Effondrement de Patrick Lagacé: MC Gilles sort de son silence

Effondrement de Patrick Lagacé: MC Gilles sort de son silence

Par David Garel le 2025-06-01

Il s’était tu. Trop longtemps.

Un an après avoir été congédié du 98,5 FM dans des circonstances troubles, MC Gilles est enfin sorti de son silence complet. Il avait lancé des flèches, laissé planer des sous-entendus, laissé mijoter le malaise. Mais jamais encore il n’avait assumé publiquement, sans détour, le chaos qu’il avait provoqué à Cogeco Média.

Et ce chaos, il ne le regrette pas. Il en est fier.

Dans une entrevue-choc accordée à La Presse, MC Gilles admet aujourd’hui que son départ fracassant, et les révélations explosives qu’il a ensuite distillées partout, ont fait extrêmement mal à la réputation du 98,5 FM, à celle de Cogeco, et à l’image même de Patrick Lagacé.

Et il s’en fout.

« Je ne regrette rien. Ils ont essayé de briser ma carrière. J’ai juste répondu. »

C’est ce qu’il affirme. Froidement. Calme. Tranchant.

" On ne m’a pas laissé le choix. Ils ne m’ont pas juste mis dehors : ils ont failli briser ma carrière en ne voulant pas expliquer les raisons de mon départ. Si tu renvoies quelqu’un du jour au lendemain, c’est sûr que les gens vont poser des questions. Je n’avais pas le choix de donner ma version."

À travers cette déclaration, il revendique désormais ouvertement le rôle qu’il a joué dans la déconstruction de l’empire Arcand, dans l’humiliation publique de Lagacé, et dans l’éclatement d’un système médiatique vicié.

Oui, MC Gilles a semé la zizanie. Oui, il a parlé de Carey Price. Oui, il a évoqué Maripier Morin, ses enfants, sa descente aux enfers. Et surtout, il a exposé les petits arrangements entre amis, les guerres de clans, et les règlements de comptes sordides qui rongent le 98,5 FM depuis des années.

Le résultat? Une station en chute libre, des animateurs en guerre, des codes d’écoute en déclin, et un public écœuré.

C’est un effondrement médiatique que même les stratèges de Cogeco Média n’avaient pas vu venir. Le congédiement de MC Gilles, le départ fracassant de Pierre-Yves McSween, et la prise de pouvoir controversée de Patrick Lagacé ont mis le 98,5 FM dans une spirale descendante.

Et au centre de ce cyclone : des guerres d’ego, des querelles internes, des trahisons personnelles, et une station qui, pour la première fois depuis des années, tremble sur ses fondations.

Tout commence par une rupture brutale. MC Gilles, figure appréciée du paysage médiatique québécois, est congédié sans explication claire.

Pire encore, selon ses dires, Cogeco aurait mis fin à son contrat sans vouloir justifier publiquement sa décision, l'exposant ainsi à des soupçons, des doutes, et une atteinte à sa réputation.

« Ils ont failli briser ma carrière », a-t-il confié. Ne supportant pas ce silence destructeur, il décide de parler. Sa version choque, dérange, mais elle s’impose comme une nécessité.

Ce qui aurait pu passer pour une simple divergence professionnelle devient rapidement un symbole de la culture toxique présumée qui gangrène le 98,5 FM. MC Gilles dénonce un climat de peur orchestré autour de Patrick Lagacé, qu’il accuse d’abus de pouvoir, de favoritisme, et d’une influence tentaculaire sur les décisions internes.

Il affirme aussi que le départ de Pierre-Yves McSween, lui aussi très populaire, est le fruit de la même logique d’élimination systématique des voix indépendantes.

Mais ce n’est pas cette sortie médiatique qui inquiète le plus Cogeco. C’est le climat d’accusation qu’il installe. Car MC Gilles ne parle pas en l’air. Il évoque des conflits internes, des nominations imposées en coulisses, des relations amoureuses non déclarées au sein de l’équipe de Lagacé.

Il accuse, nomme, documente. Il raconte comment il a été convoqué par la direction pour être sermonné après une gaffe involontaire : il avait révélé par mégarde que Philippe Cantin allait remplacer Lagacé à l’émission du retour. Une annonce qui devait rester secrète. Une erreur humaine, mais qui aurait scellé son sort.

Philippe Cantin, autrefois journaliste sportif respecté mais jugé "fade" par de nombreux collaborateurs, se retrouve propulsé à un poste clé. Selon des sources internes, son émission ne fonctionne pas, les codes d’écoute sont en chute libre, et ses collègues le trouvent "endormant".

Même sa façon de traiter les collaborateurs serait critiquée. Il ne créerait aucune chimie, aucune dynamique. Et tout cela ne fait que nourrir le ressentiment des anciens de la station.

Dans les coulisses, une source confirme : si tu n’es pas dans le clan Lagacé, tu es "fait". Il aurait favorisé certaines personnes, comme sa recherchiste (et amoureuse) Jessica Leblanc, devenue chroniqueuse, et aurait coupé court aux autres.

MC Gilles accuse aussi Lagacé d’avoir maltraité son amie Marie-Ève Tremblay, son ex. Mais force est d'admettre que c'est grâce à Lagacé si Marie-Ève Tremblay a eu son émission à 10h. Un cercle fermé, une cour intérieure où les privilèges se distribuent entre amis.

Pendant ce temps, Pierre-Yves McSween, congédié dans un flou similaire, devient une vedette ailleurs. Son émission, ses balados, ses apparitions publiques : il est plus populaire que jamais. Il n’a pas disparu, il grandit.

Et pour Lagacé, c’est un adversaire médiatique qui ne veut pas mourir. Avec MC Gilles d’un côté et McSween de l’autre, Lagacé est encerclé.

Dans ce royaume en perdition, Lagacé voulait régner. Mais son couronnement est contesté. La perte d’auditeurs est réelle. La menace de Radio-Canada et Ici Première se profile.

Les sondages de Numeris, attendus sous peu, pourraient être un verdict cinglant. En interne, Lagacé blâme les nouvelles habitudes des auditeurs, le podcast, la fragmentation. Mais ses collègues savent : la magie n’opère pas. Le public n’adhère pas.

La direction de Cogeco ferme les yeux. Mais pour combien de temps encore? Le traitement infligé à MC Gilles, les allégations autour de Lagacé, la chute des codes d’écoute, la perte de confiance du public… tout converge vers une crise de crédibilité.

MC Gilles jubile. Il sait qu’il a frappé fort. Il sait que ses propos ont fait mal. Et il ne regrette rien. Il est ailleurs, à la télévision, dans les journaux, dans son balado. Il a gagné sa guerre personnelle. Pas contre une personne, mais contre un système. Il a mis au jour ce que beaucoup chuchotaient : que le 98,5 FM n’est plus ce qu’il était.

Un royaume sans roi. Une course sans courage. Une radio qui s’éteint faute de flammes transmises. Et au cœur de cette extinction : Paul Arcand. Celui qui n’a pas préparé la suite. Celui qui a laissé un trône vide. Et Patrick Lagacé, qui pensait être l’héritier, n’a reçu qu’un sceptre brûlant.

L’histoire de MC Gilles, Pierre-Yves McSween, et la chute de la station n’est pas finie. Elle ne fait que commencer.

Si MC Gilles a jeté une allumette dans une poudrière, c’est bien parce que la poudrière était déjà saturée de gaz depuis longtemps.

Il n’y aurait jamais eu un tel impact, une telle onde de choc, si le 98,5 FM n’avait pas été aussi fragile. L’héritage de Paul Arcand n’a pas été solidifié. Il a été laissé en friche, à la merci des ambitions personnelles, des guerres d’influence, et surtout… de l’arrogance.

La stratégie de Cogeco Média, si on peut encore appeler ça une stratégie, s’est résumée à un réflexe de panique : mettre Patrick Lagacé au matin, Philippe Cantin au retour, puis espérer que la marque 98,5 se suffise à elle-même.

Mais une marque sans ADN ne survit pas. Et c’est exactement ce qu’a démontré l’implosion du 98,5 FM.

Philippe Cantin n’était pas prêt. Son émission est soporifique, ses interventions n’ont aucune saveur, et même ses collaborateurs semblent s’ennuyer.

À l’interne, certains parlent d’un “cimetière d’idées” à chaque réunion de production. Aucun punch. Aucune colère. Aucune rythmique. Cantin n’a pas le coffre pour faire lever l’heure de grande écoute. Ses codes d’écoute sont catastrophiques. Et tout le monde le sait.

Un chroniqueur a même glissé :

« On dirait qu’il chuchote ses opinions, comme s’il avait peur de réveiller les auditeurs. »

Le problème n’est pas seulement le talent (ou l’absence de talent), c’est la culture de complaisance qui règne dans les bureaux de la station.

Cantin n’a jamais eu à se battre pour son poste. Il a été parachuté là par Lagacé. C’est ce que plusieurs employés disent : si tu fais partie du “Country Club” de Lagacé, t’es à l’abri. Tu peux dormir au micro, tant que tu ne fais pas d’ombre au roi.

Et c’est là que tout se joue.

Depuis le départ de Paul Arcand, le 98,5 FM est décapité. Aucun leadership. Aucune vision. Rien. Paul Arcand, malgré toutes ses failles, avait une rigueur. Il avait un réseau, une équipe, un style.

Il a tenu la station à bout de bras grâce à son aura. Mais jamais il n’a formé de relève. Il a même refusé de former Lagacé, selon certains proches, précisément parce qu’il savait que ce dernier n’était pas prêt.

Il ne voulait pas salir son leg avec un successeur instable, nerveux, et plus intéressé par ses chicanes personnelles que par l’intérêt public.

Arcand est parti en silence. Sans transmettre la flamme. Et ce silence est devenu assourdissant.

Dans ce vide béant, un homme incarne la résistance : Pierre-Yves McSween.

Congédié sans raison claire, humilié par une organisation qui a voulu l’effacer, McSween a repris le contrôle de son récit. Il a investi dans ses plateformes. Il a lancé des balados. Il est partout. Et surtout, il ne se laisse pas intimider.

Contrairement à Lagacé, McSween ne joue pas les victimes. Il assume. Il analyse. Il déconstruit.

Et c’est pour ça que le public l’aime.

Même ceux qui ne partagent pas ses opinions le respectent. Il n’est pas parfait. Mais il est franc. Et face à un Patrick Lagacé qui fuit les débats, qui refuse les entrevues serrées, McSween passe pour un modèle de courage intellectuel.

C’est une guerre de style. Une guerre de posture. Une guerre de fond.

Et c’est McSween qui gagne.

Le jugement du public approche

Derrière tout ce chaos, une réalité crue s’impose : le public n’est pas naïf.

Les gens ont vu l’injustice contre MC Gilles. Ils ont vu l’exclusion de McSween. Ils voient la chute de Cantin. Et ils savent que Patrick Lagacé est le dénominateur commun.

Oui, il y a eu des maladresses de MC Gilles. Oui, certaines révélations étaient cruelles. Mais les gens ne pardonnent pas l’abus de pouvoir. L’intimidation. Le copinage.

Le Country Club de Lagacé est en train de s’écrouler. Parce qu’il n’a jamais été bâti sur le mérite. Seulement sur le contrôle.

Et ce contrôle est en train de leur échapper...