Sur X, un débat piquant a éclaté entre Alexandre Pratt, chroniqueur à La Presse, et Marc-Olivier Beaudoin, blogueur reconnu, à propos de la reconstruction du Canadien et de ses récentes humiliations à domicile.
La chronique de Pratt, intitulée 6-2, 7-2, 8-2, 9-2, interpellait directement les partisans ayant payé des centaines de dollars pour assister à des massacres comme le 9-2 contre Pittsburgh.
Une question simple, mais qui a enflammé la discussion : « La reconstruction est-elle encore le fun? »
Pratt, avec sa plume acérée, a mis en lumière le fossé qui se creuse entre les partisans patients et ceux qui exigent un retour sur investissement immédiat.
Pour lui, les défaites cuisantes, même dans un processus de reconstruction, envoient un mauvais message.
« Il existe un risque réel que parmi les partisans les plus payants, la patience s’effrite et que leur ferveur fasse place à l’indifférence », écrit-il.
Il pointe également du doigt la culture d’échec qui pourrait s’installer à force de normaliser de telles performances.
Mais Beaudoin, fidèle défenseur de la reconstruction, n’a pas tardé à répliquer avec une dose de réalisme.
Dans une série de réponses bien senties, il a balayé les critiques de Pratt en rappelant aux partisans que suivre un club en reconstruction implique d’accepter des hauts et des bas.
« Acheter des billets pour aller voir un club en reconstruction, ça comporte un risque d’assister à une dégelée », a-t-il affirmé, comparant la situation à un consommateur insatisfait d’un restaurant ou d’un spectacle musical.
Selon lui, personne n’oblige les gens à y aller, mais ceux qui comprennent le processus demeurent fidèles.
Beaudoin souligne également que l’alignement actuel du Canadien est loin d’être figé dans le marbre. « La moitié des joueurs dans l’alignement actuel ne seront plus là dans quelques saisons quand la reconstruction tirera à sa fin. Les Demidov, Reinbacher, Fowler et autres s’en viennent, en plus du joueur qui sera choisi au +-5e rang en 2025 », a-t-il rappelé.
Pour lui, ce n’est qu’une question de temps avant que le club redevienne menaçant.
Le blogueur est également revenu sur l’histoire des Penguins et des Blackhawks, qui ont eux aussi traversé des périodes difficiles avant de devenir des puissances.
« Les partisans des Hawks et des Penguins trouvaient probablement ça plate aussi de manger des volées. Mais je pense qu’elles ont été oubliées quand leur club a soulevé le gros trophée… plusieurs fois », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que les cycles de reconstruction nécessitent de la patience et une vision à long terme.
Pratt, pour sa part, reste sceptique. Il rappelle que les Hawks et les Penguins, trois ans après avoir repêché Kane et Crosby, étaient déjà en finale ou soulevaient la Coupe Stanley.
Le Canadien, après trois ans de reconstruction, ne semble pas sur une trajectoire comparable.
Selon lui, la culture de la défaite qui s’installe risque d’avoir des conséquences à long terme, même si des jeunes prometteurs arrivent dans les prochaines années.
Ce débat reflète bien le dilemme auquel les partisans du CH sont confrontés.
D’un côté, il y a ceux, comme Pratt, qui estiment que perdre est une chose, mais perdre aussi souvent de manière humiliante, surtout à domicile, en est une autre.
Pour eux, la reconstruction n’excuse pas tout, et l’organisation doit offrir un minimum de respect à ses partisans payants.
D’un autre côté, des voix comme celle de Beaudoin appellent à la patience et à la foi en un projet à long terme. « Une reconstruction n’est pas une garantie de succès », rappelle-t-il, mais dans un marché où les joueurs autonomes d’impact évitent Montréal, c’est souvent la seule stratégie viable.
Au-delà de leurs désaccords, Pratt et Beaudoin posent des questions essentielles.
Comment reconstruire efficacement sans sacrifier l’engouement des partisans? Et surtout, comment trouver l’équilibre entre les exigences immédiates d’un marché passionné comme Montréal et les impératifs d’une vision à long terme?
La réponse n’est pas simple, mais il est clair que le Canadien, tout en avançant dans sa reconstruction, doit commencer à établir des bases solides pour éviter de perdre la confiance des partisans.
Comme Beaudoin le souligne, il y a une lumière au bout du tunnel. Mais comme Pratt le rappelle, encore faut-il éviter que ce tunnel ne devienne un gouffre.
AMEN