C’est la rumeur qui se propage comme une traînée de poudre dans les coulisses du Combine de Buffalo : le Mammoth de l’Utah serait prêt à sacrifier le 4e choix au total du repêchage 2025 de la LNH.
Une position d’élite, dans une cuvée considérée comme incertaine, qui est maintenant ouvertement disponible sur le marché.
Pourquoi? Parce que l’Utah, qui cherche à bâtir un noyau solide dès son entrée dans la LNH, veut frapper un coup de circuit immédiat. Selon plusieurs sources sur place, dont des recruteurs présents aux entrevues formelles du Combine, le Mammoth recherche un jeune attaquant top 6 ou un défenseur top 4, peu importe qu’il soit droitier ou gaucher.
Une exigence ambitieuse, mais compréhensible pour une équipe d’expansion qui doit créer une fondation rapidement.
Et c’est là que le Canadien de Montréal entre en scène. Ou du moins, tente désespérément d’y entrer. Parce que Kent Hughes, selon ce qui filtre, rêve en grand. Son obsession? Caleb Desnoyers, la sensation québécoise de 18 ans, capitaine des Wildcats de Moncton, finaliste de la Coupe Memorial, et espoir pressenti pour sortir dans le top 5.
Le CH le rencontre officiellement d’ici samedi, et l’état-major est en amour avec le profil du joueur : 6 pieds 2, centre naturel, 84 points en saison régulière en seulement 56 matchs, 30 points en 19 matchs de séries et le titre de MVP , un moteur infatigable, et surtout… Québécois.
Mais voilà le hic. Un énorme hic.
Le Canadien ne possède ni attaquant top 6 jeune, ni défenseur top 4 établi à offrir en retour du 4e choix au total. Le seul attaquant de ce profil dans l’organisation, Juraj Slafkovsky, est intouchable. Et c’est logique : Slaf est vu comme l’ailier gauche de l’avenir, le joueur qu’on veut voir évoluer aux côtés de Cole Caufield et Nick Suzuki pendant la prochaine décennie. Alors oublions ça.
Chez les défenseurs? Le seul nom qui aurait un minimum de poids dans une discussion avec l’Utah, c’est Kaiden Guhle. Un jeune "stud" défensif, robuste, mobile, fiable dans les deux sens de la patinoire.
Kent Hughes le sait : offrir Guhle pour monter au 4e rang, c’est fragiliser l’unité défensive d’une équipe qui cherche désespérément de la constance derrière.
Et Logan Mailloux? Oubliez ça. Ce n’est pas lui qui va convaincre l’Utah. Son profil est trop instable, trop risqué, trop polarisant. Les recruteurs voient son potentiel, oui, mais aussi ses largesses défensives et son historique hors-glace. Dans un marché aussi neuf que celui de Salt Lake City, pas question de flirter avec la controverse.
Le CH pourrait évidemment offrir ses deux choix de première ronde : le 16e et le 17e au total. Mais soyons honnêtes : ça ne suffira pas. Dans n’importe quel autre repêchage, peut-être. Mais pas en 2025, et pas quand une équipe comme l’Utah veut un joueur établi de la LNH, prêt à jouer au match #1, saison prochaine. Un joueur autour duquel bâtir une identité.
Et puis il y a l’élément contrat. Le Mammoth veut du concret. Pas deux espoirs à développer pendant trois ans. Des noms. Des visages. Des gars prêts à vendre des billets.
Or, le CH n’a rien de tel à offrir. À moins de sacrifier Slafkovsky, Guhle, ou même Lane Hutson, ce qui ne fait pas partie du plan.
Pendant ce temps, Caleb Desnoyers continue de faire saliver les recruteurs, de Philadelphie à Nashville, en passant par Boston et l'Utah. Il a rencontré 21 équipes. Il est dans toutes les conversations. Il est solide, charismatique, humble, affamé.
Mais s'il n'y a pas de transaction Montréal-Utah, ça va se jouer entre le Mammoth (4e), les Predators (5e), les Flyers (6e) et les Bruins.
Et surtout, il est conscient de l’enjeu. Il veut jouer dans la LNH dès octobre. Il l’a dit à La Presse, il le répète à tous les clubs qu’il rencontre :
« Si quelqu’un peut le faire, c’est moi. » Un discours qui colle parfaitement à la mentalité du Canadien version Martin St-Louis. L’ennui, c’est que l’accès à Desnoyers passe par une porte verrouillée.
Une seule solution : convaincre l’Utah de négocier contre nature, d’accepter un package basé sur la quantité plutôt que sur la qualité immédiate. (Mailloux et les choix 16-17). Mais Utah veut bâtir sur du solide, du tangible, du déjà prêt.
Si Desnoyers devient un centre top-6 dans la LNH, le regret sera immense à Montréal. Il deviendrait le plus haut Québécois repêché depuis Lafrenière, un joueur qui pourrait faire vibrer le Centre Bell, parler aux fans, reconnecter l’équipe à sa base.
Et pourtant, le CH n’a pas les munitions pour l’atteindre. On s’entête à espérer des aubaines, des coups de génie, des miracles à la Trevor Zegras ou Jason Robertson, mais dans ce cas-ci, il faudra se résigner.
Parce qu’un centre québécois de 6 pieds 2 qui produit presque 90 points par année et qui joue avec un feu intérieur contagieux, ça ne court pas les rues.
Caleb Desnoyers n’a laissé aucune ambiguïté lors de son passage au Combine : il veut amorcer la saison 2025-2026 dans la LNH.
« J’aimerais jouer le match 1 de la prochaine saison dans la LNH. Je suis conscient que j’ai encore beaucoup de travail à faire, mais je sais que si une personne peut le faire, c’est moi », a-t-il déclaré avec une confiance désarmante à La Presse.
Mais cette ambition, aussi légitime soit-elle, pourrait rapidement se heurter à la philosophie conservatrice du DG du Mammoth de l’Utah, Bill Armstrong, un dirigeant reconnu pour ne pas précipiter le développement de ses espoirs. Chez Armstrong, on cultive la patience, on préfère polir les talents avant de les exposer.
Desnoyers, avec son désir de brûler les étapes et sa volonté de jouer dès octobre, pourrait frapper un mur en Utah si jamais l’équipe devait faire de lui le 4e choix au total. Ce genre de désaccordt entre un jeune affamé et une organisation prudente peut vite devenir un casse-tête.
Et c’est précisément ce qui alimente la spéculation autour d’un échange potentiel du 4e choix : Desnoyers veut jouer maintenant, Armstrong veut le faire attendre. Un mariage difficile, voire incompatible.
Le Combine 2025 a envoyé un message sans détour : l’Utah veut bâtir tout de suite. Et si Kent Hughes veut monter dans le top 5, il devra payer le prix fort. Sinon, ce sera une année à repêcher au milieu de la première ronde..
Caleb Desnoyers n’attendra pas. Il ne glissera pas. Il sera repêché dans le top 5, à moins d’un tremblement de terre.
Et Montréal, encore une fois, risque d’être simple spectateur du moment où le hockey québécois aurait pu reprendre vie… et où il a manqué le rendez-vous.