effet d’une gifle : Tocchet rêve d’un retour de son ancien protégé, Thatcher Demko.
Oui, Demko. Le gardien vedette des Canucks de Vancouver, lié à son ancien coach par une relation de loyauté rare dans le monde du hockey professionnel.
Tocchet ne cherche pas un jeune à développer. Il veut une valeur sûre. Un soldat de confiance. Et Primeau, malgré ses efforts, malgré sa résilience, ne fait pas partie de l’équation.
C’est une claque monumentale. Un cauchemar éveillé. Primeau, qui espérait tant quitter Montréal, voit la seule équipe qui semblait intéressée lui claquer la porte au visage.
Et comme si ce n’était pas assez, Samuel Ersson est déjà sous contrat à 1,45 million de dollars pour la saison prochaine à Philadelphie.
Le plan était simple : un duo Ersson-Primeau, avec Alexis Kolosov en attente dans les mineures grâce à son contrat « two-way ».
Tout indiquait une volonté des Flyers d’explorer un tandem équilibré. Mais la volonté de Tocchet change la donne du tout au tout. Il veut Demko. Il exige Demko. Et dans ce scénario, il n’y a plus de place pour Cayden Primeau.
Ce retournement est d’une cruauté froide. Primeau, encore sur le banc ce soir, alors qu’il aurait dû être le partant naturel dans cette finale de l’Est dans la Ligue américaine, voit son avenir professionnel s’assombrir brutalement.
Lui qui avait connu une résurrection spectaculaire avec le Rocket, devenant le meilleur gardien des séries, est aujourd’hui victime d’un jeu de chaises musicales où il n’a plus de siège.
Kent Hughes, lui, se retrouve avec une bombe entre les mains. Le plan, c’était d'empêcher Primeau de partir gratuitement.
Voilà pourquoi on a gardé trois gardiens toute l’année en 2023-2024, au risque de miner le moral de tout le monde, juste pour ne pas le perdre pour rien.
Et pourtant, aujourd’hui, le pire scénario prend forme : non seulement Primeau ne vaut plus rien sur le marché, mais Hughes devra décider s’il lui soumet une offre qualificative de 1,07 million de dollars pour garder ses droits.
Et c’est là que la situation devient intenable.
Pourquoi payer ce million, quand on sait que Fowler est le gardien d’avenir et que Jakub Dobeš est celui qui secondera Montembeault à Montréal?
Pourquoi gaspiller de l’espace sous le plafond salarial, alors que les contrats de Dobeš, Heineman et Struble doivent être renouvelés?
Le ménage à trois insensé qui a causé tant de dommages psychologiques ne peut pas reprendre. Ce serait du sabotage.
Daniel Brière, directeur général des Flyers, le savait. Il savait que Kent Hughes n’irait probablement pas jusqu’à qualifier Primeau.
Il croyait pouvoir signer le gardien sans compensation, directement sur le marché. Mais maintenant que Tocchet a pris les commandes, cette option semble éteinte.
Et c’est ce qui rend la situation encore plus cruelle : Daniel Brière détenait même une carte maîtresse dans sa manche. Il aurait pu, en toute légalité, déposer une offre hostile à Cayden Primeau. Pourquoi? Parce que le salaire de qualification pour conserver ses droits tourne autour de 1,07 million de dollars — un montant en bas de la barre fatidique de 1,5 million.
Dans ce cas, même en déposant une offre de 1,071 million de dollars, aucune compensation n’est exigée si le Canadien décidait de ne pas égaler.
Autrement dit : Brière pouvait s’offrir les services d’un gardien qui vient de briller en séries, pour zéro retour à Montréal.
Un coup parfait, propre, chirurgical. Mais la décision de Rick Tocchet a tout fait sauter. Sans l’appui du coach, Brière ne pouvait aller de l’avant. Et Primeau, lui, vient de perdre sa meilleure chance d’avoir un contrat garanti dans la LNH dès l’an prochain.
Cette réalité laisse entrevoir un avenir encore plus incertain pour Primeau. Existe-t-il encore des équipes prêtes à croire en lui? Peut-être, mais rien n'est moins sûr.
Si Kent Hughes décide de ne pas soumettre l’offre qualificative à Primeau, ce dernier deviendra joueur autonome sans compensation. Et à ce moment, il devra se battre sur un marché saturé, où les postes disponibles se comptent sur les doigts d’une main. Pour un gardien de 25 ans, sans clause, sans garantie, c’est le précipice.
La vérité, c’est que Cayden Primeau est en train de vivre un drame professionnel.
Il est devenu un gardien sans patrie. Trop bon pour être ignoré, pas assez coté pour qu’on lui donne les clés. On dirait que chaque fois qu’il fait un pas en avant, le monde du hockey trouve une façon de le repousser dans l’ombre.
Il a été victime d’une gestion désastreuse à Montréal. Il a été privé de matchs clés, traité comme un pion dans une guerre de développement. Il a été témoin de décisions qui n’étaient pas sportives, mais politiques.
Et maintenant, la porte de sortie que représentait Philadelphie vient de se refermer. Rick Tocchet veut Thatcher Demko.
Les Canucks, de leur côté, savent que l’ascension d’Arturs Silovs dans la AHL et le contrat de cinq ans accordé à Kevin Lankinen placent Demko dans une position vulnérable. Le plan parfait pour Tocchet, la fin des espoirs pour Primeau.
C’est une chute brutale. Un effondrement qui s’écrit en temps réel.
Cayden Primeau n’est plus désiré à Montréal. Il n’est plus désiré à Philadelphie. Et pendant ce temps, il continue de performer, de livrer la marchandise, de garder le silence. Il ne mérite pas ce sort. Il mérite mieux.
Mais parfois, dans le hockey comme dans la vie, la justice tarde à venir.
Et pendant que d’autres gardiens surfent sur des réputations sans livrer la moitié des efforts que Primeau déploie, lui regarde les portes se refermer.
Le ciel lui est tombé sur la tête. Et il n’a même pas eu le temps de lever les yeux.