Effondrement sur le banc: Martin St-Louis a tout perdu

Effondrement sur le banc: Martin St-Louis a tout perdu

Par Marc-André Dubois le 2025-03-27

C’est une défaite qui risque de coller à la peau de Martin St-Louis pour longtemps. Une défaite qui, à elle seule, pourrait faire basculer la saison du Canadien de Montréal. Un revers aux allures de cauchemar, aussi bien sur le plan humain que stratégique.

Parce que cette fois, ce n’est pas un joueur qui a échappé le match. Ce n’est pas un mauvais rebond, un poteau ou une punition douteuse. Non. Ce sont les décisions de Martin St-Louis lui-même qui ont coulé son équipe.

Tout avait pourtant été placé pour réussir. L’horaire du Canadien était clair : quatre matchs en cinq jours. Un enchaînement sans pitié, mais prévisible.

Dans un tel contexte, une gestion intelligente de la position de gardien devenait cruciale. Et c’est précisément là où tout a dérapé.

Le premier acte du drame s’est déroulé à St. Louis. Tous les signaux pointaient vers un départ de Jakub Dobeš. Devant ses proches, dans la ville où tout a commencé pour lui en Amérique du Nord.

Un match symbolique, sentimental, certes, mais aussi logique, car l’adversaire était redoutable. Si Dobeš devait perdre un match, aussi bien que ce soit celui-là.

Mais non. Martin St-Louis a décidé d’envoyer un Samuel Montembeault fatigué au front. Un gardien qui, rappelons-le, avait déjà accordé 16 buts à ses quatre derniers départs.

Et le résultat ? Une autre sortie pénible, un retrait tardif alors qu'il aurait dû sortir le Québécois beaucoup plus tôt, et surtout une confiance déjà fragile encore plus écorchée.

Puis est venu le deuxième acte. Le match contre les Flyers, une des équipes les plus vulnérables de l’heure. Un duel à absolument gagner pour sécuriser une place en séries. Et Martin St-Louis ? Il envoie… Jakub Dobeš.

Un gardien encore meurtri, encore blessé moralement de ne pas avoir eu sa chance à St. Louis devant ses parents, ses amis et ses entraîneurs de jeunesse.

Rappelons-le : ce match à St. Louis, pour Dobeš, c’était plus qu’un match. Il avait joué ses premières années en Amérique du Nord avec les Blues AAA à St-Louis.

C’est là que Jakub Dobeš a entamé son parcours nord-américain, débarquant de République tchèque pour poursuivre son rêve.

Pendant deux saisons complètes, de 15 à 17 ans, il a défendu le filet de cette formation, s’intégrant à la culture du hockey nord-américain tout en s’installant dans une ville qui deviendra rapidement sa deuxième maison.

Il avait poursuivi sa progression au Nebraska, à quelques kilomètres à peine. Et mardi soir, une dizaine de proches étaient dans les gradins pour le voir vivre ce moment unique.

Mais Martin St-Louis en a décidé autrement. Et dans une story Instagram bouleversante, on voit Dobeš et ses proches tenter de rire… pour ne pas pleurer.

Pour lui, Saint-Louis n’était pas juste un arrêt de carrière, c’était le berceau de sa nouvelle vie. Il y a formé ses premières amitiés, adopté son style de jeu actuel, tissé des liens profonds… bref, il s’y est enraciné.

Dobeš a tenté de faire bonne figure, mais l’émotion était trop forte. Il s’est effondré. Six buts contre. Une déroute. Une soirée à oublier… 

Le CH aurait dû gagner ce match en marquant 4 buts. Au lieu de ça, ils ont perdu 6-4.

Et tout ça, pourquoi ? Parce qu’on a inversé l’ordre logique. Parce qu’on a joué avec l’émotion d’un jeune gardien. Parce qu’on a brûlé Montembeault là où il fallait le ménager, et qu’on a exposé Dobeš là où il fallait absolument gagner.

Depuis plusieurs semaines, Martin St-Louis avait le vent dans les voiles. Il semblait faire les bons choix, appuyait sur les bons boutons, et menait une équipe limitée vers un miracle de printemps.

Mais là, il vient de poser un geste qui pourrait lui coûter très cher. Une erreur de gestion de personnel qui jette une ombre sur son excellent travail de la dernière année.

On ne parle pas ici d’un simple faux pas. On parle d’une séquence de décisions mal avisées, qui ont eu des conséquences directes sur le classement du Canadien. Et sur le moral de ses gardiens.

Et c’est ce qui rend la décision de Martin St-Louis encore plus cruelle. Quand une équipe marque quatre buts à Philadelphie, contre l’une des pires défensives de toute la LNH, tu es supposé gagner le match. Point.

Alors, à quoi pensait-il? Comment peut-on justifier d’avoir sacrifié ce match capital dans la course aux séries en envoyant un gardien déstabilisé émotionnellement, qui n'a pas joué depuis des lunes, alors qu’on aurait pu reposer Montembeault à St. Louis, dans un match plus difficile, et lui permettre d’être frais et dispo contre les Flyers?

La réponse est simple : il n’y a aucune justification valable.

Briser le cœur d’un jeune homme dans sa ville adoptive, le jeter dans la gueule du loup deux jours plus tard, et gâcher un match pourtant à la portée du CH, c’est une faute impardonnable.

Et si, à la fin de la saison, le CH rate les séries pour un ou deux petits points, on se souviendra longtemps que tout a basculé lors de cette semaine de mars, où Martin St-Louis a pris les mauvaises décisions, au mauvais moment.

Et maintenant ?

Le Canadien est encore en séries, pour l’instant. Mais la marge est mince. Et si cette mauvaise gestion des gardiens entraîne l’élimination du Tricolore au terme de la saison… on reviendra à ces deux soirs fatidiques : St. Louis et Philadelphie.

Martin St-Louis, pour la première fois en longtemps, doit se regarder dans le miroir. Il n’a pas protégé Montembeault. Il n’a pas respecté Dobeš. Il a mis son club en danger.

Et si la tempête s’annonce pour les prochains jours, elle aura un nom : Martin St-Louis.