C’est une disgrâce totale. Une chute brutale. Une humiliation publique sans précédent.
Ryan Reaves, autrefois considéré comme le roi des hommes forts de la Ligue nationale de hockey, est devenu la risée du circuit.
Sa carrière, bâtie sur l’intimidation et les coups de poing, se termine dans l’anonymat, dans l’indifférence générale, après avoir été échangé aux misérables Sharks de San Jose… quelques heures seulement après avoir donné une entrevue aussi arrogante que déplacée.
Toronto ne voulait plus de lui. Ses coéquipiers n’en pouvaient plus. Et sa bouche a signé la fin de son passage dans la Ville-Reine.
L'homme fort de 38 ans, qui n’a récolté que deux assistances en 35 matchs cette saison, a pris le micro dans le balado Cam & Strickpour parler de ses frustrations, de ses ennemis et de ses fantasmes de règlements de compte.
Il s’en est pris aux médias torontois. Il a relancé sa rivalité périmée avec Evander Kane. Il a laissé entendre que certains jeunes, Arber Xhekaj en tête, manquaient de respect envers les vétérans. Et il a surtout démontré que son temps était révolu... passé date...
Résultat : quelques heures plus tard, Brad Treliving l’envoyait aux Sharks de San Jose en retour du jeune défenseur Henry Thrun. Un message sans pitié : tu ne fais plus partie de ce vestiaire, tu ne fais plus partie du plan, tu ne fais plus partie de la LNH.
La chute avait pourtant commencé bien avant cette entrevue. Depuis sa signature en juillet 2023 pour trois ans et 4,05 M$, Reaves est un poids mort dans l’alignement.
Il ralentit le jeu. Il n’apporte rien en attaque. Il s’accumule des pénalités idiotes et coûteuses. Et surtout, il perd ses combats, quand il ose les livrer.
Le point de non-retour ? Ce match d’octobre 2023 contre le Canadien de Montréal. Le moment où Arber Xhekaj, le « Shérif » de Montréal, l’a projeté au sol devant les caméras du pays entier.
Reaves a été battu, humilié, dépouillé de son aura. Depuis ce soir-là, il n’a plus été le même. Le vétéran a tenté de sauver la face en insinuant que Xhekaj avait triché, puis qu’il simulait une blessure pour éviter une revanche.
Mais l’opération subie par Xhekaj à l’épaule quelques semaines plus tard a réduit ses accusations en miettes.
Reaves a perdu ce combat. Et, symboliquement, il a perdu tous les suivants.
Alors que Xhekaj était blessé, Reaves a choisi une autre cible : Michael Pezzetta. Un joueur combatif, oui, mais loin d’avoir la carrure ou l’expérience de Reaves.
Lorsqu’il s’en est pris à lui, c’était grotesque. L’équivalent d’un boxeur professionnel qui corrige un amateur pour se redonner confiance.
Mais le karma est cruel. Cet été, les Maple Leafs ont décidé de remplacer Reaves… par Michael Pezzetta lui-même.
L’ironie est d’une brutalité absolue. Reaves, l’ancien intimidateur de la LNH, est remplacé par un homme fort qui n’a jamais inspiré la peur à personne. C’est la roue qui tourne. Et c’est cruellement drôle.
Toronto s’est débarrassé de Reaves comme d’un fardeau toxique, et a donné une chance à un joueur plus jeune, moins coûteux et surtout, moins bruyant. Pezzetta, au moins, connaît ses limites.
Durant sa fameuse entrevue, Reaves a longuement évoqué le « code des bagarreurs ». Ce prétendu code d’honneur où les hommes forts se doivent respect mutuel, équité, et reconnaissance. Un monde de duels réglés à la loyale.
Mais ce code n’existe plus. Pas dans une LNH qui mise sur la vitesse, l’intelligence et la polyvalence. Pas dans une ligue où des gars comme Arber Xhekaj, Matt Rempe ou Mathieu Olivier peuvent jouer 15 minutes par match et jeter les gants au bon moment.
Reaves, lui, n’a plus rien de tout ça. Il erre sur la glace avec lourdeur, incapable de suivre le jeu. Il n’a livré aucun combat significatif cette année. Zéro impact. Zéro momentum. Zéro crédibilité.
Le match de janvier contre Montréal a été un autre moment de honte nationale. Alors que Xhekaj pointait le tableau indicateur affichant 3-0 en faveur du CH, Reaves bavait sur le banc, impuissant.
Il a ensuite tenté de justifier cette humiliation en disant :
« Malheureusement, ou tout dépend de la perspective, mais nous avons enchaîné sept buts après ça. »
Il s’est même permis de faire la morale à Xhekaj pour avoir pointé le score. Mais c’est Reaves qui n’a eu aucun impact sur cette remontée des Leafs. Six minutes et 38 secondes sur la glace, zéro tir au but, aucune contribution.
Du vent. Des mots. Un joueur vide.
Reaves est devenu ce qu’il a toujours méprisé : une cible facile. Un nom sur une carte, utile pour bâtir la réputation des autres. Rien de plus.
Selon ce qui circule, des membres de l’organisation des Leafs, incluant certains joueurs, n’ont pas du tout apprécié ses propos dans le balado Cam & Strick. La critique des médias, les attaques envers ses adversaires, son ton de victime… Reaves s’est mis tout le monde à dos.
Il croyait se défendre, mais il s’est enterré. Et Toronto, une organisation encore traumatisée par ses échecs en séries, a réagi rapidement. Il a été échangé le jour même.
Le voilà maintenant à San Jose. Le pire club de la LNH. Une équipe en ruines qui se reconstruit. Un désert sans saveur. Là où vont mourir les contrats gênants et les carrières oubliées. Reaves disputera la dernière année de son contrat de 1,35 M$ sous les palmiers de la honte.
Il espère atteindre 1000 matchs. Il est à 79 du but. Mais personne ne croit qu’il y parviendra. Pas à ce rythme. Pas dans cet état.
Pendant ce temps, Arber Xhekaj trace sa route. Il affronte Matt Rempe deux fois, tient tête à Mathieu Olivier, protège ses coéquipiers et produit offensivement. Il ne parle pas. Il agit.
Il n’a jamais eu besoin de répondre aux attaques de Reaves. Il les a rendues inutiles. Il les a dépassées.
Dans cette nouvelle LNH, Xhekaj est l’avenir. Reaves est le passé. Et Pezzetta ? Il est la farce de l'histoire, lui qui devient le "goon des pauvres" à Toronto.
Ryan Reaves n’est pas parti en héros. Il est parti dans le mépris, le silence, le rejet. Les Maple Leafs ne lui ont même pas adressé un message de remerciement. Les fans l’ont oublié. Les médias ne parlent plus de lui que pour en rire.
Il aurait pu partir dignement. Il a choisi de partir en parlant trop. Et le hockey, lui, a continué sans lui.
Et peut-être, quelque part dans le vestiaire de Toronto, Michael Pezzetta rit un peu dans sa moustache.